Chapitre 7

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J'ai froid et mes paupières sont lourdes alors je n'arrive pas à les ouvrir tout de suite. Après plusieurs reprises, je papillonne des cils pour rendre ma vue de moins en moins floue. Je peux ainsi détailler un l'endroit où je suis et il semblerait que ça soit une chambre, je dirais d'adolescent, mais pas la mienne. Je fronce les sourcils, où suis-je ? Brutalement, je m'assois pour mieux voir le papier peint de fausses pierres sur deux murs et de la peinture blanche sur le reste de ceux-ci. Cette pièce est plutôt banale en ameublement. Il y a un lit de deux places, un bureau bien rangé et une armoire encastrée dans le mur à l'Américaine. Je me lève avec curiosité, il faut que je sache où je suis. Cette chambre me dit quelque chose mais rien ne me vient.

J'ouvre lentement la porte et jette un œil dans le couloir pour voir si quelqu'un attend mais personne. Délicatement, je referme la porte derrière moi et m'aventure vers les escaliers en bois du fond du couloir étroit. Du bout de mes doigts, je ne peux pas m'empêcher de caresser la rambarde lisse en essayant de reconnaître cet intérieur chic et modern.

- Louis, amène lui aussi du lait.
- Tu crois qu'il se réveillera bientôt ?

Mon cœur ratte un battement. Quoi, je suis chez Louis ? Mais qu'est ce que je fous ici ? Et puis, où est Cher et ma mère ? J'entends des pas s'approcher du bas de l'escalier alors, sous la panique, je cours dans la chambre où je me remets dans le lit.

Ferme les yeux pauvre tâche.

Sur cette pensée, je ferme les yeux et en prenant une grande inspiration au bruit de la poignée qui se baisse, je me mets à respirer plus calmement malgré la boule dans mon estomac qui signifie surement que je stress. Ma tête orientée vers le plafond, je sens un visage se mettre au dessus de moi quelques instants. Louis, c'est quoi ce bordel putain ?

- Bon, tu dors encore...

Je sens une main se poser sur mon front et je fais de mon mieux pour ne pas sursauter.

- Tu es encore froid... J'aurais dû prendre un chocolat chaud. Quelle idée à la con ce lait froid.

Il parle souvent comme ça? Je savais qu'il était pas tout seul dans sa tête mais à ce point là... Je sens son soupir s'écraser sur ma joue alors, il doit être tout proche. Cette idée me fait frissonner.

- Harry ?

Il soupire de soulagement. Je crois que mon frisson a fait comprendre à Monsieur-le-mec-trop-bizarre que j'étais de nouveau moi-même. Grillé, j'ouvre alors les yeux et je me pince l'intérieur de la joue en fronçant les sourcils.

- Qu'est ce que je fais ici ?
- Ca me fait plaisir de te voir aussi Harry.
- Sérieusement Louis.

Je soupire et il comprend qu'il faut répondre à ma question. Si je pose une question, ce n'est pas pour faire joli hein... Il lève quelques instants les yeux avant de s'asseoir sur le bord du lit, faisant attention à ne pas m'écraser.

- Ta mère a ramenée Cher chez elle en voiture après qu'on t'ait retrouvé. Tu sais, tu m'as vraiment fait peur idiot ! Et puis, ta mère était furieuse que tu ne rentres pas lorsque tu as quitté le dîner. C'est parce que tu étais jaloux ?

Son sourire en coin le rend méprisant de penser cela de moi. Les espoirs font vivre mais ça s'arrête là hum. Cher est partit... Je n'ai même pas eu le temps d'assez la connaitre. On est sortit qu'une seule fois pour s'amuser avec ses amis. J'aurais pensé qu'elle resterait plus longtemps et qu'on pourrait se refaire une soirée comme celle-ci, loupé.

- Jaloux ? Jamais. Et puis, pourquoi Cher est rentrée chez elle ? 
- C'était prévu comme ça d'après ta mère. Tu crois qu'on la reverra ?
- Je ne sais pas trop...
- Peut être demain à Washington.

Je me surprends à sourire grâce à lui. J'avais oublié ce voyage avec le froid de canard qu'il y avait hier soir. Demain... Ça veut dire que je ne suis pas resté longtemps ici, rassurant ! Mais pourquoi je suis chez Louis ? C'est étrange de le voir si calme avec moi puisque nous ne sommes plus amis...

Pars ou reste mais fais ton choix Harry. Arrête de tourner autour du sujet sans savoir comment t'y prendre avec lui.

- Louis ?
- Hum ?

Son regard bleu est perçant et il me perturbe pour être juste. Il faut que j'en profite et que je lui pose TOUTES les questions que j'ai en tête !

- Pourquoi Eleanor ? Elle n'est pas du tout ton genre. Tu as toujours préféré les filles qui ne se prenaient pas la tête avec une tonne de maquillage H24. Et puis, pourquoi tu as changé si vite ? On était de bons copains et ma mère a toujours appréciée que tu viennes t'amuser à la maison. Tu n'as jamais été un Badboy Louis et je le sais. Tu as toujours aimé t'amuser et tu disais que l'alcool ne servait à rien, ça n'était que pour pourrir l'esprit. En plus, tu n'as jamais aimé les gens comme ceux que tu fréquentes. Pourquoi tu... -

En posant sa main sur ma bouche, il me fait taire. A chacun des mots que j'avais prononcé en laissant l'impression que j'en avais encore des millions d'autres, des questions de ce genre, son visage devenait de plus en plus perturbé par tout ce que je pouvais avoir vu durant ces quatre ans. Au début, ça l'avait un peu amusé, il me semble, mais maintenant, il semblait ne plus vouloir parler. J'aurais peut être dû en dire une après l'autre en le laissant répondre après chacune d'elles. D'un coup de main, je pousse sa main sans rompre le silence. J'attends qu'il parle (en espérant qu'il le fera), j'attends qu'il réponde mais rien ne sort de ses lèvres rosées et fines. Je soupire. Encore quelqu'un qui ne dira rien préférant me laisser dans l'ignorance.

- Laisse tomber.

Je me lève brusquement et je baisse les yeux vers mes vêtements qui sont secs et chauds mais qui ne sont certainement pas les miens. Je reconnaîtrais ce t shirt de football entre mille : c'est le sien, son favori, celui avec lequel il joue au football (ce qui est logique) mais aussi celui avec lequel il traine le soir, lorsqu'il fait un jeu vidéo ou regarde un film. Je me surprends à sourire en voyant que c'est son préféré qu'il m'a prêté même si ça me gêne un peu.

- Je te rendrais tes affaires plus tard. Tu as une veste ou mon manteau au quelque part ?

Je le vois rester figé en me fixant et ça parait un peu flippant. Ses yeux semblent vide, ailleurs. Je me baisse pour passer devant son visage mais rien, il ne réagis pas. Je tape donc des mains devant son visage et là, il sursaute d'un coup avant de froncer les sourcils. Génial, il ne m'a même pas écouté. Je soupire, encore, et j'en profite pour reformuler un peu ma question sans dire mon affirmation d'avant.

- Où sont mes affaires ?
- Dans le sèche-linge. Ils étaient tellement humides que j'ai eu du mal à te les enlever.

Son sourire en coin me fige à mon tour.

- C'est toi qui m'as habillé ?
- Oui, ma mère ne voulait pas le faire.
- Oh.

Oh ? Sérieusement, j'aurais peut être pu trouver mieux. J'appuie mes fesses contre le bureau en le regardant. Il est si différent qu'il l'était autrefois que ça me peine un peu. Il était génial à cette époque. Ce n'était pas l'idiot qu'il est maintenant. Il était plein de vie et ne voulait que s'amuser. J'avais l'impression de toujours m'occuper d'un enfant, d'être son babysitteur. A chaque fois que l'une de nos mères allait faire les courses, on allait au parc pour faire des courses ou jouer au football. Je crois que les meilleurs moments de ma vie sont ceux passés avec lui. C'est dommage que tout ça soit fini.

- De quoi ?

Je fronce les sourcils sans comprendre mais je prie tout de même pour ne pas avoir parlé tout fort.

- Qu'est ce qui est dommage d'être fini Harry ?
- Ton esprit d'enfant.
- Je suis sûr que sans cet esprit d'enfant comme tu dis si bien, je pourrais quand même te battre comme je l'ai toujours fait, au football.

Son regard de joueur, celui qu'il fait là, il est tellement amusant que je pourrais en rire mais non, je reste là à me poser une nouvelle question sur lui : Pourquoi il essaie d'être comme avant, gentil ?

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- Je t'avais dit que je gagnerais !
- On n'a pas encore fini la partie abruti !

Son rire est si doux que je ne me rends même pas compte que la balle entre une deuxième fois dans les cages de foot que je suis censé garder. Gardien à la con. Je ris à la propre insulte que je me fais dans mon esprit. Je suis aussi con que lui en fait mais, à ma façon.

- Bon sang, arrête de me regarder comme ça et joue !

Je secoue la tête et me voilà de nouveau sur Terre. Je vois la balle à son pied à attendre que je reprenne mes esprits mais avant qu'il ne s'en rende compte, je plonge à ses pieds et attrape la balle dans mes bras pour m'enfuir tout courant.

- Harry, viens jouer au lieu de faire l'enfant !

Je ris, encore et encore. Il a toujours détesté que je lui prenne la balle pour arrêter de jouer et partir en courant comme je le fais maintenant. J'ai toujours aimé qu'il haïsse ça alors à chaque partie, ça finissait comme ça, comme cet après midi. Je le vois du coin de l'œil, lever les yeux au ciel et je ris encore plus. Ça m'avait tellement manqué de l'embêter ainsi que c'est encore plus plaisant. Je m'arrête d'un coup de courir en voyant ma mère entrer sur le petit terrain.

- Harry, viens m'aider à ranger les courses s'il te plait.

Elle dit « s'il te plait » et c'est tellement rare que oui, j'hoche la tête pour lui faire comprendre que j'arrive. Je lève la main vers Louis pour lui dire au revoir du bout de terrain et je rentre en laissant le ballon au sol. En partant, je vois Monsieur-le-boudeur rester figé comme un piqué et ma mère lui lancer un regard mécontent et là, encore une fois, je ne comprends pas.

- C'était quoi ce regard maman ?
- Rien. Prends les sacs, on rentre.

Je vais à la voiture, prends les trois sacs en papier brun et je rentre chez moi. En poussant la porte avec mon pied, je regarde une dernière fois Louis qui semble fixer, à présent, le ballon sur le sol.


Monsieur Le Président des USAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant