L'Assassin du Roi (Le Grand Royaume #1)

Chapitre 3

Le cortège royal s'installa dans une clairière pour camper. La nuit était fraîche et leur feu semblait attirant. La cape que j'avais tiré des sacoches de ma selle ne me tenait pas assez chaud. Je la resserrai autour de moi, cherchant de la chaleur dans le velours blanc immaculé.

En vain. J'avais froid. J'avais envie de rejoindre le Prince et sa garde de fortune pour me réchauffer un peu. Toutefois, en plus de ne pas être invitée, je ne tenais pas à endurer leur présence. Pas même pour un bon feu.

Je remontai en selle, décidée à poursuivre ma route. J'arriverai au château bien avant eux. Sans avoir à faire semblant d'être une dame convenable, j'allais pouvoir galoper sans m'arrêter.

- Miss Marchetta ? Où allez-vous donc ?

Je retins une grimace. Mince. Ils m'avaient vue. J'aurais espéré pouvoir partir sans qu'ils me remarquent. Au lieu de ça, j'allais devoir expliquer pourquoi je reprenais ma route.

- Je vais au château, Votre Altesse.

- Il va bientôt faire nuit. C'est insensé ! Venez ici.Vous dormirez dans la tente.

Le dilemme qu'il me présentait était difficile à résoudre. Il le résolut pour moi.

- Allez. Venez vous asseoir près du feu. Vous êtes déjà bleuie par le froid.

Je me résignai. Je descendis de cheval, attachai Rosebird au même arbre que Black Victoire. Les deux s'entendant à merveille, il était préférable de laisser ma jument près de lui. Elle avait tendance à devenir nerveuse une fois la nuit tombée.

Je m'approchai, réellement mal à l'aise pour une fois. Ryker se décala et me fit signe de venir m'asseoir près de lui. Je laissai un espace entre nous, lissant les plis de ma tenue. Mes bottes étaient maculées de boue. Je ramenai mes jambes près du tronc d'arbre sur lequel j'étais installée pour le cacher comme je pus.

- C'est très gentil de votre part, Votre Altesse, dis-je sans le regarder. Je vous suis reconnaissante de m'accueillir dans votre camp.

- Quel prince serais-je si je laissais une jeune femme seule faire un si long voyage de nuit ?

Vous seriez le digne fils de votre père, songeai-je sans le dire.

Je forçai un sourire à son égard, gardant ma réponse pour moi. Il serait si facile de lui trancher la gorge... Ses gardes n'étaient pas fait pour la protection d'un membre de la famille royale. Les réduire au silence ne prendrait pas longtemps. Tous autant qu'ils soient, ils ne se méfiaient pas. J'étais une femme. Je n'étais pas censée représenter un danger.

La dague lovée dans son fourreau sur ma hanche et les dégâts qu'elle avait fait sous leurs yeux n'avait pas marqué leurs petits esprits.

Un garde, grand et efflanqué avec une tignasse rousse comme il était rare d'en voir, me tendit une gamelle. Je ma réceptionnai, réchauffant mes mains au contact de la ferraille chauffée par la bouillie à l'intérieur.

La nuit était calme. Le ciel s'était rapidement noirci, recouvrant le monde d'une couverture de velours tissée d'étoiles scintillantes. La lune n'était pas visible depuis mon siège. J'eus beau regarder entre deux cuillerées, elle était invisible.

Une douce brise fraîche s'enroula autour du camp, portant avec elle les effluves puissantes de la nature. Les feuilles bruissèrent. Je me redressai sans m'en rendre compte, alertée. Je posai ma gamelle à mes pieds, scrutant les bois.

Nouveaux bruissements. Ce n'était pas un animal. C'était un homme. De cela, j'étais sûre. Je me levai.

- Il y a quelqu'un dans les bois, Votre Altesse.