Chapitre 6

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Arrivée devant chez moi, je n'entre pas immédiatement et observe ma maison. Celle pour laquelle ma mère avait eu un coup de cœur, il y a une vingtaine d'années.
C'est ici que j'ai grandi. C'est ici que mes parents ont décidé de fonder notre famille.
À l'époque, j'aimais cette maison plus que tout, elle faisait partie de notre famille, nous avait vu grandir, faire nos premiers pas, dire nos premiers mots. Elle nous avait vu nous chamailler ma sœur et moi, et puis nous réconcilier. Elle avait partagé nos moments de bonheur, comme nos moments moins joyeux.
Elle avait aussi vu ma mère décliner, petit à petit. Et puis, un jour, elle nous a vu revenir, sans elle.
Enfaite, elle a été le témoin de pratiquement tout. J'en suis jalouse. Ses murs garderont toujours en eux l'écho de nos rires, alors que moi je les ai en grande partie oubliés.
Depuis quand nous n'avions pas rit ? Depuis quand nous avions même sourit sincèrement ? Longtemps.

Je soupire un bon coup avant de pousser cette lourde porte d'entrée, qui émet alors un grincement lugubre. C'était déjà comme ça avant ? Je ne sais plus.

- "Sara ?"

Mon père se précipite alors dans l'entrée, les yeux cernés et le visage crispé d'inquiétude. Est-ce à cause de moi qu'il a l'air aussi malade ?

- "Où étais-tu passée ? J'étais mort d'inquiétude." Me dit-il d'une voix faible, fatiguée.

Ah oui, c'est de ma faute.

- "Je... J'étais..."

Ma voix se brise, je n'ai plus la force de parler. Je sens les larmes me monter aux yeux. Mon père a l'air tellement faible et triste...
J'ai besoin d'être à nouveau une enfant, de câliner mon père innocemment, je me précipite alors dans ses bras, et le serre de toutes mes forces.

- "Je suis désolée de t'avoir fait peur papa..." Je lui murmure alors que ma tête est enfouie dans son cou.

- "Je sais ma puce, je sais."

Le silence qui s'était installé n'avait rien de gênant, au contraire, il était empli de sens. Nous n'avions plus besoin de mots, seule cette étreinte comptait. Un père et sa fille, simplement.
Les marches de l'escalier se mettent à grincer. Fiona nous observe, elle est à quelques mètres au dessus de nous mais ne semble pas oser descendre.

- "Aller, viens là toi aussi." L'intime mon père, les yeux maintenant plein d'espoir.

Ma sœur semble hésiter, mais une légère lueur dans son regard me pousse à croire qu'elle va nous rejoindre.
Et c'est ce que, après une dizaine de secondes, elle se décide à faire.
Mon père lui ouvre alors grands les bras, et Fiona nous rejoint en se nichant dedans, les yeux brillants.
Les étreindre de cette manière me fait du bien. J'ai l'impression de me re-rapprocher d'eux.
À ce moment là, j'en suis sûre, ma mère devait nous observer d'un air bienveillant, le sourire aux lèvres.

~~~~~

Le lendemain, en arrivant au lycée, pour la première fois depuis un bon moment, je souris, moi aussi.

- "Sara ?"

Je me retourne brusquement, surprise par cette voix qui m'avait tellement manqué cet été.
Eden semble me décortiquer du regard, j'ai l'impression d'être mise à nue devant lui, comme s'il lisait en moi et pouvait entendre toutes mes pensées, même les plus honteuses.
Son regard effleure mes lèvres souriantes, me procurant de légers frissons.

- "Je suis content que tu ailles mieux." Finit-il par me dire.

Il me sourit à son tour sincèrement, et je me perds dans son regard bienveillant.
Ses yeux gris, dans lesquels je m'étais perdue tant de fois, m'attirent irrésistiblement.
Ce n'est que lorsque je vois son sourire en coin légèrement taquin se former sur ses lèvres que je reviens à la réalité.
Le rouge me monte aux joues alors que je réalise que je le fixais de manière intense depuis quelques secondes.

A Summer LoveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant