L'Assassin du Roi (Le Grand Royaume #1)

Chapitre 15

Lady Persley était ravissante. Sa peau était laiteuse et semblait très douce. Sa chevelure cuivrée était relevée dans une coiffure compliquée sur sa nuque, soulignant la longueur de son cou, sa pureté. Ses lèvres étaient d'un rouge profond, soutenu, qui relevait admirablement la couleur vert pâle de ses yeux.

Un sourire étira ses lèvres lorsqu'elle vit le Prince.

- Votre Altesse ! Je vous ai cherché partout !

Sa voix haut-perchée me vrilla les tympans.

Je fronçai les sourcils. Elle me parut trop familière avec Ryker. Si familière en fait, que j'en fus mal à l'aise. Elle s'accrocha à son bras, pressant sa poitrine volumineuse contre son biceps.

Je comprenais mieux soudain que le Prince râle après elle. Son niveau de vulgarité atteignait des records.

- Nous partons en pique-nique ! Vous devez venir, Votre Altesse. Votre sœur a déjà accepté de venir. Vous ne pouvez nous décevoir.

- Vous ai-je présenté Lady Sixtine ? éluda Ryker, ignorant royalement les élucubrations de Lady Persley.

Lady Persley fit une moue écœurante. Elle força une révérence pour moi. Je la lui rendis, frémissant lorsque la main du Prince bougea dans mon dos.

- Joignez-vous à nous, Lady Sixtine, m'enjoignit-elle avec tant de miel dans sa voix aiguë que je faillis vomir. Peut-être son Altesse sera-t-elle plus coopérative pour se joindre à nous.

Sa fausseté me rendait malade. J'aurais voulu l'assommer pour la faire taire. Sa voix était insupportable sur le long terme.

Je forçai un sourire en me tournant vers Ryker.

- Si votre sœur participe à cette sortie, je ne peux ne pas y aller, Votre Altesse.

Il me regarda presque trop longtemps.

- Très bien. Je viendrai pour vous, Lady Sixtine. Ma sœur est un très mauvais guide et vous n'avez jamais rien vu des magnifiques paysages de Phyre.

- Vous n'êtes jamais venue à Phyre avant, milady ?

Je retins une grimace à l'entente de la voix de Lady Persley. Le pouce de Ryker caressa le bas de mon dos, apaisant.

- Non. Je n'ai jamais quitté le sud du Royaume.La capitale est si différente.

- Vivre ici vous plaît-il ?

Ses mots étaient si coulants, si faussement intéressés que je sus ce qu'elle voulait vraiment dire. Elle voulait me voir repartir. Elle n'avait pas la subtilité de le cacher.

Je souris de plus belle, posant une main sur le bras du Prince.

- Comment pourrais-je ne pas apprécier une telle capitale ? Son Altesse m'a montré les Jardins et je suis sous le charme. Je n'ai jamais rien vu d'aussi beau.

- Vous ne m'avez jamais fait visiter les Jardins, Votre Altesse, lui reprocha-t-elle, semblant serrer un peu plus son bras.

- Vous n'en avez jamais eu besoin, Lady Persley. Lord Anton vous a fait une visite très complète lors de votre arrivée.

Elle rougit furieusement. Je souris, me ravissant de cette joute. Je m'amusais comme une folle. Millie et Gaelen m'avaient bien rodée à ce genre d'échanges faux et doucereux. J'avais appris à les apprécier et à m'en amuser.

- Veuillez nous excuser, Lady Persley. Si nous désirons nous joindre cette sortie, il nous faut aller nous préparer.

- Nous partons dans une heure, Votre altesse.