Cet inconnu - chapitre 16

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Je pars à l'aventure dans les couloirs, cherchant désespérément quelqu'un. Car, oui, je n'aime pas être seule. Puis, une voix que je reconnaîtrais entre mille chuchote quelque chose, que je n'arrive pas à percevoir. Je me rapproche de l'endroit d'où semble provenir les chuchotements et je découvre Cath, qui s'afflige de reproches :

- Pourquoi ? Pourquoi faut-il que ce soit comme ça ?! murmure-t-elle

- Cath ?

Elle relève la tête vers moi, puis fronce les sourcils :

- Qu'est ce que tu fais là ? fait-elle, tout bas

- Je ... je cherchais des gens, puis je t'ai trouvée.

- Oh.

- Qu'est ce qu'il y a ?

- Rien.

- Si. Dis-moi.

- J'ai pas envie d'en parler maintenant.

Je m'accroupis près d'elle et la secoue un peu :

- Tu vas me dire ce qu'il y a sinon je te promets que je te suspend par les pieds !

- C'est Max. Y'a une nana qui rôde autour de lui.

- Bah pète lui la gueule.

- Mina, c'est pas drôle !

- Que veux-tu que je dise face à quelqu'un, qui, pour moi, à rencontrer l'amour de sa vie ? Alors que moi, la seule personne que j'ai vraiment aimé jusque là, me blesse sans cesse ?!

- Je ne sais pas moi ! Oh, et puis, oublies. C'est sans importance.

- C'est important pour toi.

- J'en sais rien.

Elle se relève, puis s'en va. Me laissant seule, encore. À croire que c'est une manie chez les gens de m'abandonner dans les endroits déserts. Je me lève à mon tour et me dirige vers le CDI. Là-bas, je retrouve Joana. Elle m'adresse un sourire, j'esquisse une moue sympathique puis pars à travers les rayons pour trouver un livre. Enfin, je tombe sur un véritable chef d'oeuvre. La merveille des merveilles des livres : un authentique livre Harry Potter. Je saute dessus. Après m'être accaparé le livre, je m'installe et regarde le titre complet : Harry Potter et le Prince de Sang-Mêlé. J'ouvre le livre comme un enfant de trois ans ouvrirait ses cadeaux de Noël. Puis je me mets à lire avec plaisir, une fois de plus, un de mes livres préférés. Alors que je dévorais l'histoire, quelqu'un s'assoit en face de moi. Je ne réagis pas : c'est sans doute une personne, venue ici, comme moi, pour lire un livre. Mais, l'inconnu jusqu'à présent, me confisqua mon livre. Je me retins d'hurler un « hééééééé » très enfantin. Au lieu de ça, je lève mon regard vers « l'inconnu » :

- Toi ? Ici ? RENDS MOI MON LIVRE, m'énervais-je

- Oh, tout doux. Tiens, le voilà, ton bouquin. Tu veux connaître le plan ? fit Jake

- Quel plan ?

- Théo-Joana.

- Dépêche-toi.

- Alors, en premier, on va att... commença-t-il

Il n'eut pas le temps de m'exposer son « superbe plan » : une Joana sacrément jalouse venait de faire irruption devant son nez :

- Ah, Joana ! fit-il, d'un faux enthousiasme grillé à 10 km

- Qu'est ce que tu fais avec elle ? fit-elle en me désignant

- C'est une amie, je lui parle, c'est tout.

- Oh.

Elle prend place paresseusement sur les genoux de Jake et reprend :

- Vous parliez de quoi ?

- De la vie en général, répondit Jake, du tac au tac

- Ah.

Sa « catin des bois » me passait au peigne fin, comme si je dissimulais quelque chose. Puis lassée de ce « blanc » interminable, elle bailla, puis quitta le CDI. Jake lâcha un petit rire nerveux avant de terminer l'exposition de son plan :

- Alors, on va les faire se rapprocher. Puis, tu vas dire à Théo, que vous deux ça ne va pas marcher patati patata ... Et de mon côté, je dirais la même chose. Comme ça, ils seront réunis, nous aussi et voilà.

- Euh ... t'es sûr de ce que tu avances, là ?

- À 100 %.

- Bon.

Il m'adresse un clin d'oeil, mime un baiser avec sa main et m'abandonne encore une fois. Après avoir été dérangée, je juge bon d'arrêter ici ma lecture. Je remet le livre en place et sors à mon tour.

Je finis ma journée, et quand vient le temps d'attendre le bus, je perçois, malgré mes écouteurs, des vociférations. J'enlève une, puis deux, oreillettes. Je cherche du regard d'où viennent les cris, et je vois ma meilleure amie, furieuse, et un Max, inquiet et mal à l'aise, se faire face. Je m'approche un peu :

- Max, je croyais qu'on s'était expliqué !

- Mais, oui !

- Apparement non !

- Mais si !

Tandis qu'elle lui balançait des reproches à la figure, je pus remarqué qu'il jetait des regards en biais, qui allait vers une certaine fille. Je ne la connaissais pas mais j'avais l'impression qu'elle se délectait de leur dispute. Cath remarqua, à son tour, les regards en coin de Max :

- Sérieusement ? Et ben tu sais quoi ? Nous c'est fini. fit-elle, en chuchotant les derniers mots

Elle avait les larmes aux yeux, je la comprenais. Puis elle s'éloigna, monta dans un bus et rentra chez elle. Je pris le prochain. Arrivée à la maison, je dépose mes affaires et attrape ma V.P.C.P.E.M.A : Valisette Pour Cas Particulier Entre Meilleure Amie. Et je fonce chez elle.

Une fois devant sa maison, je toque notre code « secret » : toc-toc toc toc-toc-toc toc-toc toc.

Elle m'ouvre immédiatement, un faible sourire éclaire son visage. Son peu de maquillage avait coulé, ses cheveux blonds étaient relevés en un chignon, et elle était emmitouflé dans une couette polaire, la télécommande dans une main et un paquet de cookies dans l'autre. Elle baisse le regard vers ce que je tenait, puis elle éclate de rire :

- Tu l'as encore ? Après toute ces années ? s'esclaffe-t-elle

- Et oui !

Elle rit encore avant de me faire entrer. Elle se réinstalle dans le canapé, drapée de sa couette. Je m'assois à côté d'elle et tire la couette de mon côté. Et remet la télévision en marche, on regardait des dessins animés pour enfant. À l'ancienne. L'enfance nous manquait, c'était indéniable. Là, où les garçons ne nous posaient aucun problème, là où tout était simple. Soudain, alors que nous chantions le générique d'un très vieux cartoon (les Ratz, en l'occurence), mon téléphone sonne je décroche :

- Allô ?

- Mina, j'ai besoin de toi !

Cet inconnu.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant