Ma tête bourdonnait. J'avais été tirée du lit à une heure impossible par un Jedrek fanfaronnant que ma journée allait être longue et pénible. J'ignorais pourquoi il disait ça. Ce dont j'étais sûre, toutefois, c'était qu'entendre sa voix dès le réveil, c'était la pire chose qu'il pouvait m'arriver.
Je me rendis vite compte que j'avais tort. Au petit-déjeuner, Lady Persley avait un étrange sourire et ne para presque pas. J'eus le sentiment d'avoir changé de monde. Ne pas l'entendre piailler sans cesse dès le réveil était une expérience que je ne pensais pas vivre un jour.
La raison de ce surprenant silence ne tarda pas à se dévoiler. Son sourire était déjà éclatant lorsqu'elle parlait avec Ryker mais lorsqu'elle me vit approcher avec Jedrek, il devint éblouissant. Si large qu'elle finit par ressembler à un monstre.
- Oh, vous voilà ! Je vous cherchais, commença Ryker.
- Votre Altesse, répondis-je poliment avec une révérence. Lady Persley.
- Miss Sixtine ! s'exclama cette dernière en posant une main sur mon épaule. Je vois que vous savez enfin viser à votre hauteur !
Je cillai, prise au dépourvu.
- D-De quoi parlez-vous ?
- Ma femme de chambre vous a vue cette nuit, sortir avec ce cher Capitaine.
Il ne me fallut pas plus de quelques secondes pour comprendre où elle voulait en venir. Le Prince, lui, avait les sourcils froncés.
- Je crois que vous vous trompez, Lady Persley. Le Capitaine m'emmenait voir le médecin royal. Rien de plus.
Aussitôt, son expression changea. De même pour celle du Prince.
- Êtes-vous malade ? me demanda ce dernier avec ce qui me parut être de l'inquiétude dans la voix.
- Pas vraiment, Votre Altesse. J'ai simplement ce problème qu'ont toutes les femmes. Lady Persley doit savoir à quoi je fais référence, n'est-il pas ?
La lady était rouge comme une tomate et m'assassinait du regard. Je lui fis un petit sourire innocent dans le seul but de l'ennuyer encore plus.
- Mère dit que seules les filles de mauvaise vie ont ce problème. Je ne l'ai donc pas, évidemment.
- Je vous plains, ma chère. Si cela s'apprend, vous ne trouverez pas de bon mari car ce problème est l'apanage des femmes capables de donner un héritier... Demandez donc à votre mère.
Retenant un sourire rayonnant de victoire, je me tournai vers le Prince pour une révérence.
- Si vous voulez bien m'excuser, j'ai une leçon de biologie à donner à son Altesse la princesse Addy. Peut-être voudriez-vous vous joindre à nous, Lady Persley ?
Celle-ci poussa un cri de rage et leva la main pour me gifler. Je ne cillai même pas. Comme je m'y attendais sa main fut parée. Par deux autres, ce qui fut la seule surprise. Je n'aurais pas pensé que Ryker s'interposerait en sachant que Jedrek allait déjà le faire.
- Votre Altesse ! se récria-t-elle, stupéfaite.
- Puis-je savoir quelle mouche vous a piquée ? Vous ne comportez pas comme une lady mais comme une tenancière de taverne ! Je vais devoir parler à votre père de votre comportement. Vous n'êtes pas chez vous. Personne ne vous a permis de frapper ceux qui vivent ici.
Elle dégagea sa main et pointa un index tremblant vers lui.
- Vous savez très bien que nos pères ont d'ores et déjà prévus de nous marier ! Ce château est déjà comme le mien ! Je peux accepter que vous profitiez de ce qu'il vous reste de liberté mais pas que vous laissiez votre maîtresse m'humilier sans intervenir !
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L'Assassin du Roi (Le Grand Royaume #1)
FantasíaDepuis son enfance, Sixtine attend ce jour. Elle entre enfin à la Cour du Grand Royaume comme gouvernante de la Princesse Addy. Elle se rapproche du but de sa vie : tuer le Roi pour venger l'assassinat de sa famille. Mais assassiner un Roi n'est pas...