Dear Niall//n.h

Avant la huitième lettre

Jersey était sur son lit bien au chaud alors qu'il pleuvait fortement dehors. Ce n'était même pas une averse, c'était carrément une pluie torrentielle, comme si c'était le début d'une tempête. Elle n'avait aucunement envie d'ouvrir sa fenêtre. Elle n'avait aucunement envie de se battre. Elle n'avait même plus envie de se relever, même pas un petit peu. Elle voulait juste sombrer, couler, se noyer et ne jamais devoir sortir la tête hors de l'eau. Elle voulait presque mourir, dans les secondes qui passaient. Elle avait presque envie de mettre fin à ses jours, elle-même. Mais elle ne voulait pas perdre une seconde chance de revoir Niall un jour, même si elle savait que c'était une peine perdue.

C'est vrai, il l'avait sûrement déjà oublié, il était sûrement déjà passé à autre chose. Il avait même été vu avec une mannequin, il y a quelques jours et la renvoyait encore, presque tous les jours. Jersey n'avait pas envie de mourir, pas encore, parce qu'elle devait faire quelque chose ; peu importe ce que cela pouvait bien être. Elle n'avait pas encore avalé la pilule, de la séparation comme du fait qu'il ait déjà retrouvé quelqu'un. Elle ne savait même pas s'ils formaient un couple, si c'était un simple plan cul ou alors, si c'était pour les beaux yeux de madame la presse et des messieurs les médias. Elle ne savait pas même pas si c'était sérieux, de l'amitié, de l'amour ou juste de la connerie pure et dure. Elle se demandait même si ce n'était pas pour faire oublier aux médias et à la presse, la relation qu'elle avait eu avec Niall.

Jersey ferma les yeux et inspira un grand coup alors qu'elle était dans son lit, sous les couvertures et qu'elle était sur le dos. Elle écoutait la pluie s'abattre sur les fenêtres de sa petite chambre et du reste du petit appartement dans lequel elle vivait depuis quelques années, mais elle avait l'impression que c'était depuis toujours. Cela faisait presque 6 ans en réalité et pourtant, elle n'avait pas vraiment ce sentiment de « chez soi ». Elle ne se sentait pas « comme à la maison » dans cet appartement de mêmes pas 10 pièces. Elle ne s'y sentait pas encore chez elle. Il manquait quelque chose. Puis, les souvenirs affluèrent encore et encore.

Jersey se souvenait des seules fois où elle s'était sentie à la maison, chez elle ou comme à la maison. C'était dans les bras du blondinet. Il n'y avait que dans ses bras qu'elle avait eu cette sensation, à cet endroit et nulle part autre. Il n'y avait que là et pourtant, les lieux extérieurs changeaient tout le monde. Le paysage n'était jamais vraiment le même, n'était jamais exactement pareil ; il y avait toujours un petit détail qui changeant tel qu'un passant dans la rue ou alors la couette qui n'était pas exactement à la même position qu'auparavant. Elle se souvenait de tout cela parce qu'elle a toujours eu un amour pour les détails et une mémoire inouïe même si elle le cachait bien. Elle le cachait tellement bien qu'il fallait vraiment la connaître pour savoir cela, il fallait la connaître aussi bien que Niall et elle était le seul qu'elle avait laissé la connaître vraiment et il en avait bavé pour cela.

Jersey se pinça les lèvres et rouvrit les yeux pour fixer son plafond immaculé de blanc. Elle soupira légèrement et se redressa. Elle n'avait pas encore écrit et les secondes, les minutes et les heures passaient. Elles ne défilaient pas à toute allure sans qu'elles ne puissent les voir passer. Même, elle était plutôt en train de les compter, les unes après les autres parce qu'elle n'avait pas le courage de lui écrire aujourd'hui. Elle n'avait jamais vraiment le courage de lui écrire. Elle se disait qu'une lettre se serait facile alors des dizaines aussi, mais après la première lettre, elle aurait très bien pu s'arrêter de lui écrire que ça aurait été plus facile pour elle. Parce qu'elle n'a pas vraiment l'impression de se détacher de lui, de l'oublier, de l'écarter de sa vie mais plutôt de le faire revenir à la charge, le faire revivre dans les souvenirs et de se torturer avec les images qu'elle gardait enfuie au loin en elle.

Jersey n'avait pas l'impression qu'elle était en train de guérir, de se sauver, de panser ses blessures, de mettre des points de sutures à ces plaies béantes et de désinfecter ces coupures. Elle avait plutôt l'impression de tout rouvrir, de se faire sombrer toute seule, de se faire du mal parce qu'elle n'avait pas envie de s'en sortir. La seule fois où elle avait voulu être sauver, qu'on la sauve et se sauver elle-même, c'était quand l'irlandais était auprès d'elle. Elle ne ressentait pas encore ce manque qu'elle a à présent dans la poitrine constamment. Elle avait mal et n'avais plus vraiment envie de changer cela, ou alors d'empirer le tout si c'était encore possible parce que de toute sa vie, elle n'avait jamais eu aussi mal. Elle avait le cœur à la dérive et en pleine hémorragie et l'irlandais n'était plus là que pour calmer le tout, que pour remettre un peu d'ordre dans la vie de la jeune fille sûrement parce qu'il en avait eu marre à la fin, parce que c'était trop pour lui et qu'il n'était pas fait pour cela.

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Musique ; Runaway - Ed Sheeran