Chapitre 19

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J'attends, encore et encore. Il ne semble pas trouver d'idée alors je cherche moi aussi mais j'abandonne vite. Je le regarde en me demandant pourquoi il est si muet et... Oh, Monsieur ne bouge pas parce que Monsieur dort. C'était génial, son idée de sortir d'ici mais on dirait qu'il a préféré faire une sieste avant... Je tourne en rond, encore et encore. Je ne trouve pas d'idée pour rejoindre les autres élèves alors je finis par allé me laver, me préparer puis m'allonger dans mon lit en fixant le plafond, me disant que je mourrai de faim ici. Mon estomac ne fait que râler et ça m'énerve encore plus. Je n'arrive pas à tenir en place tellement le creux dans mon ventre est douloureux. Je redescends mon échelle et souffle. Je me sens faible tellement la faim me ronge. Il faut qu'il me trouve une idée, il est doué pour ce genre de choses. Par genre de choses, je parle de s'enfuir d'un endroit. C'est tout de même lui qui a occupé les professeurs hier soir au point qu'ils en oublient de fermer la porte à double tour pour qu'on sorte tranquillement. En plus, en l'ayant vu plusieurs fois, je sais qu'il escalade souvent la maison de sa mère pour partir en soirée avec des amis...

- Louis, réveilles-toi.

Je fais presque pitié à le secouer très légèrement, par peur qu'il m'engueule parce que je le réveille.

- Louis, je t'en supplie.

Il ne bouge pas et ça me fait perdre patience. Je ne veux pas mourir de faim bon sang !

- Louis !!

Je le secoue d'un coup, beaucoup plus que précédemment et il se réveille en sursaut. Il ronchonne et je le lâche en m'asseyant à coté de lui, le dos contre le mur.

- S'il te plait Louis, sors moi d'ici.

- Je n'ai pas d'idée. On est au cinquième étage, ce n'est pas facile !

- Dors pas alors et cherches mieux !

Il soupire et se redresse. Il comprend en entendant mon estomac crier famine que ça devient une obligation, de sortir de là. Il semble réfléchir puis il me regarde, en se demandant si c'est une excellente idée. Qu'est ce qu'il va me dire de si tordu ? Toutes ses idées sont tordues de toute façon... Comme ses secrets d'ailleurs. Je me demande si, vu comme il était bourré avant qu'on rentre, il se rappelle du baiser ou pas. C'est une question bizarre mais voilà, je me la pose. Il me fait sortir de mes pensées.

- Tu as toujours le vertige ?

Sa question me fait un peu peur mais j'ai tellement faim, tellement envie de sortir et tellement envie de visiter la Maison Blanche que je réponds avec idiotie.

- Non. Dis-moi ton idée !

Je me lève du lit d'un coup et il sourit largement. Ca semble si diabolique que ça me fait peur. Ah non, c'est l'idée du vide qui me fait peur, pas son sourire bizarre ! Il ne me révèle pas son plan et s'habille. Je mets mon manteau et mes chaussures puis je jette un coup d'œil au miroir pour voir ma tenue entièrement noire : pull, jean, bottines. Ca fera l'affaire si je rencontre le Président. C'est simple mais c'est bien. Je deviens fou par l'envie de vouloir sortir d'ici, j'espère qu'on pourra la visiter, cette maison qui me hante depuis mon enfance. J'espère aussi que les professeurs ne diront rien ou ne nous verrons pas (ça serait mieux qu'ils ne nous voient pas d'ailleurs).

Louis ouvre la fenêtre et j'admire un instant le vent lui souffler dessus. Je souris et il me fait signe de venir.

Il passe le premier et escalade l'encadrement de l'ouverture pour poser pieds sur un rebord. Il longe le mur extérieur et entre dans la première chambre vide qui a la fenêtre ouverte. Il a fait ça avec tellement de talent, c'est incroyable ! J'en conclu vite que c'est à mon tour.

Je sens mon estomac se nouer et une boule de stress se former dans ma gorge. J'ai le vertige. Son idée est horrible ! J'enjambe la fenêtre et arrive dehors. Je me retrouve dos au mur et je prie pour ne pas regarder en bas. Curieux (et parce que ça ne serait pas drôle), je regarde en bas. Oh mon dieu, je veux descendre ! Je sens les larmes me monter alors que Louis me dit que ce n'est pas aussi haut que ça en a l'air. J'essaie de le croire mais je le haïe secrètement pour sa merveilleuse idée. Mes jambes tremblent et j'ai du mal à avancer alors je ne bouge plus, je reste là, à me demander si je vais mourir de faim ou mourir en tombant. Mes yeux fixent la rue et tous ces gens qui ne me voient même pas. J'entends Louis crier mais je n'arrive pas à me concentrer sur ses mots. Je suis paralysé et planté sur ce rebord en me demandant si ma fin est proche.

J'ai déjà dû escalader quelque chose de haut, une fois, avant aujourd'hui. Cette fois aussi, c'était avec Louis. On était jeune et il était monté à un arbre pour cueillir des cerises. Il voulait faire un concours de celui qui en ramasserait le plus mais vu qu'il était dans le cerisier, c'était de la triche. Je suis donc monté mais je n'ai jamais réussi à descendre seul. Ma mère avait paniquée lorsqu'au gouter, on était toujours dans les feuilles. Elle m'a supplié de descendre mais je n'ai jamais voulu. J'ai vraiment cru que je passerai ma vie dans cet arbre mais Louis est descendu, m'a tendu ses mains et en me parlant, il m'a tiré à lui pour qu'on tombe par terre. Imaginez ma mère, comme elle était furieuse. En plus, on n'avait pas ramassé de cerises sans les manger à la suite alors il n'y avait rien pour le dîner...

- Harry, regardes-moi !

Je sors de mes souvenirs en l'entendant me crier dessus alors mais je ne bouge pas.

- Non ! Laisse-moi, vas rejoindre les autres. Je reste là !

- Harry, ne dis pas de bêtises et regardes-moi sinon, je viens te chercher !

Je sens des frisons parcourir mon dos. Le vent souffle ce qui me donne un peu froid. J'aurais aimé ne jamais être sortit en boite de nuit, hier soir. J'aurais aimé ne jamais avoir eu l'idée d'écouter Louis et son envie d'escalade. J'aurais aimé ne jamais être sortit par cette fenêtre. J'aurais aimé entendre mon estomac râler sans cesse jusqu'à ce que les professeurs entre dans cette chambre tendit que j'aurais attendu dans mon lit.

- Harry, regardes-moi.

Sa voix se fait plus douce. Il est plus proche, beaucoup plus proche. Il est sortit de cette chambre pour me rejoindre. Le rebord étant un peu large, il est face à moi. Il se colle à mon corps pour ne pas tomber et il attrape mes hanches ce qui me fait encore plus peur de la hauteur. Et s'il tombait ? Et si on tombait tous les deux ? On serait mort comme des idiots.

- Fais-moi confiance, comme dans l'arbre quand on était jeune, d'accord ?

Je ne savais pas qu'il s'en rappelait ! J'hoche simplement la tête et il me guide doucement. Il essaie de me distraire, comme autrefois.

- Pourquoi tu veux tant visiter la Maison Blanche ?

- Je veux devenir Président.

- Ah oui ? Je ne le savais pas.

- Oui.

- Et pourquoi ce métier ?

- Je veux rendre le monde meilleur.

- C'est bien ça !

- Et toi, tu aimerais faire quoi comme métier ?

- Je veux être militaire. Je pourrais peut être, être ton garde rapproché quand tu seras au gouvernement.

- Pourquoi pas. C'est une bonne idée.  

Monsieur Le Président des USAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant