Chapitre 10 : Retour dans le passé

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Son cœur reprend, cela fait 17 secondes de mort temporaire.

-Estelle ... Lui murmurai-je soulagé. Je suis content de te voir réveillée.

Dans une fatigue extrême elle me répond.

- J'espère pouvoir te dire la même chose dans une heure.

Elle a raison. Je me rends compte qu'à partir de maintenant nous aurons deux fois plus peur, deux fois plus de chance de perdre quelqu'un qu'on aime, deux fois plus de chance de souffrir ...

Madame Nida vient prendre sa fille dans ses bras pendant que je vais parler à mère de cet étrange incident qu'Estelle et moi avons rêvé.

- Que s'est il passé après cet orage, après qu'on ait pris la foudre ?

Elle semble se replonger dans ses souvenirs, repensant à tous les détails.

- Tu as couru vers moi, puis nous sommes immédiatement rentrés. Je t'ai fait prendre une douche et comme tu n'avais rien, j'ai préféré ne pas t'en parler le soir même. En revanche je t'ai questionné le lendemain, je voulais savoir comment tu allais et si tu avais mal quelque part... Et ... Tu ne te souvenais d'absolument rien, tu ne t'aies jamais rappelé de ce moment, tu l'as juste rêvé quelques nuits quand ta maladie s'est déclarée ... Mais jamais je n'ai fait le lien entre ces deux événements.

Je suis confus. Je pensais vraiment que ce n'était qu'un mauvais rêve.

- Donc notre maladie serait due à l'impact de la foudre... Mais pourquoi s'est elle révélée aussi tard ? Murmurai-je de manière audible pour que tout le monde entende.

- Trois jours avant tes premiers symptômes on a eu l'accident de voiture, tu te souviens ?

- Oui. Répondis-je. Il m'avait marqué puisque nous avions frôlé la mort. Mais quel est le lien avec ma maladie ?

- Je ne sais pas, je sais que tu as été très perturbé après cet accident. Peut-être que ça a été un élément déclencheur ? Avança ma mère.

Ce n'est pas bête - pensai-je ... C'est même fort possible.

Madame Nida se retourne alors vers nous.

- Estelle aussi a eu un choc psychologique avant ses premiers symptômes. Mon mari et moi avons perdu notre fils il y a un mois...

Le petit frère d'Estelle est parti à l'âge de seize ans, le lendemain de son anniversaire, après s'être fait renversé par une voiture en rentrant de l'école.

C'est vrai ; dit-elle en regardant sa fille ; tes premiers symptômes ont commencé trois jours après aussi.

- Oui, tu as raison ... Confirma Estelle.

- Attendez... Nos vies se ressemblent étrangement. Et tu as un frère du même âge que ma sœur. La seule différence c'est que notre maladie ne s'est pas déclarée au même moment, justement parce que j'ai eu un choc psychologique plus tôt. Affirmai-je.

Je me retourne vers ma mère.

- Maman ... Papa et Mia ! Il faut veiller sur eux ! L'anniversaire de Mia est dans deux jours ... Elle ne doit pas sortir le lendemain ! M'écriai-je.

- Quoi ? Tu penses qu'ils risquent quelque chose ? Me répondit-elle désemparée.

- J'en suis presque certain ! Je préfère imaginer le pire pour ne pas être surpris. Papa doit s'inquiéter pour moi, rentre à la maison, rassure-le. Je vais rester ici pour passer la nuit. Je ne mourrai pas, pas aujourd'hui. Dis-je en essayant de la rassurer pour qu'elle rentre veiller sur mon père.

- Très bien ...

Je ne la sens pas convaincu de me laisser seul ici mais je préfère. Je ne suis pas rassuré à l'idée de savoir mon père potentiellement en danger.

- Merci maman, je t'aime. Lui chuchotai-je dans l'oreille en la prenant dans mes bras.

- Moi aussi mon fils, tiens le coup. Envoie moi un sms à ton réveil. Je t'en supplie, réveille-toi.

Puis elle me tourne les talons et rentre à la maison. Le fait de passer la nuit pour la première fois sans mes parents me terrorise. Je ne veux rien montrer devant Estelle mais quelque chose me dit qu'elle sait déjà ce que je ressens.

Madame Nida s'assoit sur le fauteuil, dépassée par les événements. Elle met son coude sur l'accoudoir et pose sa tête sur sa main. Sans nous regarder, je l'entends pleurer. Elle se montre digne et forte car elle ne veut pas qu'on la voit mal, comme pour nous protéger. Je suis extrêmement mal à l'aise. J'aimerai la prendre dans mes bras, lui dire que tout va s'arranger mais ce n'est pas vrai... Je n'en sais rien. Estelle la regarde et comme elle la connaît, elle décide de la laisser un peu seule. Elle me fait signe de la laisser tranquille.

- Elle a besoin de pleurer... Imagine que chaque larme qui coule de ses yeux lui enlève une goutte de tristesse de son corps... Il faut qu'elle vide tout... Cela lui fera du bien.

Je suis extrêmement peiné, je lutte pour faire comme si je n'entendais rien alors que chaque bruit, chaque son qu'elle émet me fait mal...

- Allonge toi à côté de moi. Me dit Estelle. Ça va bien se passer. N'aies pas peur.

Je me sentais légèrement rassuré.

2:59. Mon corps refroidit. Mon cœur ralenti, mes pensées s'amenuisent.

3.00.

...

...

J'ouvre les yeux. Je vois Estelle au dessus de moi, paniquée.

- Trente secondes ! C'est énorme ! J'ai cru au pire ! Me lance t-elle encore anxieuse de ma possible mort.

- Je suis là maintenant. Rétorquai-je, content d'être encore vivant.

J'ai le souffle long, je dois attendre quelques secondes avant de pouvoir m'asseoir, je reprends :

- Estelle, le jour de l'orage, la foudre nous a lié. Nos vies sont similaires et je suis quasiment certain que les événements que tu as vécu je vais les vivre, et ceux que j'ai vécu, tu les vivras.

Ton père a tenté de mettre fin à ses jours. Il faut qu'on sache pourquoi.

Au même moment je reçois un sms de ma mère.

"Ton père dort profondément. Es-tu réveillé ? Réponds-moi."

"Oui maman, je suis réveillé. Je rentre demain matin ne t'en fais pas. Prends soin de papa."

- Mon père dort. Partageai-je à Estelle et madame Nida qui petit à petit relevait la tête. Je vais veiller sur lui ces prochains jours. Nous devrons nous dire tout ce qu'il se passe de grave dans notre vie, ou ce qu'il s'est passé auparavant....

Je m'arrêtais subitement comprenant quelque chose.

"Pour nous le passé n'aura plus de secrets" c'est ça ! Estelle tu te souviens de ce que tu m'as dit il y a deux jours ?

Je lui montre le papier que je sors de ma poche ou j'avais écrit les mots qu'elle avait prononcé la première fois que je suis venu la voir à l'hôpital.

- Je ne m'en souviens pas non... Me répond t-elle.

- Tu m'as dit ces mots dès que je t'ai touché la première fois. Et je pense que quand tu m'as dit "pour nous le passé n'aura plus de secrets" c'est parce qu'on doit savoir tout ce qu'il s'est passé dans nos vies pour éviter des choses horribles.

Elle prend quelques secondes pour lire et relire ce qu'il y a sur le papier. Je vois alors son regard se diriger vers moi, avec une lumière qui se dévoile. Ça y est, elle s'en souvient, elle a compris.

Demain est un autre jourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant