Ma conscience me crit que je suis coupable et mon cœur bat à tout allure suite au changement d'humeur qui s'est opéré il y a peine quelques secondes. Sans que je ne le veuille, mon agressivité à repris le dessus montrant à l'adversaire qui se cachait sous cette carapace de fer.
Tel un condamné, errant, je pars à la recherche de miss Kyle. Me balandant tout d'abord à la hâte, je prends ensuite le temps de me poser et de réfléchir. Car, bien évidemment tout ce qui concerne l'individu dont il est question en ce moment est calculé au mètre près. Mon cerveau pense donc stratégiquement aux endroits où elle peut se trouver. Sachant qu'elle apprécie le calme et la solitude je me dirige donc vers les trois parcs que possède le quartier mais aucune trace. Il me reste donc deux possibilités : le stadium, ce qui me surprendrai bien assez, ou encore le terrain vague. Drôle d'idée pour une demoiselle me dirais-vous , eh bien je vous l'accorde mais il s'agit là de Kaïyla .
Songeant à ce que je dirais une fois devant elle pour m'excuser, je marche à travers le terrain vague cherchant maladroitement mes mots. C'est au bout de dix minutes que je la trouve, assise, sur un muret élevé face au lac. De là où je suis on pourrait croire qu'elle s'apprête à s'y jeter mais je sais pertinemment que cette hypothèse est impossible. Musique dans les oreilles, dos contre la paroi du muret et le regard au loin, Kaïyla laisse ses pensées dérivées comme bon leurs semblent. À ce moment-là, je perds toute l'assurance que j'avais. La voir si vulnérable m'ôte les mots de la bouche. Une petite chose me tracasse. La réaction n'est pas adéquate à l'altercation que nous avons eu. Les mots ont certes été violents mais leurs impact a été décuplés pour je ne sais quelle raison. Si Kaïyla a eu cette réaction, c'est parce que le coup que je lui ai asséné fait appel au souvenir d'une balle prise. Je connais ce genre de reaction, la cité est instructrice de ces types de coup là. Reste à savoir d'où viens cette balle ? Quel est son origine ? Son histoire ?
Des questions auxquelles je n'ai évidemment pas la réponse.
Comme si elle avait entendue mes plaintes, Kaïyla se retourne, le visage sombre, le regard noir. Elle me toise comme lors de notre première rencontre. L'étincelle de malice résidant habituelle dans son regard a été remplacé par un regard qui lui, ne m'est pas inconnu : celui de la haine. Nos yeux se défient, cherchant à savoir qui de nous deux se soumettra et les mots que prononce Kaïyla ne laisse aucun doute quant à la rancœur qu'elle éprouve à mon égard.+ rire nerveux - Qu'est-ce que tu fous là ? Tu cherches une deuxième confrontation ?
Je la laisse s'exprimer, vider son lot de vulgarité sur moi espérant ainsi me faire pardonner et après m'avoir descendu en long, en large et en travers, Kaïyla finit enfin par conclure avant de retomber dans le silence.
Elle se met à textoter avec je ne sais qui tout en chantonnant une mélodie. Elle bat le tempo avec l'un de ses pieds et bientôt je vois la Kaïyla que je connais ou du moins que je semble connaître se reconstruire sous mes yeux. Je me lève donc prêt à partir en me disant qu'il vaudrait peut-être mieux lui accorder encore un peu d'intimité mais quelque chose attire mon attention. Mon cœur manque un battement lorsque j'aperçois ce que Kaïyla tient entre ses mains. Agissant délibérément comme si j'étais absent, Kaïyla sort de sa poche une cigarette et un briquet. Je la regarde faire mais en réalité mon esprit est ailleurs, mes membres eux semblent ankylosés. Je la vois prendre un air sérieux et se concentrer mais pourtant, elle ne bouge pas. Elle semble hésiter. Au moment où la flamme s'allume, son regard se transforme, soudainement attirer par le feu. L'expression de son visage change et lorsqu'elle s'apprête à commettre l'insensé, mon corps se rue sur elle pour lui arracher l'objet de la convoitise. Kyle se débat sans se rendre compte que derrière se trouve le lac ou je ne sais quoi. Je la serre contre moi et l'éloigne du bord tandis qu'elle me griffe et recommence de plus belle ses insultes. Lorsque je juge la distance nous séparant du bord suffisante je relâche Kyle qui n'est pas du même avis que moi. Elle revient à la charge mais j'intercepte de justesse son poignet. Mademoiselle trouve donc l'idée de m'infliger son genoux en plein estomac. Un cri de douleur m'échappe. À bout de nerfs, je ressere le poignet qui est entre mes mains et lui fait une clé de bras dans le dos.
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Ibrahim - Rescapé de la cité
General FictionA trop vouloir leurs plaire, vous en perdrez les bonnes manières.