GRAIN DE SEL

1.

Retrouver la playlist qui rythme l'écriture de ce deuxième tome sur spotify:

http://open.spotify.com/user/11181476715/playlist/1vbjQSjE7ijx3Y9MQPLHtd

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1.

Me revoilà ici, comme dans un mauvais film, à revivre encore et encore cette scène. Je reste assise depuis bien une heure, sur le rebord de la longue baie vitrée de mon appartement, mon Caramel Brûlé Latté à la main, à regarder cette vue sans fin sur les gratte-ciels. Je m'étais promise de ne pas y penser, de ne pas compter les jours, de ne pas me rappeler de cette date. Mais c'est elle qui se rappelle à moi.

Un an... Voilà un an maintenant qu'il est parti. Une année pendant laquelle j'ai tenté de me répéter chaque jour que ce n'était pas de ma faute, que la vie est ainsi faite...

Il y a des anniversaires plus agréables à fêter que d'autres. Et j'aurai apprécié oublier de fêter celui-ci. Mais en voyant la date sur mon téléphone ce matin, c'est la première chose qui m'est venue à l'esprit. Un an...

Alors je me suis autorisée quelques minutes pour y penser, pour pleurer, pour ressasser les bons et les mauvais souvenirs, jusqu'au plus douloureux qu'à été ce dernier jour.

Je me suis permise quelques minutes vite transformées en heures.

Le café me brûle les lèvres, mais cette douleur me permet quelques instants de replacer celle qui me brûle à l'intérieur.

Je sursaute lorsqu'on frappe à la porte.

Marc pousse un soupir en me découvrant, encore en jogging alors qu'il a déjà enfilé son costard, mon bouquet à la main.

-Ok. Je me doutais que tu ne serais pas pressée d'y aller...

-Ne dis pas ça, je suis très heureuse, dis-je sans conviction alors qu'il pénètre dans la pièce.

-Tu transpires l'enthousiasme... Dépêches-toi, ça le ferait quand même mal d'arriver en retard.

-Oui, oui, je vais me changer...

-Tu vas te changer ici ?

-Où voudrais-tu que je me prépare ?!

-Et bien, avec les demoiselles d'honneur, comme le veut la tradition !

-La tradition peut bien faire une exception, non ?

Il soupire à nouveau, levant les yeux au ciel, et me fait signe de me dépêcher.

-Il y a une maquilleuse et une coiffeuse à l'hôtel qui t'attendait !, me scande-t-il de l'autre côté de la porte de la salle de bain.

-Ca va aller, Marc !

Je tente de boucler mes cheveux rebelles, redoutant le fer brûlant comme je redoute ce mariage. Puis, je les attache et termine de me maquiller.

Et prends une seconde pour observer le reflet dans le miroir. Une grande inspiration me permet de revenir un peu à la raison. De ne pas trop penser que j'aurai voulu qu'il soit là aujourd'hui. Que c'est lui qui aurait dû être impatient de me retrouver, coiffée, maquillée, et dans cette robe sublime accrochée à la porte de ma chambre...

J'ouvre la porte en sous-vêtements, sachant bien que Marc ne me regarde que peu, et tente un sourire.

Il déglutit, lisant à travers mon regard brisé.