Chapitre 9

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Après plus d'une heure avec la tête vers le sol, elle passe une main dans ses cheveux pour les mettre derrière ses oreilles et je peux voir un peu mieux son visage. Franchement, je ne connais même pas son prénom mais elle semble si timide et fragile que je n'ose pas briser le silence. Elle relève la tête vers moi et me sourit un peu avant de regarder face à elle. Avec un peu de courage et de cran, je pose enfin ma question.

- Tu vas bien ?

- Oui Harry, ça va.

Je souris puis le perds assez vite en me rendant compte qu'elle connait mon prénom alors que moi non. Merde, je dois lui demander ou pas ? Non, ça doit être mieux de faire comme si je la connaissais aussi... Je pose mon regard sur le hublot et ouvre le petit volet pour admirer les nuages.

- Tu crois que Barack Obama sera à la maison blanche quand on va la visiter ?

- Non, je pense qu'il a mieux à faire...

J'hausse les épaules après ma réponse à sa question.

- Louis est con, pas vrai ?

- Oui même plus que cela.

Je me surprends à sourire en insultant ce putain de Louis si petit que ça me perturbe toujours.

- Tu crois qu'il grandira un peu plus, en taille je veux dire ?

Elle rit à ma question. Je me sentais obligé de la poser mais puisqu'elle trouve ça marrant, et que moi aussi, on rit ensemble.

Sur ce long trajet, nous avons eu le temps d'apprendre à nous connaitre. J'ai pu apercevoir sur sa gourmette qu'elle s'appelle Jessy et qu'elle est née en 1994 du coup, elle a le même âge que moi. Elle m'a aussi dit qu'elle aimait les USA et qu'elle y était déjà allée avec son père. En plus, elle a pu découvrir le Madison Scare Gardian vide. Son père travaille pour un grand groupe de musique, les Five Second Of Summer il me semble. D'ailleurs, elle m'a proposée de m'amener à cette salle, un soir où il n'y aurait personne, pour me montrer l'immensité que c'est. Jessy a découvert de moi que je joue de la guitare et que j'aimerais apprendre le piano, que je chante seulement sous la douche et que ma mère est « collante et bizarre », comme elle le dit si bien. Elle n'arrête pas de m'embêter en disant que j'aime beaucoup plus Louis que je ne le prétends mais on a beaucoup rit quand elle m'a fait part de la soirée chez Louis d'il y a un mois, où il avait essayé d'embrasser toutes les filles qui étaient présentes pour embêter Johanna et qu'il s'est prit plus de râteaux que j'en aurais surement dans toute ma vie.

Jessy non plus, n'aime pas les soirées mais elle aime sortir avec le peu d'amis qu'elle a pour aller boire un coup ou bien danser dans un bar branché. Elle est très drôle et elle parle un peu l'espagnol ce qui a le don de m'épater. Elle m'a promis de m'amener à la plus grande patinoire des USA pendant notre séjour et même si c'est un peu loin de Washington, elle a dit qu'il fallait vivre au lieu de suivre les professeurs qui nous amènent là-bas et puis, elle a raison : je suis venu en contre disant ma mère alors ce n'est pas pour écouter toutes les consignes que l'on nous donnera et les respecter à la lettre. Je suis là pour vivre, pour souffler et pour profiter des USA pas pour visiter des musées tous les matins, manger au McDonald's les midis et faire du shopping chaque après midi. Non, on va aller à cette patinoire et nous allons nous amuser comme des fous !

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Je sens l'avion descendre et mon cœur bat de plus en plus vite. J'ai comme l'impression que mes tympans grossissent à cette pression de l'air, ça fait bizarre et mal en même temps. J'agrippe les accoudoirs de mes mains et je vois du coin de l'œil que Jessy rigole en me voyant faire. Elle me parle en rigolant et je pense que c'est pour me dire de rester calme mais je ne l'entends pas bien. Je vois à travers la fenêtre que nous descendons vers l'aéroport qui semble être encore plus grand que celui de Londres et, en descendant un peu plus le regard, j'aperçois une main passer entre mon siège et le hublot pour se poser sur la mienne et je fronce les sourcils en voyant l'un des tatouages de Louis. Je n'arrive pas à retirer ma main à cause de toute cette panique en moi alors, je ne dis rien et l'avion s'arrête enfin. Je lâche un long souffle en regardant quelques instants devant moi. 

Je repose rapidement mes yeux à ma main pour essayer de comprendre son geste mais la sienne n'y est plus. Ai-je rêvé à cause de toute cette peur ?

Tu n'es pas con non plus, Harry. Tu l'as bien sentit, sa peau si douce non ?

Je me détache et regarde rapidement derrière mon siège mais la place est vide. Je me rends compte que tout le monde est debout alors c'est peut être pour cela qu'il n'y a personne derrière moi mais, il était bien là, j'en suis sûr !

Et si tu étais fou au point que cette idée soit fausse ?

Je me lève en ignorant une énième fois ma conscience et rejoint Jessy dehors. On récupère nos valises et on monte dans un bus qui nous amène jusqu'à l'hôtel.

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L'entrée de l'hôtel est un peu sale et ne donne pas très envie d'entrer pour commander une chambre mais il semblerait que l'université ai payé ce lieu pour dormir ici alors, puisque nous sommes à Washington, je ne recule pas devant cet endroit merdique. L'accueil est tout petit. Seulement six personnes à la fois peuvent rentrer. Il n'y a pas beaucoup de clients à part nous mais quelques uns parlent espagnol ce qui a le don de faire sourire Jessy. On avance aux escaliers larges (mais anciens) pour monter à notre chambre une fois les clés données à nos professeurs.

La porte est dure à s'ouvrir mais je finis par donner un gros coup d'épaule à celle-ci et elle s'ouvre devant moi. La chambre fait plus dortoir qu'hôtel mais ça ne servira qu'à dormir après tout... Six lits jumeaux en étage se dressent sur la longueur presque impressionnante de la pièce et je vais vite vers le fond pour prendre le lit du haut, vers la fenêtre. Je pose mon gros sac sur le matelas et je regarde les autres essayer de trouver le meilleur lit pour se le réserver. Jessy prend celui d'en dessous du mien. Je range mes quelques vêtements pliés dans l'armoire que nous allons partager tous les deux et Louis choisir le lit juste à coté du notre. Il prend le matelas d'en haut aussi et me sourit avant de faire de même avec ses affaires.

Tout le monde trouve enfin un lit qui lui convient pour y passer trois nuits et nous rangeons tous nos vêtements dans les armoires longues mais étroites, tellement étroites que nous avons deux étagères pour mettre une pile par planche. On met nos sacs vides sous les lits et je souris à Jessy en me redressant.

Un oreiller vient me taper le dos et je fronce les sourcils en l'attrapant et en me retournant. Louis, un sourire au coin des lèvres, me fixe pour voir ce que j'allais faire alors, je m'approche de lui et je le tape avec son coussin. Il crie d'arrêter en riant à moitié mais je n'arrête pas. Il se baisse légèrement (alors qu'il est déjà assez petit comme ça) pour me faire des chatouilles. Je lâche le coussin en riant et essaie de le repousser en lui disant d'arrêter. En voyant que je n'ai plus beaucoup de souffle, il s'arrête et sourit.

- On ne m'attaque pas quand on craint les chatouilles.

Oh, le connard !

- C'est toi qui as commencé ! Puis, on ne s'attaque pas aux plus grands que soi.

- Non, on ne s'attaque pas aux plus petits que soi.

Il me corrige et je souris. Oui, t'es petit mais t'es un peu con de l'admettre alors que tout le monde le sait déjà rien qu'en te voyant. Je regarde enfin autour de nous et je vois que tous les yeux sont posés sur nous alors je ne dis plus rien et je monte dans mon lit comme si rien ne s'était passé. Louis me regarde faire en passant une main dans ses cheveux puis il part discuter avec d'autres élèves aussi chiants et cons que lui.

Il est si sexy, hein ?

Ta gueule putain. 


Monsieur Le Président des USAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant