Chapitre 9 : Le coup de foudre

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A la lecture de son message, je reste inerte. Pour autant je ne panique pas, je repose mon téléphone sur ma cuisse calmement et je m'enfonce dans le fond du canapé. Je suis extrêmement pensif.

Son père venait d'essayer de s'ôter la vie. Pour quelles raisons ? Je suis en plein doute, en pleine réflexion. Estelle doit être au plus mal et je suis impuissant. Je lui réponds, s'engage alors une brève discussion.

"Ce n'est pas vrai ... Je suis désolé ... Où es-tu ?"

Sa réponse est immédiate.

"Je suis à l'hôpital. Mon père est dans une autre chambre que la mienne. La maladie de Cor a été confirmée par les médecins aujourd'hui. Ils n'ont pas encore fait de lien avec toi, du moins ils m'en ont pas fait part, mais je pense que ça ne devrait pas tarder. Viens me voir, je veux passer ma seconde nuit à tes côtés. Je vais peut-être mourir dans une heure, je ne suis pas bien."

Je verrouille mon téléphone et le serre assez fort. Je ressens un stress inhabituel, une sensation de peur à laquelle je n'avais jamais été confronté. Je monte dans la chambre de mes parents. Je vois ma mère dans les bras de mon père qui dort tranquillement, attendant mon décompte. Ils sont beaux... J'en oublie presque la raison de ma venue pendant une demi seconde. Ma mère lève la tête et me demande ce qu'il se passe. Je lui explique le sms que je viens de recevoir en lui demandant de m'amener immédiatement à l'hôpital. Elle est autant abasourdie que moi. Elle enlève son peignoir bleu ciel qu'elle jette aléatoirement sur le lit et s'habille en vitesse. Nous sortons sans faire de bruit pour ne pas réveiller mon père et ma sœur qui dorment encore.

Sur la route je réponds au sms.

"Je suis en chemin, j'arrive tout de suite Estelle."

Ma mère se gare précipitamment. Il pleut donc nous nous dépêchons de nous mettre à l'abri à l'intérieur de l'hôpital. Nous nous rendons ensuite dans la chambre d'Estelle grâce à la secrétaire de nuit qui nous laisse très aimablement rentrer au vu de la situation.

Nous montons, elle est assise sur son lit. Je la trouve incroyablement belle, même démaquillée, fatiguée et dans cette tenue.

- Dan... Dit-elle soulagée en me voyant. Ma mère est dans la chambre de mon père, elle va revenir d'ici dix minutes pour être la quand ...

Je la vois subitement se raidir, se crisper. Elle se met à sangloter. D'un coup, je me sens très mal, le chagrin monte aussi alors qu'il y a deux secondes je me sentais bien. Cette connexion me fait presque peur. Je verse quelques perles salées que je sens à peine couler tout en me rapprochant d'elle.

Je passe mon pouce sur ses joues pour effacer ses larmes avant de me plonger dans ses yeux verts qui me font frissonner.

- Eh Estelle, regarde moi, je suis là... Je suis là. Tu ne mourras pas cette nuit. Tu vas vivre encore longtemps. Je sais ce que tu ressens, je reste à tes côtés. Murmurai-je tentant de la soulager.

- Qu'est-ce qui m'arrive, c'est un vrai cauchemar. Je suis totalement perdue.

Elle me serre fort la main, si fort que des marques rouges font leur apparition.

Sa mère rentre dans la chambre.

- Dan, madame Welling. Nous glisse t-elle les yeux boursouflés et aux contours noirs à cause des pleurs.

- Madame Nida, comment va votre mari. Demandai-je.

- Oui maman, comment va papa ? Ajoute Estelle.

- Pas d'amélioration. Répond t-elle. Il est encore entre la vie et la mort. Il a prit énormément de médicaments et ....

Elle prend son souffle pour continuer sans pleurer.

