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Je viens décrocher les boules du sapin, les rangeant soigneusement dans le carton barbouillé du mot « Noël ».

-Tu as encore un peu de journal ?, demandais-je à Emily qui se bat avec une guirlande dorée.

-Sur la table, grommelle-t-elle.

Je souris, amusée de voir ainsi la petite sœur d'Ethan devenue une femme, mais n'étant alors qu'une enfant enroulée dans les paillettes.

Je vais prendre encore une page de journal et enroule avec précaution une boule transparente, souvenir de leurs parents...

-Et voilà, je suis pleine d'épines. J'avais pourtant dit qu'un sapin en plastique, c'était très bien !, s'énerve faussement la jeune femme.

-Oui, mais ça ne sent pas cette odeur si propre à Noël..., m'amusais-je à renifler en la rejoignant.

-Et depuis quand tu aimes Noël, toi ?, me sourit-il en finissant par arracher la guirlande.

-Il faut un début à tout...

Et parce que cette année, ce Noël était presque parfait...

Cela fait maintenant plus d'un mois que j'ai quitté New-York, que j'ai tout abandonné, sans réfléchir, malgré les protestations d'Ethan. Un mois que nous nous sommes engouffrés dans la voiture de Marc qui nous attendait, et que nous sommes allés droit vers l'aéroport.

J'ai encore pris quelques minutes devant la porte d'embarquement, annonçant à mon ami si précieux, qu'il pouvait reprendre les rênes de l'entreprise... Qu'à présent tout irait bien, que les choses allaient s'arranger...

Malgré tout, il s'obstine à m'appeler de temps à autre, pour ne m'annoncer que des bonnes nouvelles que j'accueille malgré tout avec une pointe de douleur...

Louane a tenu ses promesses. Ethan n'a pas été arrêté, et les rumeurs ont cessé.

Marc réussit avec brillo à redresser la barre, et je n'ai jamais douté de ses capacités à reprendre le flambeau, maintenant que je ne suis plus là pour tirer l'entreprise vers le bas.

Et finalement, au fil des semaines, j'ai finis par presque m'habituer à l'air agréable et bienfaisant de San Fransisco...

Nous emballons le sapin dans deux sacs poubelles et l'amenons jusqu'au local prévu à cet effet, grommelant, riant et jurant de nos difficultés.

-Et forcément, Ethan n'est pas là..., dit-elle en se prenant une branche rebelle dans le visage.

-Il rentre bientôt, ce n'est qu'un rendez-vous de boulot..., souriais-je de ses déboires.

-Et on n'aurait pas pu attendre qu'il rentre pour se débarrasser de ça ?

-Emily, je veux vraiment lui faire une surprise ce soir, et qu'il rentre pour découvrir un appartement tout propre.

-Avec les tonnes d'épines que ce satané sapin a laissé dans le salon, tu en as jusqu'à Thanksgiving.

Nous retournons à l'appartement, Emily époussetant encore ses vêtements et enfilant déjà sa veste. Parce que l'avantage de cette ville que je découvre un peu plus chaque jour, est qu'il ne fait jamais vraiment froid.

Je la serre dans mes bras, la remerciant de son aide, et me retrouve seule dans cet appartement qui peu à peu, tend à devenir le mien.

Refusant de me laisser replonger dans ces souvenirs douloureux qui viennent encore me hanter, je m'attèle à passer le balais, faire le ménage, et rendre l'appartement bien plus propre qu'il ne l'a jamais été.

GRAIN DE SELOù les histoires vivent. Découvrez maintenant