Chapitre 5

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Je me mets à crier en laissant sortir tous ces mots qu'elle a toujours retenus dans mon esprit pour ne pas se les prendre dans la figure. Je n'en peux plus de devoir me battre avec ma mère en faisant tout pour me plier en quatre, fermer ma gueule et rentrer dans ses espérances. J'ai besoin qu'elle sache.

- A partir de maintenant, je vais décider de ma vie. Tu n'as pas à prendre de décisions à ma place et encore moins alors que j'ai 21 ans ! Maman, je vais aller à Washington et tu n'as pas à m'en empêcher. Je n'ai pas à te trouver d'excuse pour faire de mon rêve une réalité.

Je tourne les talons pour monter à ma chambre où Cher m'attend surement gentiment sans la laisser dire quoi que ce soit. C'est la meilleure chose à faire de toute façon sinon, elle m'aurait dit que je n'ai pas à penser ça, que je n'ai pas à croire qu'elle dirige ma vie de A à Z et le lendemain, tout aurait été de nouveau comme avant. C'est toujours comme ça avec elle. Plus je m'en rends compte en prenant du recul et plus je vois qu'elle ne fait que contrôler ses souhaits à travers moi parce qu'avec ma sœur, ça n'a pas marché, elle ne s'est pas laissé faire, comme moi aujourd'hui. Elle n'arrête pas d'insister pour que je trouve une fille bien qui pourrait être ma petite amie afin qu'elle me voie en couple et heureux comme elle n'a pas pu l'être avec papa. C'est cruel mais elle m'a toujours dit qu'elle aimerait que j'aie une fille parce qu'elle n'est pas proche avec Gemma. Elles ne se parlent quasiment plus.

Je pousse la porte de ma chambre en chassant toutes les pensées que j'ai de ma mère dans mon esprit et regarde la pièce de droite à gauche. Elle est vide. Mais où est Cher ? En fronçant les sourcils, je l'appelle dans le couloir mais aucune réponse. Je plonge ma main dans la poche de mon jean pour en sortir mon portable mais je me rends compte que je n'ai même pas son numéro de portable.

- Maman, Cher n'est plus là !!

Je crie de l'escalier avant de descendre en courant.

- Maman, je te parle !

Elle ne répond pas alors je vais dans la cuisine sous un air inquiet et énervé. Je la vois couper des légumes alors j'appuie plus mes mots.

- Cher a disparue.
- Non, elle devait voir des amis alors elle est partie. Elle m'en avait informée.
- Génial de me prévenir hm...

Je remonte dans ma chambre après un soupir et me rends compte que je vais passer la soirée tout seul, encore.

C'est ça de ne pas avoir d'amis. Si tu sortais un peu plus pour faire la fête, tu ne serais pas seul aussi souvent.

Je hais ma conscience, je hais quand elle a raison. Je prends une veste et je sors de chez moi. En jetant un coup d'œil à mon reflet dans le miroir du couloir, je me dis que ça n'est pas possible de sortir ainsi. Je retourne à ma chambre et je vais prendre une brève douche avant d'enfiler des vêtements propres : jean noir et t-shirt de la même couleur. Je reprends mon manteau noir qui est long et en laine puis je pars enfin de cette foutue maison où tout semble millimétré. Ma voiture n'est plus là. Génial, ma mère a dû dire à Cher qu'elle pouvait la prendre. Bon... Je me rends donc à pieds au centre ville en me rendant compte qu'après avoir mit les points sur les i avec ma mère, c'est toujours un peu le même scénario.

Lorsque j'arrive là bas, je vois avec toutes ces lumières et tous ces jeunes que la ville a comme une deuxième vie lorsque la nuit tombe. Les bars sont tous ouverts et il y a l'air d'avoir une bonne ambiance, les boites de nuit ont une longue queue de jeunes qui attendent de rentrer à l'intérieur et des groupes d'amis se rejoignent pour aller s'amuser ce soir. Ce n'est que jeudi soir, nous ne sommes pas encore le weekend et déjà tout le monde semble fêter deux jours de repos. C'est tellement étrange de voir les gens s'amuser comme moi je m'amuserais surement jamais. Je soupire. Je sens une main se poser derrière moi et je sursaute avant de me retourner brusquement en attrapant le poignet de la personne qui se trouve être Cher. En souriant, je la prends un quart de seconde dans mes bras avant de voir avec qui elle traine.

- Je te présente Sophie, Julien, Bastien et Mathieu.

Je leur souris en admirant d'un regard détaillé tous les piercings et tatouages qu'ils possèdent. J'adore le style que ça leur donne. Et puis, ils ont l'air de ne pas se prendre la tête mais d'avoir tellement de vécu avec tous ces dessins sur leur peau que ça en est presque intimidant.

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On est dans ce super bar à boire de l'alcool et on rigole tellement bien que j'en resterais presque toute la nuit. Julien est tellement génial comme mec que je me dis que si j'avais été une fille, j'aurais peut être tenté quelque chose. Ce n'est contre personne mais je ne me suis jamais vu devenir gay alors c'est une décision loin de mon imagination. J'apprends tellement de choses ce soir que ça m'en hallucine à me couper le souffle. Qui savait réellement que Monsieur-le-leader-populairement-ridicule n'était un coureur de jupons que pour que sa mère comprenne qu'il ne soit pas gay. A ce qu'on dit, il a déjà essayé avec un gars et c'est à partir de ce moment qu'il a changé. Ca n'est donc pas à cause de moi !

Et si c'était toi le gars avec qui il avait voulu essayé ?

Je soupire à ma propre idée et secoue la tête pour la chasser de mon esprit.

Peut être que tu aimerais rendre ta mère folle de rage par l'idée que tu n'aimes pas les filles puisque tu préfères les garçons ? Je sais très bien que tu préfères les garçons. Ta première fois n'était pas géniale et tu as toujours eu plus d'attirance et d'admiration envers les gars. Tu imagines la tête de ta mère si elle l'apprenait ? Ca serait une vraie victoire pour toi. Puis et Louis, son petit cul bien s -

Je me lève d'un coup en sortant alors de mes pensées, que ma conscience s'arrête là et je vois les yeux rivés sur moi. Je rougis. J'ai dû un peu trop boire. Je regarde Cher qui m'interroge du regard pour savoir ce qu'il se passe. Ma conscience a l'air de ne plus trop être là maintenant que je suis le sujet de tous les gens de ce pub qui chuchotent probablement que je suis fou.

- Cher, ma mère nous attend. J'avais oublié ! On doit rentrer.

Mensonge, merci de me sauver.

- Oh, allons-y alors.

Elle me sourit alors et se lève à son tour en enfilant sa veste. Elle me rend mes clés de voiture vu que je suis tout de même un peu sombre du moins, plus qu'elle et on marche jusqu'à celle-ci pour ensuite rentrer.

Je déverrouille la porte et la pousse pour entrer. Il fait noir et ma mère semble étrangement déjà dans sa chambre. Elle doit dormir et Cher a surement oublié mon excuse à con sur le fait qu'elle nous attendait. Je pousse un petit soupir de soulagement et enlève mes chaussures pour les poser à coté des escarpins de Cher, dehors, à droite de la porte d'entrée. Je la ferme ensuite et rejoint la miss à l'étage.

Ma tête commence à devenir lourde mais j'ignore cette sensation et tombe directement sur mon lit. Le torse contre le matelas, j'entends une voix dans ma tête qui résonne mais je n'arrive pas à distinguer correctement les mots. La lumière semble s'éteindre et puis trou noir.

J'entends mon réveil comme s'il était dans ma tête alors je me mets l'oreiller dessus. Des pas de talons s'approchent de moi et éteignent le réveil. Je pousse l'oreiller de mon visage et je mets quelques instants à ouvrir les yeux. Je m'assois directement en voyant Cher juste devant mon visage avec un large sourire.

- AHHH ! Oh mon dieu... Qu'est ce que tu fais là, si près ?
- Je te regarde. Tu es amusant Harry.
- Je vais prendre ça pour un compliment.

Je me rallonge en poussant un soupir et elle s'assoit sur le bord du lit un lâchant un petit rire.

- Tu ne te souviens pas d'hier, après qu'on soit rentré ?

Je réfléchis mais rien ne me vient. Me dis pas que j'ai fait une grosse bêtise du genre coucher avec elle ? J'ouvre les yeux en grand et me rassoit en tenant ma tête. Elle rit de nouveau.

- Tu es vraiment bizarre quand tu as bu toi !
- Qu'est ce que j'ai fait bon sang ?
- Calme-toi... On n'a pas couché ensemble si ça peut te rassurer. Tu n'es vraiment pas mon genre en plus.
- Hm merci...
- Ne le prends pas mal hein, t'es trop mignon hein mais tu fais un peu trop gay. Je t'ai cramé Harold.

Je fronce les sourcils sans comprendre où elle voulait en venir. Je fais gay ? Putain, merci du compliment là...

- Harry, tu es allé chez Louis cette nuit et tu en es ressortis nu.

AHHHH ! Je sursaute brusquement et je regarde autour de moi. Cher n'est pas là, sur mon lit et elle n'est pas non plus dans la chambre. Putain, ce n'était qu'un rêve !

Je mets mon visage contre mon oreiller et je me mets à crier par cette putain de peur que j'aie eu. Au bout de plusieurs longues minutes, je me lève de mon lit avec un mal de crâne vivable puisque j'étais un peu sombre hier quand même et je rejoins la cuisine où Cher déjeune.

- Hey la miss, bien dormie ?
- Ca va, j'ai connu pire. Tu sais Harry, tu ronfles quand tu bois de l'alcool...

J'étouffe un rire et elle me suit en riant aussi. On arrête de rire en se regardant et c'est repartit dans un petit rire avant de vraiment s'arrêté, à l'entrée de ma mère dans la cuisine.

- Je ne serais pas là de la journée mais Cher, demande à Harry de t'amener au centre commercial, tu vas l'adorer.

Elle lui fait la bise, pose un bisou sur ma joue et s'en va. Où elle part depuis deux jours. Elle est vraiment bizarre... Depuis que Miss-Chieuse-et-méprisante-populaire a disparue, que l'université manque d'argent et que Cher est arrivée sans que j'en sois informé, elle est bizarre. Est-ce qu'elle a quelque chose à voir avec tout ça ou est-ce une coïncidence? 


Monsieur Le Président des USAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant