12.

403 26 3
                                    

12.

Alors voilà.

J'ai voulu jouer à la grande, et je me retrouve prise à mon propre piège.

Je reste assise devant l'ordinateur, alors que Marc et Jack sont partis depuis longtemps. Nous n'avons pas eu besoin de débriefer. Nous n'avons pas trouvé un mot à dire, honteux alors que nous devrions nous réjouir qu'elle semble marcher dans notre plan mieux qu'on aurait pu l'espérer.

Peut-être un peu trop à mon goût...

Il est quelque chose comme trois heures du matin.

Ethan l'a quitté peu de temps après leur accord passé, convenant déjà d'un prochain rendez-vous dès le lendemain soir lors d'une soirée où je dois bien sûr me rendre, mais je n'écoutais qu'à moitié.

Puis, il a coupé son micro, sans un mot.

Je ne lui en veux pas. J'imagine à peine que ces quelques heures ont été une torture pour lui au moins autant que pour moi, à la laisser dire tout ce mal à mon propos sans faillir.

A moins qu'il n'en ait pas eu envie, qu'il se contentait d'écouter, d'apprendre, de comprendre la femme que j'étais... Jusqu'à en être dégouté.

Demain, un nouvel article apparaitra dans son journal. Et avec lui, une tornade que nous allons devoir gérer pour ramasser les morceaux.

Je veux à peine imaginer ce qu'elle a prévu, quel nouvel auteur elle se sentira de démolir pour m'atteindre.

A chaque jour suffit sa peine, parait-il.

Pourtant, j'ai bien l'impression de les enchainer.

Un grésillement me fait trembler, alors que j'étais plongée dans la torpeur depuis des heures.

Un crépitement.

Et des bruits de tissus qui se froissent.

Je tourne la tête vers l'ordinateur, et m'aperçois qu'après qu'Ethan ait coupé son micro, j'ai totalement oublié d'interrompre la connexion.

Je reste de marbre, ne sachant si c'est lui, à l'autre bout, où s'il la fait tomber, ou pire, si Louane a trouvé son émetteur.

Je fais rouler ma chaise de bureau lentement vers l'ordinateur, restant sur mes gardes.

J'approche un peu une main, ne sachant pas bien si je dois couper toute connexion, ou si j'ai envie de savoir qui est de l'autre côté de mon écran noir.

Puis, un soupir, las, me transperce.

C'est lui...

Il déglutit, et je sens presque jusqu'ici comme il a mal.

Mais je n'arrive pas à prononcer le moindre mot, terrifiée à l'idée qu'il puisse se faire de moi à présent...

-...Tu es là ?..., murmure sa voix.

Je fixe l'écran, y laissant glisser mes doigts sans m'en apercevoir.

-Tessa, je sais que tu es là, la connexion n'a pas été coupée...

Je jette un regard à mon micro pour m'assurer qu'il est toujours éteint.

-Ou peut-être es-tu allée te coucher, soupire-t-il.

Je suis là, je t'écoute, je n'ose juste pas te dire quoique ce soit...

-Si tu m'entends, je voulais juste te dire... Ne t'inquiètes pas, d'accord ?, tremble-t-il.

GRAIN DE SELOù les histoires vivent. Découvrez maintenant