Le Roi cria à son fils d'ordonner le scellement du château. Ryker repartit aussi vite qu'il était arrivé. En laissant la porte ouverte, ce qui illuminait le visage du Roi. Dès que le Prince fut parti, ses traits se transformèrent par une rage peu commune. Il bondit sur ses pieds, attrapant son épée au vol, et se projeta vers moi.
Je fis un pas de côté pour l'éviter. Son épaule percuta la mienne, nous déstabilisant tous les deux. Je me rattrapai au mur alors qu'il traversait le petit salon, plié en deux, entraîné par son élan.
- Espèce d'idiote ! beugla-t-il.
La comparaison ne me ferait pas venue naturellement. Cependant, en le voyant ainsi, il me fit penser à un taureau que l'on aurait passablement énervé.
- Tu ne peux donc jamais faire ce que l'on attend de toi ?!
Je ne comprenais pas où il voulait en venir. Qu'avais-je fait que je n'aurais pas dû faire ? Je n'avais pas bougé un membre. Que pouvait-il bien me reprocher ?
- Tu me gâches la vie ! N'arriverai-je donc jamais à me débarrasser de toi ? J'avais prévu te rendre la tâche facile mais tu ne me laisses plus le choix ! Si tu avais saisi l'occasion que je t'ai offerte... !
Il revint à la charge et l'esquiver fut impossible. Sa lame glissa contre la dague que j'avais levée en défense, manquant de me trancher un doigt.
- Tu avais une ouverture inespérée ! Pourquoi n'as-tu rien tenté ?!
Je le repoussai de toutes mes forces, grognant sous l'effort. Je reculai, épiant chacun de ses mouvements. Il écumait ; j'avais l'esprit en déroute. Je venais de comprendre ce qui le mettait aussi en colère.
Il avait voulu que son fils me voit en train d'assassiner son père. Il avait voulu que je saisisse l'occasion et me jette sur lui pour le poignarder au moment où son fils entrerait dans la chambre et serait témoin de mon régicide.
La colère monta à la façon d'un raz-de-marée. Je n'étais qu'un pantin dans la main des plus puissants. Cela me rendait folle de rage. Quinten Madsen manipulait tout le monde comme un marionnettiste. Il s'amusait avec sa Cour et ses ennemis, jouant aux échecs, jouant à dieu.
Il avait prévu la libération de la Faerie ; il avait voulu que je le tue pour que sa mort soit moins douloureuse. Mais aussi pour m'éloigner définitivement de son fils. Pour que Ryker ne profite pas de sa mort pour m'épouser envers et contre tous.
- Vous avez échoué, crachai-je. Vous avez trop parlé. Je ne vous tuerai pas. Je vais laisser le Roi Noir le faire à ma place. Je pense qu'il va beaucoup s'amuser avec celui qui l'a enfermé dans une cage sous la terre.
- Tu n'as juste pas ce qu'il faut pour me tuer, gamine ! ricana-t-il en s'approchant. Toutes ces années d'éducation sévère et intensive pour rien ! Jon doit se retourner dans sa tombe !
Je haussai les épaules. Jon n'avait plus tant d'importance que cela. Il était mort. Il ne me contrôlait plus. Je ne jouerai pas le jeu du Roi. Je le tuerai pas. Ce serait lui témoigner une pitié que je n'avais pas pour lui.
Dans les couloirs, les hurlements commencèrent à résonner, stridents, terrifiés. La Faerie était déjà aux portes du château, plus prête que jamais à s'en emparer.
- Ça commence, sourit le Roi. Je vais partir avec les honneurs. Je resterai dans l'Histoire de notre monde, petite fille. Que tu me tues ou non, cela ne changera rien. Je suis une partie de l'Histoire.
Il était fou. Il n'y avait pas d'autre explications à un tel comportement. Il avait prévu la chute de son Royaume pour marquer l'Histoire. Une Histoire qui ne serait jamais écrite si la Faerie prenait le pouvoir. Le Grand Royaume allait tomber aux mains de ses ennemis et il n'en resterait plus rien. Ryker n'aurait plus de peuple sur lequel régner.
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L'Assassin du Roi (Le Grand Royaume #1)
FantasyDepuis son enfance, Sixtine attend ce jour. Elle entre enfin à la Cour du Grand Royaume comme gouvernante de la Princesse Addy. Elle se rapproche du but de sa vie : tuer le Roi pour venger l'assassinat de sa famille. Mais assassiner un Roi n'est pas...