Chapitre 20 : Un dernier au revoir

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Combien de larmes, combien d'heures de douleur pour que tout cela puisse cesser un jour ? Je me réveille le cœur lourd, l'esprit torturé. Estelle a dormi avec moi et je la sens bouger, se retournant vers moi.

- Comment te sens-tu ce matin ? Demande t-elle avec le sourire pour essayer de me donner du baume au cœur.

- C'est dur... Répondis-je. Je ne me rends pas compte que je ne la reverrai jamais. Entre Mathis, Mia, ton père... Je commence à m'inquiéter pour le mien. Surtout qu'hier il a commencé à boire au point d'être incontrôlable.

- Tout part de la mort de Mathis .. Ça a été l'élément déclencheur de tout ça. S'il ne meurt pas, mon père ne se suicide pas, ta sœur ne se fait pas renverser... C'est ce foutu destin qui nous lie qui devient ingérable. Il est plus fort que nous Dan ...

Je me refais toute l'histoire dans ma tête, détail par détail.

- A quoi tu penses ? Me questionne Estelle.

- Je n'en sais trop rien... J'essaie de me dire qu'un jour on sera heureux... Lançai-je l'air un peu évasif.

- Comment ça ? Répondit-elle en se mettant sur son coude pour me regarder.

- Comment peut-on être heureux sachant qu'on ne sait pas quand on va mourir, mais que cela peut arriver tous les soirs.

- Tu sais Dan, c'est pareil pour tout le monde... Bien-sûr ils n'ont pas notre maladie mais personne ne sait quand il va mourir, et ni comment. Pourtant il faut garder la tête haute, et ne pas penser au négatif.

- Je ne sais pas comment tu fais. J'y pense constamment. Je n'arrive pas à me dire « Vis normalement, comme tout le monde », nous ne sommes pas comme les autres.

- C'est sûr... Je conçois ce que tu penses... Pour autant, ne penses-tu pas que tu gâches du temps à cogiter et à ne pas vivre pleinement ?

Je ferme les yeux... Ne répondant pas, parfois les silences sont plus révélateurs que les mots.

- J'ai trouvé un point positif dans tout ce malheur. Me confit Estelle

- Et quel est-il ? Demandai-je sans grande conviction.

- Toi. Nous. Les sensations que j'ai en te regardant, en te parlant, en te touchant sont magiques. Notre lien vaut tout l'or du monde. On vit une histoire hors du commun que jamais personne d'autre ne pourra vivre. Même si je meurs ce soir, ou toi, tu es et resteras la plus belle chose qui me soit arrivé dans ma vie et on se retrouvera au paradis, libre de tout. Sans maladie, sans perte de proche possible, sans devoir veiller à tout et sur tout le monde.

- Tu es extraordinaire, tu le sais ça ? Lui partageai-je.

- Je le suis parce que tu l'es, tout simplement.

On s'embrasse tendrement, avec amour.

*****

Nous passons les deux nuits suivantes sans problèmes avec des pauses régulières.

Aujourd'hui c'est l'enterrement de ma sœur, enfin son incinération.

Estelle et madame Nida nous accompagnent. Elles ont un courage qui m'impressionne de jour en jour.

J'en ai profité pour demander à Jay de venir, je voulais lui parler.

Tous vêtus de noir, faisant grise mine nous partons pour accompagner Mia dans la lumière.

Moi qui ne voulais pas vivre un enterrement j'allais vivre l'incinération de ma propre sœur. Nous partons de la maison la tête baissée, l'esprit ailleurs. Estelle a beau me tenir la main, me faire quelques bisous, je ne suis pas réceptif. Madame Nida prend sa voiture et nous la nôtre. Pendant le trajet, ma mère qui conduit regarde son rétroviseur intérieur pour essayer de me remonter le moral au mieux. Mon père lui ne décroche pas un mot, ne me regarde pas. Nous arrivons au cimetière et nous nous dirigeons dans une salle où le cercueil de Mia est installé au fond. Il y a des bancs des deux côtés de celui-ci et je m'assois à côté d'Estelle et sa mère qui sont arrivés quelques secondes avant nous. Je ne peux m'empêcher de verser quelques larmes malgré toute ma retenue devant ses amis et le reste de la famille que je ne connais pas beaucoup.

Demain est un autre jourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant