Demain est un autre jour

Chapitre 29 : Une balade au parc

Pendant quatre mois je me suis acharné à écrire toute notre histoire, détail après détail. Aujourd'hui il ne reste plus qu'à écrire notre mort...

Nous avons passé toutes les nuits avec un temps de pause qui se rallongeait un peu plus à chaque fois. D'une dizaine de de secondes, nous atteignions presque les cinquante secondes maintenant.

J'ai peur ... C'est comme si la mort arrivait à grand pas.

- Maman nous allons marcher avec Estelle ! Il fait bon !

Nous sommes le 27 septembre. Demain c'est notre anniversaire et je veux parler avec Estelle, l'amener à un endroit qu'elle connaît bien.

- Très bien, faites attention à vous. Répondit ma mère. Rentrez avant votre crise.

- Ne t'en fais pas ! Lançai-je, prêt à sortir.

Je vois Estelle faire un câlin à sa mère qui lui a déjà acheté les cadeaux pour demain.

Nous partons et marchons donc pendant quelques minutes. Nous traversons quelques pâtés de maisons dans un silence presque plein. Le parc où nous avons pris l'éclair se dévoile devant nous. Un petit passage de graviers blancs coupe le parc en deux. Sur la gauche se trouve un petit terrain de foot entre terre et herbe et il y a un grand arbre que tous les enfants aiment grimper. A droite se trouve une cabane en bois, des petites balançoires vertes, un toboggan rouge et jaune avec un petit circuits que les petits adorent traverser. Moi-même j'adorais ce toboggan. Nous avons pris la foudre juste devant la petite cabane en bois...

Nous faisons le tour, un tas de souvenirs remonte à la surface. J'ai le souffle court. Je ne suis jamais revenu ici depuis mes cinq ans, tout comme Estelle.

- Ça n'a pas changé ... Dit-elle. Tout est comme avant ...

Nous sommes sans voix, découvrant ce lieu qui nous paraît nouveau alors que nous le connaissons bien.

Nous nous asseyons sur un banc à côté du toboggan et j'entame la discussion.

- Demain nous allons vivre notre premier anniversaire tous les deux... Dis-je doucement, la gorge serrée.

Je me devais de la ramener ici pour tourner définitivement la page. Après ce soir, nous ne remettrons plus jamais les pieds dans ce parc.

- Oui ... Je suis toute bouleversé à l'idée d'atteindre la majorité ... Me répond t-elle.

- Quels sont tes projets pour cette année d'ailleurs ? Demandai-je, impatient de savoir sa réponse.

- J'aimerai passer le maximum de jours à tes côtés, qu'on termine ce livre qui nous tient à cœur. Mais j'aimerai être libre... Ne plus m'en faire chaque nuit, ne pas me soucier de te perdre ou de laisser ma mère seule, de pouvoir vivre ma vie normalement, comme tout le monde... Mais ça ce n'est pas un projet. C'est un rêve.

Je sens énormément de peine dans cette dernière phrase.

- Nous ne sommes pas comme tout le monde Estelle. Nous ne serons jamais comme tout le monde... Notre vie est ce qu'elle est, on y peut rien...

La pluie fait son apparition subitement. Il est 23:00 et je n'ai pas vu le nuage arriver. Nous allons nous abriter dans la petite cabane dans laquelle on avait l'habitude de jouer avant. Elle semble beaucoup plus petite qu'avant... Parce que nous avons beaucoup grandi.

Nous sommes trempés mais cela nous fait rire. Je m'assois contre le mur et Estelle s'allonge, sa tête sur ma cuisse.