Sous l'ombre de la pleine lune [Eldarya], [Nevra]

Chapitre 3 : Regrets et Amnésie

Bonne lecture ! ^^

Je sentais ce goût délicieux couler en moi, cette douce chaleur brûler ma gorge, mes désirs assouvis, et j'étais de plus en plus pris dans une sorte de transe. J'avais quitté ce cou pour ces épaules et d'autres endroits ensuite. J'avais presque l'impression d'être spectateur de ce... Sacrifice ? Massacre ?

Je m'étais reculé quelques secondes, me redressant pour reprendre mon souffle, lâchant ma proie qui tombait comme une marionnette à laquelle on avait coupé les fils. Je souriais et me rapprochais de nouveau de mon dessert. C'est là que je le vis. Les nuages s'étaient déplacés, laissant de nouveau quelques rayons lunaires transpercer l'épais feuillage de ce coin sombre. Eclairant l'endroit où je me trouvais, ce bain de sang que je venais de faire, et ... Je ne sais par quel miracle, je retrouvais le contrôle et un reste de lucidité malgré ma soif qui me déchirait la gorge. Je tremblais, ne pouvant croire que j'avais recommencé, et que cela avait décidément empiré depuis la dernière fois. Je m'approchais regardant cette poupée tachée de sang, essuyant le sang qui dégoulinait de son cou et ses épaules, remarquant que je ne m'étais pas restreint aux endroits ... habituels disons. Je l'avais laissé tomber comme un vieux jouet cassé, sa tête recouverte de ces longs cheveux bruns. Je remettais ces mèches brunes en ordre, mes yeux s'écarquillèrent en voyant ce visage familier, je clignais des yeux, cherchant à croire que je rêvais, que j'avais fait tout mon possible pour ne pas être suivi, pour ne blesser personne, je me l'étais promis. Ne plus être un monstre.

Je fus ramené à la réalité en entendant sa faible respiration. Mon sang ne fit qu'un tour et sans hésiter j'enlevais mon écharpe et ma veste, je tâtait son pouls, il était plutôt faible mais je m'étais arrêté à temps, il fallait que je me dépêche. Elle était gelée et avec tout le sang que je lui avais pris, dans son état... Elle risquait de faire de l'anémie... Et j'en avais assez fait comme ça...

Après lui avoir mis ma veste sur les épaules je l'avais soulevée, la prenant dans mes bras pour la porter le plus vite jusqu'au QG. Je me mordais la lèvre à sang pour ne pas me laisser de nouveau aller, regardant malgré moi son cou blanc comme neige qui s'offrait à moi, quelques gouttes de son délicieux sang continuaient d'y perler, son parfum sucré me montant à la tête. J'avais décidé de courir les derniers mètres jusqu'au QG, sentant que je ne pourrais pas supporter de l'avoir si près de moi une seule minute de plus. Je montait les escaliers quatre à quatre jusqu'à sa chambre, la déposant soigneusement sur le lit puis la recouvrant d'une couverture, et je faisais rapidement demi-tour pour aller voler quelques fioles chez l'Absynthe, et des bandages à l'infirmerie.

Je rentrais sans trop de peine dans le laboratoire d'Alchimie, et je trouvais assez rapidement de quoi la remettre sur pied, et je devais l'admettre, bien que le chef de la garde Absynthe avait le don de taper sur les nerfs de beaucoup de gens, il était l'une des personnes les plus intelligentes et compétentes que je connaisse. Je ne comptais plus le nombre de fois où j'avais été blessé pendant une mission, ou dans d'autres circonstances, et j'avais eu l'occasion de me rendre compte de l'efficacité de ses potions. Et en plus, il avait des potions pour presque tout ce qui est possible et imaginable en passant du mal de dos, au coagulant, jusqu'à l'anémie en l'occurrence. J'avais pris ce qui m'étais nécessaire et retournait dans la chambre de la nouvelle recrue. Je l'avais redressée la maintenant d'un bras et lui faisant boire le remède de l'autre. Puis je l'avais reposée le plus rapidement que je puisses, prenant un peu de distance pour garder le contrôle sur moi-même. Puis j'avais pris les quelques compresses que j'avais trouvées, à défaut de bandages et les avaient pressées contre son cou, nettoyant ensuite la plaie, refaisant les même gestes à chaque endroit où je l'avait mordue. J'avais enfin terminé et j'étais soulagé de savoir que tout irais bien pour elle à part surement des vertiges et un beau mal de crâne quand elle se réveillerait. Je me reculais, m'apprêtant à repartir, ne voulant pas lui faire plus de mal que je ne l'avais déjà fait.