Cet inconnu - chapitre 21

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Deux heures plus tard, je suis réveillée d'une manière fort peu agréable : secouée dans tous les sens et une petite claque ou deux au passage :

- Quoi ? fis-je, d'une voix endormie.

- On arrive bientôt !

- Ah. Il est quelle heure ?

- 11h18.

- Ah.

- T'as bien dormi, apparement.

- Comment ça ?

- Ton visage a tellement aimé ma veste que tous les plis sont incrustés sur ta tête.

J'attrape mon sac, farfouille dedans et en ressort mon miroir. Il avait raison : ma figure était bel et bien marquée; j'avais l'impression d'avoir la carte du métro parisien tatoué sur la joue. Je range l'objet et me met à tirer ma peau pour effacer les marques. En observant mon drôle de manège, Joana critiqua :

- Alors, ta crème lifting ne fonctionne plus ? railla-t-elle

- La ferme, Joana.

Elle ne broncha pas à ma réplique. Je me re-concentre sur mes joues à « défroisser » tout en l'observant du coin de l'oeil. Ceci se révéla inutile. Quelques minutes plus tard, les hauts parleurs annoncent que nous ne tarderons pas à atterrir. Génial. Découragée par mes joues refusant de quitter les marques de veste, je me tourne vers Jake :

- Tu t'appelles comment ?

Il me regarde comme si j'étais une inconnue avant de répondre :

- Euh ...

- Ton vrai nom.

- Ce n'est pas encore le moment.

- Mais je ...

- Non.

- Alors comment vais-je t'appeler maintenant ?

- Ne m'appelle pas.

Je lève les yeux au ciel juste avant de réaliser qu'il est sérieux :

- Non ? Sérieusement ?

- Oui.

- D'accord.

Je le regarde intensément dans les yeux. J'ai l'impression qu'il est comme vide. Je détourne le regard et cherche mon Ipod. J'ai besoin de musique. Je le sors, l'allume, et sélectionne une musique au hasard. Je pose mes avants-bras sur les accoudoirs et ferme les yeux. Je retrouve cette sensation de bien-être, de sureté en moi. Ce qui ne dura pas longtemps : quelque chose à l'intérieur de moi, sans doute mon instinct, m'annonça que notre vol touchait à sa fin. Plus explicitement, l'avion allait bientôt atterrir. Je rouvre les yeux, tourne la tête de tous les côtés pour trouver Cath. Enfin, je la vois, elle dort. Je reprends ma position initiale dans mon fauteuil. Je détestais les atterrissages. Tous autant qu'ils sont. Je commence à paniquer. Je respire profondément puis augmente au maximum le volume de mon Ipod. Mes doigts sont recourbés comme des griffes sur le rebord des accoudoirs. Soudain, une main se pose sur la mienne. Je prends conscience que c'est ... mon voisin de siège. Je frissonne à ce contact et rouvre mes yeux :

- Merci, murmurais-je.

- Y'a pas de quoi.

- Euh ... Tu es sûr de ne pas vouloir me dire ton nom ?

- Sûr. Bref, t'écoutes quoi ?

- « Bite » de Troye Sivan.

- Je ne connais pas, répondit-il avec un fin sourire

Je lui tends un écouteur qu'il accepte en souriant. C'était le moment du refrain. Il se met à bouger au rythme de la musique. Des mouvement très très ... futuristes. Il avait réussi à me faire oublier l'atterrissage en cours. Je l'encourageais à continuer sa danse du futur. Alors qu'il commençait son « freestyle », le pilote annonce à travers les hauts-parleurs que nous sommes arrivés. Nous sommes enfin arrivés à Santorin. À l'entente de la nouvelle, tout le monde sembla requinqué. Les passagers se lèvent. Je récupère mes écouteurs et mes affaires avant de suivre la foule jusqu'à la sortie de l'avion. À peine descendus de l'appareil, les professeurs devinrent hystériques ; ils nous comptaient toutes les cinq minutes. Compréhensible, du fait qu'ils ne veulent perdre personne, mais un peu excessif tout de même.

- Bon, maintenant que tout le monde est là, allons chercher nos bagages, annonce le professeur d'histoire

Nous le suivons tous, excités. Par delà les baies vitrées, on pouvait voir que tout était paradisiaque : climat chaud, grand soleil, ciel bleu. Maintenant que nous avons nos valises, il était tant de quitter l'aéroport. À l'extérieur, un bus nous attendait. Ils nous emmenaient à un parc, point de rencontre avec nos familles d'accueil. Nous fûmes recomptés lorsque nous montâmes dans le bus. Étant déjà dans la ville où nous séjournerions, le trajet était court. Chacun s'impatientait sur son siège. Tellement que le bus n'était qu'un brouhaha d'élèves racontant quelle serait leur famille d'accueil parfaite. Vu la vue qu'on avait d'ici, cela laissait penser que la plupart des habitants de Santorin était aisé financièrement. Quelques minutes plus tard, le moteur de l'autocar se coupe, les professeurs nous demandent de rester assis. Quant à eux, ils sortent saluer et briefer les familles. Toutes avaient l'air sympathique. Chacun se pressait aux fenêtres pour les apercevoir.  « Laquelle est pour nous ? J'espère qu'ils sont gentils ! » étaient les phrases les plus répétées.

Enfin, les professeurs remontent dans le véhicule. Ils nous demande d'être sage et poli envers nos hôtes.

- ... soyez polis, respectueux et gentils. Tâchez de nous faire honneur. Des questions ?

- Euh ... on parle quelle langue avec eux ? demanda timidement Thomas, un garçon de la classe

- Anglais. Ou grec. Mais je suppose que tu ne parles pas cette langue. D'autres questions ?

Un silence répondit à sa dernière question. L'autre professeur, Mme Herza, continua :

- Maintenant, vous allez être répartis dans vos foyers d'accueil pour la semaine. Donc première famille, les Sayrt, pour Ashley, Jeanne et Marie.

Les intéressées sortirent avec hâte pour découvrir qui les hébergeraient : un couple de retraités aux traits chaleureux. Puis :

- Deuxième famille : les Tzikrats, pour Mina et Cath.

Nous nous levons, sortons, et allons chercher nos valises, déposées dans la soute de l'autocar.

Puis, le professeur d'histoire, resté dehors, nous appelle et nous désigne une famille du doigt. Nous nous dirigeons donc vers elle.


Bonjour, bonsoir ! Voilà un nouveau chapitre de Cet Inconnu ! Et bonne année 2016 ! J'espère que l'histoire vous plaît et n'hésitez surtout pas à commenter ou voter :) Ciao !

- Claire


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