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-Je n'en reviens pas qu'on fasse ça..., grommelle Jack en nous apportant deux tasses de café brûlantes.

Il grimpe à l'arrière de la camionnette et nous rejoint, Marc s'étant allongé entre une chaise de fortune et le sol. Refermant la porte, son soupir trahit les heures que nous avons déjà passé cachés ici. Un peu plus loin, Ethan attend dans le bar huppé que fréquente souvent Louane, y voyant là une porte d'entrée pour prendre contact avec elle.

-Je répète que j'aurai pu le faire sans votre aide, résonne sa voix dans le petite haut parleur sur la table de fortune aménagée dans cette étroite cachette.

-Je sais Ethan, je suis désolée... J'avais juste besoin d'être rassurée..., dis-je à son fantôme.

Je me tourne vers le petit écran devant moi, nous faisant parvenir les images de la caméra miniature qu'il a accepté de placé au coin du bar.

L'image n'est pas très nette, la transmission saute par moments, mais je le vois assez distinctement pour éviter à mon cœur un arrêt en imaginant le pire.

-Ridicules... On est simplement ridicules..., continue Jack en allant se caler dans un angle du véhicule.

-Je te rappelle que c'est toi qui l'a fait revenir, dit alors Marc, les bras derrière la tête, ne se formalisant pas tant de la situation.

-Bien, les enfants, quand vous aurez fini de vous chamailler, on pourra peut-être se concentrer... On commence à me regarder bizarre à parler dans le vide, je coupe mon micro.

Un grésillement retentit, nous faisant serrer les dents, et je comprends qu'il ne dira plus un mot.

Je me contente alors de le regarder, les minutes étant longues et douloureuses, ainsi recroquevillés dans cet espace réduit.

Mais aucun signe de Louane...

Je la sais fêtarde et tardive. Mais alors que les heures passent, je me dis que peut-être ce soir, elle n'honorera pas sa traditionnelle sortie du mercredi.

-Bon, clairement, elle ne viendra pas, s'agace Jack. Moi, je me casse.

Il se lève brutalement, réveillant Marc qui avait trouvé le sommeil, et quitte notre planque improvisée. Mon dernier allié et moi échangeons un regard.

-Qu'en penses-tu Ethan ? Si tu penses qu'il faut partir, viens nous rejoindre...

Je fixe l'image grésillante devant moi et attend qu'il bouge. Mais après quelques secondes d'hésitation, il semble recommander un verre.

-Tu peux y aller si tu veux, dis-je en me tournant vers Marc.

-Et retourner dans le froid alors que j'avais commencé ma nuit ? C'est bon, réveille-moi s'il se passe quelque chose...

Il se tourne sur le côté, tapant dans son manteau pour se faire un oreiller, et ferme les yeux à nouveau.

Je l'observe, ainsi roulé en boule sur le sol d'une camionnette miteuse au milieu de la nuit... Je m'en veux tellement de leur imposer ça, mais j'avais besoin de savoir, besoin de suivre, d'entendre, de voir... J'étais totalement incapable de rester chez moi, accrochée au téléphone en attendant des nouvelles alors qu'Ethan se jetant dans la gueule du loup pour nous.

Je me tourne à nouveau vers l'écran, entendant peu à peu les ronflements de Marc me parvenir.

Je prends alors le micro-casque posé sur la table et le branche. Sur l'image, Ethan tourne un peu la tête, et j'imagine qu'il a compris que nous n'étions plus que tous les deux.

GRAIN DE SELOù les histoires vivent. Découvrez maintenant