Chapitre 14

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Judeen m'apporta mon petit-déjeuner avec un air effrayé sur le visage. Selon elle, le Roi avait exigé que j'aille dans la Salle du Trône après mon repas. Il avait l'air furieux. Elle était terrifiée.

Comme cet homme qui avait préféré se jeter de ma fenêtre plutôt que d'être fait prisonnier.

Le Roi était un monstre. Il n'y paraissait pas de prime abord mais il l'était. Si même un homme comme celui qui m'avait agressée refusait de lui faire face, choisissant le suicide, il était pire que je ne l'avais cru.

Était-ce possible ? Qu'il soit pire que je l'avais imaginé toute ma vie ? Cela me semblait assez improbable. Il avait toujours été le Diable personnifié. Pire que les plus noirs Unseelies, les Maîtres de la Coercition. Une façon presque innocente d'évoquer la torture qu'ils étaient capables d'infliger sans tuer.

L'estomac noué, je ne parvins pas à avaler quoi que ce fut. Je me levai et laissai ma femme de chambre m'aider à enfiler une tenue qui n'était sûrement pas assez bien pour rencontrer le Roi mais qui était ma dernière tenue convenable en dehors des robes aux bords usés ou aux couleurs inappropriées.

De plus, je ne tenais pas vraiment à me retrouver en robe pour le moment. Un pantalon me semblait plus sûr. Je refusais de prendre un quelconque risque. Il avait lancé trois hommes après moi pour me violer. De quoi était-il capable d'autre ?

Judeen et deux gardes m'escortèrent jusqu'à la Salle du Trône. Les deux hommes stationnés à l'entrée poussèrent les deux lourdes portes pour me permettre d'entrer.

Les conseillers du Roi étaient installés dans leurs sièges sur la gauche du Roi, leurs tempes grisonnantes, leurs yeux à moitié fermés. Seul le Roi était installé sur l'estrade, les trois sièges de la Reine, du Prince héritier et de la princesse.

Un homme était debout à côté du siège royal, drapé dans une cape bordeaux brodée d'un emblème noir. L'Intendant. Jullian si je me souvenais bien. Il me regarda avec une haine immense dans les yeux. Je frémis. Son visage était couvert de griffes et de bleus. Il portait même un bras en écharpe.

Je forçai une révérence en grinçant des dents. Le Roi se leva et s'approcha de moi. Je fixai ses bottes. Abîmées mais lustrées, ornées d'une tête de lion en or sur le haut, orientée vers l'extérieur.

Je cillai. Je me souvenais de ces bottes. C'était la seule image qui demeurait de mon enfance. Mes mains dans la boue, ces bottes à deux mètres. Couvertes de saletés et du sang de mes parents.

Tout mon être se tendit. Mes nerfs vibrèrent, mes mains se crispèrent. Je regrettais de ne pas avoir ma dague. S'il tentait quoi que ce soit, je voulais pouvoir lui trancher la gorge. Je n'hésiterais pas une seule seconde s'il me donnait une occasion.

Je pouvais toujours prendre son épée. Elle pendait à son côté, se balançant, cliquetant joyeusement. Il me suffirait d'une prise pour la récupérer et la lui planter dans le ventre.

J'allais ouvrir la bouche lorsque sa main jaillit et me frappa en travers du visage.

Je perdis l'équilibre, chutai sur ma hanche déjà endolorie. Je grimaçai, portant une main à ma joue. Ma peau brûlait. Un goût de sang emplit ma bouche. Je crachai, aspergeant le marbre devant ses bottes.

- Comment avez-vous osé ?! cria-t-il.

Il me prit par les cheveux et me força à me relever. Je plantai mes ongles dans son poignet, le faisant pester et me projeter en arrière. Je titubai, regagnant un semblant de stabilité sur mes jambes.

- Vous avez tué les servants de Lord Jardy ! N'allez-vous donc jamais cesser de poser des problèmes ?

- Ils sont entrés dans mes quartiers et ont essayé de m'agresser, Votre Majesté ! répliquai-je, agissant comme si j'ignorais qu'il était celui qui avait prémédité l'attaque.

L'Assassin du Roi (Le Grand Royaume #1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant