Chapitre 26

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La robe que m'avait confectionné le tailleur était un bijou. Toute de soie argentée, brodée de perles laiteuses et de fleurs dorées. Elle brillait sous la lumière des bougies, me donnant l'impression de scintiller comme une créature magique. Je ne savais pas s'il l'avait fait exprès mais M. Midd m'avait donné une robe digne d'une princesse.

Perchée dans des escarpins trop hauts pour moi, je sortis de mes quartiers avec l'espoir que le chignon compliqué que m'avait fait Judeen tienne jusqu'à ce que je puisse fuir le bal.

Dans le couloir, je croisai les Marchetta. J'avais à peine entrevu Jon et me retrouver face à lui ainsi... Je fus désarçonnée. Il ne m'adressa pas un mot, son regard sévère parlant pour lui.

- Il y en a au moins une qui va s'amuser, siffla Millie. Pense à nous en dansant avec le fils Madsen, milady.

Gaelen ne prit même pas la peine de me jeter quoi que ce fut à la tête avant de se détourner et de retourner dans la chambre qui lui avait été attribuée dans les quartiers des invités.

Je vis l'ombre sur le visage de Patsy alors qu'elle détaillait ma robe des yeux. Elle se rappelait sans aucun doute les bals aux côtés du Roi qui l'avait courtisée avant qu'elle n'épouse son meilleur ami. Le regret semblait avoir un goût amer.

- Amuse-toi bien. Les bals royaux sont toujours merveilleux, dit-elle, la voix quelque peu chevrotante, avant de suivre ses filles.

Kellan, écrasé par la présence paternelle, se contenta d'une rapide étreinte et d'un baiser sur ma joue. Il disparut dans ses propres quartiers comme s'il avait la mort aux trousses. Jon faisait souvent cet effet.

Je n'en menais pas large, confrontée seule à Jon.

- N'oublie pas pourquoi tu es là et grâce à qui, murmura-t-il avec colère.

- Vous avez fait tuer une innocente sous des prétextes mensongers pour me donner cette place, répliquai-je. Vous pensiez que je ne le découvrirais pas ? Vous aviez tort.

- Quel intérêt a la vie d'une inconnue idiote et inutile quand sa mort t'ouvre la porte de la vengeance ?

- Vous allez trop loin. Cette pauvre femme n'avait rien fait de mal et vous l'avez menée à la pendaison !

- Ce n'est que l'un des nombreux dommages collatéraux que doit encaisser la main régicide. Je te pensais plus forte que cela. Je me suis trompé sur toi. On dirait que la vie à la Cour t'a transformée en joli toutou d'apparat pour la famille royale.

Sa voix s'était élevée sur les dernières phrases. Il se moquait qu'on l'entende me rabaisser et m'humilier. Je lui décochai un grand coup de poing en pleine mâchoire. Il ne l'avait pas vu arriver. Il n'aurait jamais songé que j'oserais le frapper en plein couloir passant.

- Ne me parlez plus jamais sur ce ton, Marchetta.

- Il vaudrait mieux pour lui, ricana Jedrek en arrivant. Si cette altercation parvient aux oreilles du Prince, vous pendrez au bout d'une corde dans l'heure.

Il me tendit son bras.

- Je suis là pour vous escorter jusqu'à la salle de bal, milady.

- Voilà donc ce que tu es devenue, Sixtine. La pute du Prince héritier. Tu n'imagines pas ma fierté de t'avoir élevée comme ma propre fille.

- Je ne suis pas votre fille et vous me l'avez toujours bien fait savoir, répliquai-je sans même me retourner.

Bien que je fasse bonne figure, j'avais le cœur serré. Cette fois, l'illusion d'une famille avait bel et bien explosé. Je n'en avais jamais eue et je n'en aurais jamais.

L'Assassin du Roi (Le Grand Royaume #1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant