Paint You Wings // a.i. (version française)

Trente.

L'appartement est silencieux ; les seuls bruits proviennent de la télévision dans le salon qu'on a oublié d'éteindre, la rotation des hélices du ventilateur du plafond et la respiration rythmique d'Emilia pendant qu'elle dort contre moi.

Etre couché ici, la tenant, c'est la sensation la plus tranquille. Rien n'a d'importance maintenant, rien à part elle et moi. Si je pouvais rester comme ça, avec elle contre moi, ses bras serrés autour de ma taille ; je me plierais en quatre pour en avoir la chance. Les quelques fois où je l'ai tenu dans mes bras, à chaque fois, le monde autour de moi se dissipait me laissant en pure extase.

J'ajuste mon bras et le dégage du corps d'Emilia. Après être resté dans cette position pendant un long moment, mon bras a commencé à s'engourdir et j'ai vraiment besoin de refaire circuler le sang dans mon bras. Elle ne bouge pas d'un pouce tandis que je fais des mouvements circulaires avec mon bras, retrouvant peu à peu des sensations. Au lieu de le remettre sous elle, je me mets doucement sur le côté, faisant attention à ne pas faire tomber sa tête à plat sur le matelas alors que je m'éloigne d'elle.

La perte de son contact est fâcheuse mais je ne peux m'autoriser à rester comme ça ou alors je vais m'endormir à ses côtés. Je ne pense pas que Julia ni les garçons apprécieraient si je leur disais que j'avais couché avec Emilia pendant notre premier rendez-vous, même si je ne parle pas de sexe, donc j'évite toutes chances pour que ça se produise. Le sexe est probablement ce que j'ai le moins à l'esprit. Je ne peux pas dire que je n'ai jamais eût des pensées sexuelles envers Emmie parce que c'est le cas, mais je n'ai jamais agi en conséquence. Ça fait longtemps que je n'en ai pas eût mais je ne m'en plains pas vraiment. Je ne veux même pas amener le sujet sur le tapis avec elle, parce que, ouais, Emmie est d'accord avec le simple touché de main et elle me laisse lui prendre la main mais je ne sais pas comment elle réagirait à un niveau plus intime. On devra juste y aller pas à pas.

Je soutiens ma tête avec ma main et m'allonge à côté d'elle, regardant l'expression sereine qu'elle a sur le visage tandis qu'elle dort profondément. Elle est tellement innocente, tellement enfantine. On dirait un pauvre type en train de parler mais c'est la façon de la décrire.

Quand elle m'en a dit plus sur ses parents, je ne m'attendais pas à ce qu'ils soient tellement comme... eh bien, moi. Leurs personnalités correspondent à la mienne et ils auraient fait n'importe quoi pour faire sourire Emmie, tout comme moi. Nous la rendons heureuse et nous nous assurons qu'aucun mal ne lui arrive. Même si elle n'a plus sa famille biologique, elle a gagné une nouvelle famille : Julia, Michael, Calum, Luke et moi. Cette nouvelle famille est petite et nous ne remplirons sans doute pas la perte de ses parents mais nous ferons tout pour être ce dont elle a besoin.

Je continue d'être le pauvre type que je suis jusqu'à ce que je n'entende les couinements des gonds de la porte d'entrée s'ouvrir et se fermer. De légers pas se font entendre dans le couloir et s'arrête devant la porte de la chambre d'Emilia. Julia ouvre légèrement la porte de sorte à faire entrer que sa tête dans la chambre plongée dans l'obscurité, nous cherchant. Je m'assois, mettant aussi peu de poids sur le matelas que je peux et je regarde le visage sans expression de Julia. Elle ne m'a jamais regardé comme ça et je ne peux m'empêcher de penser que j'ai fait quelque chose de mal.

Elle fait un signe de tête en direction du salon, m'indiquant qu'elle veut parler. Elle se tourne et se dirige vers la pièce et je la suis, silencieux, en fermant la porte d'Emmie au passage.

Son regard se radoucit quand elle me regarde et elle soupire doucement

- Il va me falloir du temps pour m'habituer à te voir dans la chambre d'Emmie puisque la dernière fois que je l'ai trouvé seule avec un mec, il a failli la violé.