One shot - Bon débarras

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En média, l'entrée principale du château où est censée prendre place cette fiction, avec ses crocodiles sculptés de part et d'autre de l'escalier



- Sincèrement, tu exagères, Marion. Tu trouves toujours moyen de te plaindre. Pourtant, tu sais, je ne connais guère de jeunes filles qui mènent la vie dorée qui est la tienne.

- Ouais, de là à m'imposer des vacances dans cette baraque pourrave avec ton copain qui ressemble au comte Dracula...

- Au comte Dracula ! Tu dis n'importe quoi ! En plus, tu n'as même jamais vu où il habite. Il ne s'agit pas d'une « baraque pourrave » mais d'un château absolument magnifique avec vue sur la mer, à deux pas d'Hendaye. Je ne sais pas ce qu'il te faut !

- Brrrr, je vois d'ici le genre, un truc lugubre où ça caille. Je vais me faire chier grave et j'aurai les pieds gelés toutes les nuits.

- Mais, Marion, nous ne venons pas ici pour nous ennuyer, l'endroit est superbe, il y a des tas de sites à voir. Ensuite, concernant ta deuxième remarque, nous sommes en plein mois de juillet et cela m'étonnerait donc que tu aies les pieds gelés ! Enfin je te demanderai de surveiller ton langage, surtout lorsque nous serons chez Dergan : « me faire chier grave », non mais c'est élégant ça dans la bouche d'une jeune fille de 14 ans ?


Marion ne répondit pas.

Elle savait que son père n'avait pas vraiment tort : il faisait réellement tout ce qu'il pouvait pour lui rendre la vie la plus agréable possible mais en retour elle se plaignait tout le temps.

Elle fréquentait l'un des meilleurs lycées de Paris, n'avait qu'à demander pour qu'il achète à peu près tout ce qu'elle désirait et il cédait à tous ses caprices.

Pauvre papa ! Ce n'était tout de même pas de sa faute s'il était veuf et que Marion n'avait pas de frères et sœurs : sa mère était décédée dans un accident de voiture lorsqu'elle avait seulement 6 mois.

Elle n'en gardait absolument aucun souvenir, pas même l'image de son visage.


Et il fallait bien dire que, par la suite, à chaque fois que son père avait rencontré quelqu'un, essayant de refaire sa vie, comme on dit, Marion l'avait mal supporté, se comportant en petite fille jalouse. Elle ne pouvait envisager qu'une femme puisse lui voler ne serait-ce qu'une minuscule partie de l'amour que lui portait son père.

Et de l'amour il fallait qu'il en ait, Claude, pour, à 34 ans, séduisant comme il l'était, supporter toutes les avanies de sa fille : la dernière prétendante en date, une femme pourtant charmante, n'avait pas tenu 3 mois face à la vie infernale que lui avait fait vivre Marion !

Mais la mesure commençait à être pleine, à déborder même...


Au terme de ce long voyage depuis Paris, ils arrivaient enfin en vue de l'entrée de la propriété, mais pénétrer dans le parc nécessitait, depuis cette route en descente, une manoeuvre si dangereuse que Claude préféra sagement aller contourner le rond-point aménagé quelques mètres en contrebas pour remonter dans le bon sens et s'engager en toute sécurité dans l'allée entrant dans le parc.

Après environ trois cents mètres parcourus dans cette allée magnifique, bordée d'arbres séculaires mêlés d'essences exotiques comme on en trouve dans le sud-ouest, le long de la frontière espagnole, ils arrivèrent devant le château.

Car c'en était véritablement un, et de toute beauté.


Le spectacle était féérique : d'un style mélangeant à la fois baroque, médiéval et un brin de Renaissance, encadré de palmiers inattendus parmi toutes les autres espèces végétales, la demeure semblait dédiée à la beauté bestiaire.

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