Avant la treizième lettre

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Jersey marchait dans les rues du village de Mullingar. Une fine couche blanchâtre recouvrait le sol mais pas suffisamment que pour entendre le bruit de chaque pas. La couche n'était pas assez épaisse ni forte que pour rester ; petit à petit, elle disparaissait sous les semelles des chaussures en s'y accrochant, ou fondait tout simplement. Elle n'aimait pas cela mais rien ne servait de pester en silence, de ruminer à l'intérieur d'elle et de détester le monde encore plus qu'auparavant et même si cela ne servait à rien, justement, elle le faisait tout de même.

Jersey avait les mains dans les poches de sa veste pour ne pas les laisser à l'air libre et qu'elles changent de couleur parce qu'elle était loin d'avoir la meilleur circulation sanguine des mains de tous les temps, même, elle en avait sûrement l'une de plus pires malgré qu'elle passait le plus clair de son temps dehors lorsqu'il faisait mauvais et froid. Elle aimait quand la température extérieur était avec son humeur de base et la soutenait en ce mettait à la même humeur qu'elle en pleuvant alors qu'elle était mal et que son cœur pleurait toutes les lacrymales qu'il pouvait encore déverser malgré qu'il n'en reste presque plus rien.

Jersey se mordit la lèvre inférieure pour ne pas émettre un cri de rage, de colère, de haine. Elle n'aimait personne hormis Nael, Niall et Nina. Elle n'aimait personne à part ces trois individus qui avaient eu un impact considérable sur sa vie et en avaient encore plusieurs. Elle grogna quelque chose d'incompréhensible dans sa barbe et se mura, comme d'habitude, à l'intérieur d'elle-même. Elle fermait toutes les portes ; se boucher les oreilles, regarder le vide, fermer la bouche et serrer tout son corps sur lui-même ; et se retrouvaient en tête à tête avec elle-même.

Jersey continuait de marcher, elle pourrait aller jusqu'à Dublin si elle le voulait, ce n'était qu'à environ 10 kilomètres de Mullingar mais elle n'avait point envie de faire le chemin jusque là-bas. Elle voulait se retrouver toute seule chez elle ou toute seule dans le jardin de son immeuble et ne plus voir toutes ces personnes hypocrites qui s'en foutaient totalement de la bousculer. Elle avait la tête baissée et fixait ses pieds qui avançaient sans même savoir comment ils faisaient. On ne lui faisait pas attention et on ne lui prêtait pas une once d'attention non plus.

Jersey était d'une humeur massacrante. Elle pourrait très bien tuer quelqu'un à mains nues, là tout de suite sans avoir aucun remords et sans que rien ne l'en empêche. Elle pourrait très bien tuer chaque personne qu'elle croisait sans même en ressentir quoique se soit. L'indifférence se lisait sur ses traits alors qu'un voile avait recouvert ses yeux. Ces cils mettaient une ombre dans ses prunelles couleur chocolat. Elle avait la peau extrêmement blanchâtre de nature, alors pour savoir si elle était ou non malade, elle était assez mal placée mais elle s'en foutait pas mal. Aucuns des trois romans qu'elle avait essayé de faire éditer et qu'elle avait lu en un temps record n'avait été accepté. Certains avaient jugés le manuscrit trop lent, pas assez complexe ou juste « banal » ou encore « pas assez mature » et la brunette lisait sur dans leurs yeux « juste bon pour la poubelle ».

Jersey était encore plus de mauvais humeur parce qu'elle n'avait pas trouvé les arguments adéquats pour ces trois manuscrits qu'elle chérissait tant. Mais celui qu'elle avait détesté et qui faisait dans les 700 pages bourrés de stéréotypes avait été prit. Elle n'arrivait vraiment pas à y croire, elle avait l'impression de devenir folle. Pour une fois, elle détestait vraiment la maison d'édition dans laquelle elle travaillait parce que trois écrivaines fabuleuses venaient de perdre leur chance et leur rêve venait sûrement de se briser alors qu'une autre qui n'avait pas vraiment du talent –pas du tout d'après la jeune brune- allait voir un rêve se réalise.

Jersey trouvait cela tellement injuste et anormale. Les trois romans n'avaient pas plût à quelqu'un au-dessus d'elle dans la hiérarchie de l'entreprise et qui avait donc plus d'influence mais dont ce n'était pas son genre de lecture, alors aucun des trois ne seraient éditer. Elle avait envie de vomir, de tuer quelqu'un, de broyer cet homme ingrat qui avait détruit le peu d'espoir qu'elle avait et le rêve de trois jeunes adolescentes, et en était fier en plus. Elle avait gardé les trois manuscrits et les coordonnées des jeunes filles pour leur dire avec le plus de vérité possible ce qui c'était passé mais elle ne savait pas si elle en aurait vraiment le courage.

Jersey ouvrit la porte de chez elle, retirant ces chaussures alors qu'elle se prit la tête dans ses mains. Elle ne se sentait vraiment pas bien. Elle avait l'impression de chuter, de tomber encore et encore et qu'elle ne rencontrerait jamais le sol. Son monde tout entier, basé sur un espoir si beau et si délicat venait de se dissiper et faisait tout tomber au passage, tel un effet domino mélangé avec un effet papillon. Tout son monde venait de mourir et de partir en cendres dans ses mains et c'était l'une des plus pires sensations dont elle eu le droit durant toute sa vie. Si elle s'était jetée d'un pont pour aller dans un seau glacé et ensuite dans un seau d'eau brûlant et pour ensuite atterrir dans les flammes, cela n'aurait rien changé, même cela aurait été beaucoup moins douloureux.

Jersey était mal en point et n'avait pas du tout le moral, pourtant encore un peu d'espoir que l'un des trois manuscrits ou deux ou encore mieux, les trois, soient repris et éditer. Elle le voulait au plus profond d'elle-même et avait envie de se battre pour cela. Pour une fois dans sa vie, son but à atteindre n'était pas par rapport à elle-même et n'était pas d'un jour être vraiment heureuse. Non, rien de tout cela ni même dans le genre. Son but était de réaliser le rêve de ces trois jeunes adolescentes et s'il le faut, elle irait voir la concurrence pour qu'elles se fassent éditer, parce qu'elles le méritent plus que quiconque aux yeux de la brune et c'est sûrement l'une de plus belles choses du monde surtout venant de la part de la jeune femme mais aussi, parce qu'elles ne veulent pas que leurs rêves se brisent alors qu'elles en ont le talent. Elle ne les abandonnerait pas après le voyage qu'elles leur ont fait faire alors qu'elle était mal. Ce serait injuste et égoïste. Puis, elle aimait bien ces trois jeunes filles sans même les connaître, parce qu'à travers leurs mots elles lui ont fait passé un des plus beaux messages du monde ; « Vis ta vie comme tu l'entends ».

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Musique ; Sam Smith - Writing's On The Wall (From Spectre)




Dear Niall//n.hOù les histoires vivent. Découvrez maintenant