Plus jamais ...

Chapitre 6: ... Mais pas ce soir !

PDV Keira

Cette nuit, je n'ai pas arrêté de penser à ces yeux. À ces grands yeux noirs. Je ne sais toujours pas dire pourquoi je me sens attirée et en même temps refoulée par ses yeux. Je pourrais m'y plonger et m'y perdre.

Je ne dors toujours pas : je n'y arrive tout simplement pas.J'aimerais trouver la paix et fermer les yeux ne serait-ce qu'un instant et ne plus penser à tout ça. Mais même dans les rêves, je ne suis pas sûre qu'il ne vienne pas me hanter.

Ma mémoire m'inflige sans cesse ces images qui passent en boucle dans ma tête. Cela en devient épuisant et inquiétant.

Je me pose beaucoup de questions auxquelles je ne peux répondre, et ça m'empêche de dormir. Je déteste ça.

En règle générale je dors très bien et j'arrive à récupérer ;mais là j'ai l'impression de ne pas avoir dormi depuis des jours.

J'essaie tant bien que mal d'oublier cette partie de la soirée en rentrant dans la fac.

J'ail'impression que la journée passe au ralentie. Je ne comprends pas grand chose à ce que nous raconte Mme Betsan car je suis prise par mes pensées. Plusieurs fois d'ailleurs, elle me reprend pour que je suive « le ton mélodieux de sa voix expliquant la colonisation pacifique du continent américain au XIXe siècle ».Passionnant !

Je sors du bâtiment complètement épuisée. Aujourd'hui je n'ai pas vraiment réussi à me concentrer sur quoi que ce soit, pas même sur mon déjeuner. Rachel a du me rappeler à la terre plusieurs fois pour que je suive ce qu'elle était en train de me raconter.Peut-être que ce soir j'arriverai mieux à dormir.

- Salut beauté !

Je ne me préoccupe pas du goujat qui tente par le moyen le moins attirant du monde et le plus conventionnel de tous, d'attirer mon attention. Je reconnais la voix mais je fais comme si je n'avais rien entendu. Perdu ! Je n'arriverai pas à dormir ce soir.

- Alors comme ça tu m'évites !, cela sonne plus comme une question mais je ne dis rien par peur d'attiser les cendres de nos discussions encore en feu dans mon esprit.

- Rebelle ! J'aime bien ...

Je me retourne pour lui sortir une réplique bien sentie mais je me ravise lorsqu'il m'attire contre lui. En sortant du bâtiment je ne le savais pas aussi proche de moi. En tout cas il a su rattraper sans aucun soucis l'espace qui nous séparait.

J'essaie de lui échapper mais rien n'y fait. Parmi les rares personnes qui sont encore présentes à la fac, aucunes d'entre elles ne semble se préoccuper de nous.

Il me tient fermement le bras pour pouvoir mieux contrôler l'emprise qu'il a sur moi.

Je ne sais ni pourquoi ni comment je me suis retrouvée collée à lui dans un recoin du bâtiment, à l'abri des regards, mais il a vraisemblablement bien choisi le moment et l'endroit.

Pendant un moment, il ne dit rien et nous sommes si proches que je peux sentir cette odeur qui me devient de plus en plus familière. Ma respiration est de plus en plus irrégulière et saccadée. J'ai la tête qui tourne car je n'ai quasiment rien avalé de la journée et je suis épuisée. Mais en même temps je suis énervée par la personne qui se trouve en face de moi.

- Je t'ai observée toute la journée. Tu étais à croquer.

Je n'ai pas le temps pour les gamineries de ce genre et je perds assez de temps en ce moment à remettre de l'ordre dans ma vie .

- James lâches-moi !, je lance agacée et à fleur de peau.

Il resserre son emprise en posant une main dans le creux de mon dos. Je me retrouve considérablement proche de lui que je peux presque sentir son torse monter et descendre quand il respire. Il n'y a que quelques centimètres qui ne me sépare de son visage et ça me met mal à l'aise. Il est le seul qui a été aussi proche de moi jusqu'à présent. Tout ça est tout nouveau pour moi. Il ne cesse de me faire sentir différente et je ne me suis jamais sentie aussi déstabilisée de toute ma vie. Il est le seul qui jusqu'à présent ait pu me mettre hors de moi, tout en me faisant ressentir une douce chaleur dans mon cœur. Je ne sais pas encore ce que cela signifie, mais tout ça me fait peur.