- ... Je l'ai découvert en rentrant, alors qu'il venait de tenter de ... de se prendre ...  et j'ai immédiatement appelé l'ambulance... Je m'en veux de ne pas être restée avec lui à la maison... Que je m'en veux.

Ses pleurs sont bien présents cette fois-ci. L'ambiance est si morose...

- Maman... Dit Estelle dévastée, écartant ses bras, attendant que sa mère vienne lui faire un câlin, ce qu'elle fait dans la seconde.

Ma mère est debout au pied du lit, mal à l'aise, je le suis tout autant. Pourtant je veux des réponses à mes questions.

- Madame Nida... Je suis désolé de remuer le couteau dans la plaie mais j'aimerai savoir quelque chose...

- Tout ce que tu veux Dan. Me répondit-elle tentant de se calmer.

- Votre mari était-il mal en ce moment ? Pourquoi aurait-il prit une telle décision maintenant ? À cause de la maladie d'Estelle ? Questionnai-je.

- Depuis que notre fille est à l'hôpital, soit cinq jour maintenant, il n'est pas bien.

Il tournait en rond en rentrant du travail. Il ne parlait presque plus. Aujourd'hui il n'est pas allé travailler, prétextant un gros mal de tête. Mais il m'a bien fait comprendre que ça passerait, que je pouvais venir à l'hôpital. Il m'a dit qu'il me rejoindrait. Je ne pouvais pas savoir, je ne pouvais pas m'en douter ...

Sa tentative de suicide restait floue, je n'arrivais pas à deviner la cause de son acte.

Il est 1:58. Je commence à stresser. Je n'ai pas envie de perdre Estelle.

Je m'installe à côté d'elle, m'allongeant sur le lit, je prends sa main en la regardant dans les yeux. D'instinct, je l'embrasse sur la joue. Elle rougit.

- Je ne te connais presque pas, mais c'est comme si je te connaissais depuis toujours. Ne m'abandonne pas. Je t'en supplie, ne me laisse pas seul. Lui soufflai-je le cœur lourd.

Elle pose sa main sur ma joue, la chaleur de sa paume me fait frissonner.

- J'ai fait un rêve hier, nous avions cinq ans, nous jouions dans un parc public. Il pleuvait et nos mères qui étaient à l'opposé l'une de l'autre nous appelaient pour qu'on rentre. Soudain un éclair a jaillit du ciel et a frappé le sol entre nous deux alors que nous nous tenions la main. Ensuite ... je me suis réveillée.

La mère d'Estelle et la mienne se lancent un regard d'étonnement, presque choquées.

- C... C'était toi ... Dit ma mère complètement surprise avant de s'asseoir sur le fauteuil et de reprendre dans un murmure. C'était elle ...

- Maman ! Qu'est-ce qu'il y a ? Demandai-je inquiet.

C'est Madame Nida qui prend la parole à sa place.

- Tout ... Tout viendrait de là... Balbutia t-elle.

Ce rêve ma fille... Ce n'en est pas un ...

- Quoi ? Comment ça ? S'interrogea Est-elle agarre.

- Nous étions partis dans un parc et tu jouais avec un jeune garçon. Un orage s'est mit à gronder, toutes les personnes présentes sont partis très rapidement, il ne restait plus que toi et ce petit garçon qui était donc Dan... Puis quelques secondes après vous avez pris la foudre. Par chance, et nous n'avons jamais su pourquoi d'ailleurs, vous vous êtes relevés instantanément sans une égratignure. Je me souviens avoir eu la plus grosse peur de toute ma vie. Dan a couru vers sa mère et toi vers moi. Nous sommes partis sans prendre des nouvelles de l'autre, sûrement sous l'effet du choc.

- J'en ai rêvé aussi mais jamais j'aurai pensé que cela s'était vraiment passé, j'en ai aucun souvenir... Dis-je médusé.

2:00.

Estelle est partie.

- Estelle ! Estelle ! Criai-je de toute mes forces la prenant par le visage. Estelle !!...

Demain est un autre jourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant