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-Détends-toi, tout va bien se passer..., me répète encore Ethan en posant sa main sur ma cuisse qui bat le sol.

-Je sais, je sais..., lui souriais-je en essayant de maitriser ma nervosité.

Je pianote sur l'écran devant moi, regardant notre avion sur la carte se déplacer bien trop lentement. Dans un soupir, je viens poser mon crâne sur l'appuie-tête, repensant qu'hier encore, je travaillais à faire le deuil de toute cette histoire, de toute cette vie... Et me voilà dans un avion en route vers New-York, serrant contre moi le seul sac que j'ai pris dans la précipitation.

Deux pulls, deux jeans, une jupe, quelques sous-vêtements... Juste assez pour tenir jusqu'à retrouver ma garde-robe.

Et le dossier, glissé avec précaution entre deux tissus.

-Alors peut-être que tu peux mettre ton sac dans les porte-bagages ?

-Ca me tient chaud, ne trouvais-je qu'à dire pour ne pas m'éloigner de cet emballage en tissu côtelé, maigre rempart pour conserver en sécurité toutes les pièces contre Louane.

Ethan se contente de sourire un peu, comprenant bien qu'il faudra me passer sur le corps pour m'arracher ce sac.

Il retourne sur sa tablette, plongé dans ses pensées en relisant des articles et documents, et je ne peux m'empêcher de penser à quel point il a retrouvé rapidement son costume d'espion. Froid, un peu distant, je sais qu'il est sûr de lui, mais malgré tout je le sens si loin de moi...

Je me redresse un peu, posant une main sur l'épaule de Clara devant moi.

-Ca va ?, lui demandais-je pour m'occuper plus que par réelle inquiétude.

-On va régler son compte à cette poufiasse, je vais super bien...

A ses côtés, Jack dort comme un bébé et j'envie sa décontraction. Marc, quant à lui, fixe le vide devant lui, essayant de cacher derrière des sourires timides ses inquiétudes.

Tout ça est dingue.

Complètement dingue...

Et si Louane savait que nous arrivions ? Et si elle avait déjà tout prévu ?

Et comment tout ça va-t-il se passer ? Et si les preuves ne suffisaient pas ?

Je me tourne encore vers Ethan qui lève les yeux de ses documents et m'adresse un sourire traduisant « Ca va aller », avec un peu de « Je maitrise la situation », mais aussi une pointe de « Je le fais parce que je t'aime... »

Je viens serrer sa main, puis embrasser sa paume, essayant de me rassurer dans le bleu de ses yeux envoûtants.

Nous atterrissons trois heures plus tard à Newark, et je serre mon sac comme si ma vie en dépendant.

Dans la file pour passer les contrôles, nous restons tous les cinq dans le silence.

Et alors que j'entrevois au loin la lumière de fin de matinée se frayer une place entre les passages des touristes dans le hall, il me semble que nous marchons presqu'au ralentit.

Ethan tient ma main, la serrant par moment, jusqu'à ce que nous passions la dernière porte menant au hall.

Là, il avance vers un homme en costard, les mains dans les poches et le regard grave. Ils se serrent la main puis se tourne vers moi.

GRAIN DE SELOù les histoires vivent. Découvrez maintenant