Cet inconnu - chapitre 18

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Il relève alors la tête vers les escaliers. De sa position, il ne peut apercevoir que mes pieds. Je me redresse et descend les escaliers. Il me dévisage un moment avant de prendre la parole :

- Mina ?

- Salut.

- T'as changé.

- Toi aussi.

Le dernier souvenir que j'ai de lui, c'est qu'il était un odieux gamin, aux vêtements toujours pleins de terre et de poussière. Petit, frêle, brun aux yeux marrons, toujours une casquette rouge vissée sur la tête. Maintenant, il est grand, musclé, mais toujours aussi odieux d'après les scènes que je vois au lycée. Et il a toujours sa casquette rouge sur la tête. Il me rappelle Sacha dans Pokémon, coiffé comme ça. Je me retiens de rire. Puis nous somme bousculés par ma mère :

- Chéri, appelle-t-elle, monte les valises !

- J'arrive ! hurle mon père depuis l'extérieur

On s'écarte du passage. Puis l'attention de ma mère se focalise sur moi :

- Mina, fais visiter la maison à Ethan.

- Tu peux pas t'en occuper ?

- Mina ... menace-t-elle

- D'accord ... fis-je à contre-coeur

Je fais signe à Ethan de me suivre. Je lui montre le salon, la cuisine, la salle de bain et toutes les autres pièces. C'est fou l'enthousiasme que je dégage. Ironie, bien sûr; je ne suis pas du tout motivée. Je le laisse dans sa « nouvelle » chambre et m'en vais. J'attrape une paire de chaussures, ma veste et sors. Je m'en vais me cacher dans mon jardin. Après quelques minutes de réflexion, je parviens enfin à me souvenir où je me cachais étant enfant : dans un buisson épais aux fleurs roses et blanches. Je m'y glisse et m'assoupis. Je suis réveillée par les vibrations de mon téléphone. Lorsque j'ouvre les yeux, je remarque que la nuit était tombée. Je sors de ma cachette et rentre à l'intérieur.

- Mina ! Où étais-tu ? s'empresse ma mère

- Dehors.

- Peu importe. À table.

Une fois à table, je vois que toute ma famille a déjà « brisé la glace » avec notre nouvel hôte. Je m'assois paresseusement sur ma chaise et me met à manger machinalement. Je mange en les observant : on dirait vraiment qu'Ethan fait parti de la famille maintenant. Mais, pas pour moi. Il m'a pourri mon enfance et pourri les « années lycée » des filles du bahut. Aucune chance pour que je l'accueille à bras ouvert. Alors là, la probabilité qu'il devienne mon ami est nulle. Après avoir mangé, je me dirige vers ma chambre. Je m'installe confortablement sur mon lit et met de la musique. Quelques minutes plus tard, je reçois un message de Jake : Théâtre, demain, 18h. Je lui réponds que j'y serais.

Le lendemain, je me lève vers 14 heures 30, je descend, mange un peu devant des dessins animés, remonte dans ma chambre etc... Le temps que je fasse tout ça, il était déjà 16h30. Je vais prendre une douche, attrape mes affaires et me rends au théâtre. Je rentre à l'intérieur, dépose mon sac, et fais le tour des lieux afin de savoir si Jake est déjà là ou pas. Je ne le trouve pas. Alors, je vais donc m'assoir. Je replis mes genoux sur ma poitrine et attends. Il arrive enfin. Il me salue de loin et me fais signe de rester où je suis. J'acquiesce. Il se dirige vers les coulisses et en ressors quelques minutes plus tard. Il monte sur la scène et commence.

- Si je t'ai demandé de venir ici, c'est parce que, je souhaiterais que tu entendes ce que je vais dire.

Je plisse les yeux, curieuse. Il ferme les rideaux, puis les rouvre.

- Cette année, commence-t-il, j'ai rencontré des tas de gens, des tas de filles. Mais une seule a retenu mon attention. Une seule a sût me faire tomber amoureux comme jamais. À chaque fois que tout allait bien, il fallait que je gâche tout. À chaque fois. Et à chaque fois, elle me pardonnait. La dernière fois que j'ai tout gâché, c'était la fois de trop. Elle ne me le pardonna pas. Alors, elle alla avec un autre garçon. Et moi, jaloux, avec une autre fille. On se faisait du mal mutuellement. Puis l'autre garçon et l'autre fille tombèrent amoureux. Ils laissèrent, moi et la fille que j'aime, seuls. J'ai voulu me remettre avec elle, en lui promettant de ne rien gâcher cette fois-ci, mais elle refusa. Ce qui me dévasta totalement. La seule personne qui tenait à moi ne veut plus de moi. Je ne pouvais pas lui promettre d'être parfait, ni d'être un prince charmant. Car je n'étais aucun des deux. Elle s'imagine être la fille banale, celle qu'on ne remarque pas auprès des autres qu'elle trouve si parfaites. Et elle a raison. C'est sa désinvolture, son attitude banale et sa beauté naturelle qui m'ont plu. Et cette fille là, cette fille qui me rend fou depuis le début de l'année, qui est devant moi. Mina, s'il te plaît, reviens avec moi.

Je réalise seulement ce qu'il vient de dire. Il vient de résumer toute l'année passée à ses côtés. Non, je n'ai pas les larmes aux yeux comme certaines filles en auraient, je fronce les sourcils, perplexe.

- Tu m'aimes à ce point là ? finis-je par demander

- Oui.

- Pourquoi veux-tu que nous sortions ou soyons ensemble ?

- Parce que ...

- Non, ce contexte est stupide. Tu n'as pas besoin que je sortes avec toi. Tu veux juste que je partage du temps avec toi, comme le font les personnes amoureuses.

- Mais ...

- Non. Je ne sortirais pas avec toi.

- Mais ...

- Non. Parce que je t'aime.

- Pardon ?

- Tu as très bien entendu.

- Alors pourquoi ?

- Parce que sortir avec toi n'est pas ce que je veux. Je veux juste que tu honores ce que tu as dit précédemment. Que tu passes du temps avec moi, qu'on se chamaille, qu'on se réconcilie, qu'on ris jusqu'à s'en péter le ventre etc...

- Vraiment ?

- À ton avis, idiot.

- Alors, on fera ça.

- Je t'aime.

- Je t'aime.

Je ne souris même pas. Ça doit être assez comique à regarder. Je m'approche de lui doucement. Puis l'embrasse délicatement avant de repartir chez moi. En faisant en détour à la maison de Cath, évidemment. Lorsqu'elle m'ouvre, elle est en pyjama :

- Yo ! Tu fais quoi ici ? demande-t-elle

- Je viens voir ma meilleure amie.

- C'est le bon endroit, entre.

Je rentre et m'affale sur le canapé. Elle avait sorti des biscuits apéritifs. Je me fourre la bouche avec ses petites merveilles culinaires.

- Alors, des nouvelles à me raconter ?

- Foui ! Gu sfcais boi ? fis-je, la bouche pleines de biscuits

- Non, mais raconte !

J'avale ma bouchée et lui raconte ce qu'il s'est passé avec Jake au théâtre. Après mon récit, elle s'exclame :

- C'est ouf !

- Ouais !

Elle allume la télé et s'installe contre moi. Alors qu'on était confortablement installées, on toque à la porte. Je me lève et je vais ouvrir :

- Oui ? fis-je

- Salut ...

Je me fige. J'observe la personne devant moi. Il ne devrait pas être là. Non. Non. Non.




Voilà le 18eme chapitre de "Cet Inconnu" ! J'espère que ça plaît toujours ! Voilà ! Bonne journée ! Enjoy It !

-Claire


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