Chapitre 15

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Le noir. Le froid. Le silence.

Le cachot.

Ça y est, j'y étais. C'était vraiment un endroit horrible. Les murs de pierres pourrissaient à la surface d'une couleur verdâtre. Au toucher, ils étaient froids et mouillés. Je m'assis. Le sol aussi était glacé et était fait de terre. Tout était froid et poussiéreux. Tout. Seul une mince lumière éclairait les atrocités de cet endroits, venant de la fenêtre à barreaux. C'était la nuit.

Trois lunes, bizarre.

Dans un coins, il y avait un draps. Cela devait être mon lit, enfin une sorte de lit. Je m'approchais de la fenêtre. Le vent glacé sur mon visage me fit l'effet d'une claque. Mes cheveux volèrent à cause de la brise du soir. Enfin si c'était réellement le soir. Je regardais au loin la forêt que j'avais déjà aperçue quand j'étais sortie de la grotte et que j'avais vu pour la première fois Valmar. J'étais émerveillée ce jour-là. Tout était si parfait. Flama. Le voyage dans le temps chez Napoléon avec le bal. Et il a fallu que Firiel se rende compte de quelque chose et qu'elle nous punisse. Ça ne pouvait pas se passait autrement. Non ! Si j'avais su qu'un endroit comme le cachot existait...Mais pourquoi je suis ici ? Pourquoi moi ? Je n'ai rien de spécial. Je suis juste une jeune fille qui s'apprêtais à faire sa rentrée de troisième comme tout le monde, comme une personne normale, qui vit dans un monde normal où tout est parfaitement normal !
La colère montait, je la sentais, elle sortait. Mais ça faisait du bien de s'énerver, ça permettait d'évacuer tout ce qu'on n'aime pas, tout ce qu'on ne veut pas garder en nous. Je me dirigeai vers les barreaux de la porte. Je les secouais encore et encore. Mais rien ne se passa. Rien. Que dalle comme on dit dans mon monde, dans ma ville, dans ma maison. Que dalle.
La colère faisait place à la panique. J'étais en train de péter les plombs.
Je faisais les cents pas dans ma cellule. Tellement elle était petite, ça me donnait le tournis. Je m'arrêtais. Je recommençais. Je m'arrêtais. Je recommençais. Je pris la couverture et la lançai à l'autre coin de ma cage à oiseau. Comment je vais sortir d'ici ? Je vous le demande.

Il fallait que je tape sur quelque chose.

Les murs.

Je mis mes mains en poings et tapais. Tapais encore et encore. Je saignais mais tant pis. Je continuais. J'arrêtais quand je ne pouvais plus supporter la douleur.

Stop !

Je m'assis au centre de ma geôle, regardais mes mains. Elle étaient rouges de sang et elles me faisaient horriblement mal. Mais c'était un mal qui faisait du bien.

Plus un bruit. Seul le clapotis des gouttes au dehors brisait le silence. Le silence . Le beau silence mais il ne dura pas longtemps.

J'entendis un bruit qui provenait de la porte, je m'approchais.

- Il y a quelqu'un ? criai-je

Pas de réponse. Quelque chose creusait juste à côté de moi mais je ne voyais rien. Le bruit s'intensifia. J'avais peur. Si ça se trouve, c'était un monstre qui allait me manger toute crue, sans aucune pitié. Ou alors c'était mon prince charmant qui venait me libérer de cette prison infernale.
Non ce n'était rien de tout ça. C'était un animal. Un gros animal. Un gros rat, énorme, qui essayait de se faufiler entre les barreaux de fer de la porte.
Beurk.
Ce n'était vraiment pas mon animal préféré. C'était gros, le poil gris. Et ça avait une queue tel un gros verre de terre. Et leur tête était toute petite mais toute méchante avec leurs dents pointues.

- Allez, va t'en, dis-je en parlant au rat. Oust !

Je faisais des gestes de la main pour qu'il ait peur de moi. Il réussit à se glisser hors de la prison. Ah la chance. En faite, à ce moment là, à ce moment précis, j'adorerais être un rat, ou une souris c'est plus mignon, pour sortir de cet endroit insalubre et retrouver Matt.

Matt !!

Je l'avais oublié. Où était-il ? Est ce qu'on lui a fait du mal ? Qu'est ce qu'il fait ? Je veux savoir.

- Matt ! hurlai-je

Aucun bruit. Je reprenais de plus belle :

- Matt !

Toujours rien. Des larmes coulèrent le long de mes joues. Je m'accroupie contre les barreaux, les tenant fermement. Ma tête reposait contre le mur.
Qu'est ce que j'allais faire pendant trois jours toute seule ? Et Matt ? Je m'aperçus qu'il me manquait horriblement. Sans lui, à Valmar, je n'étais rien. J'étais comme le rat; impuissante.
J'étais fatiguée, épuisée même. Je n'avais pas beaucoup dormis depuis que j'étais arrivée chez Firiel. Alors je m'allongeais toujours à côté de la porte au cas où si quelqu'un venait, comme pour monter la garde. Je me mis en position foetale et m'endormis, là, à même le sol dur et poudreux.

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