PARTIE UNE

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Ça fait un an que j'attends ça, un an ! Le salon du tatouage de New York! J'ai posé mes congés six mois à l'avance afin de pouvoir profiter au max de ce week-end. J'ai pour intention de me faire tatouer tout le dos, j'ai économisé le moindre cent pour ça. Mais finalement, je ne me suis toujours pas décidée pour un dessin en particulier, cependant, je suis persuadée de pouvoir trouver assez d'inspiration parmi tous les artistes présents là bas pendant ces deux jours. J'ai le thème de départ : Un cerisier perdant ses fleurs au vent. Il me manque quelques détails, mais je sais qu'il me suffira d'en discuter un peu pour me décider complètement.

Je patiente dans la file d'attente depuis plusieurs heures et enfin, je vais bientôt pouvoir entrer. Alors qu'un des videurs contrôle mon billet, des cris de filles résonnent derrière moi. N'y prêtant que peu d'attention, je me demande tout de même pourquoi elles s'extasient ainsi.
J'y suis ! Enfin! Cette année, le salon a été installé dans un entrepôt gigantesque afin de recevoir le maximum de participants possible. Je suis folle de joie d'avoir enfin réalisé mon rêve. Je vais rencontrer des tatoueurs qui me font rêver depuis des années et j'espère bien pouvoir être tatouée par l'un d'entre eux, d'ailleurs.

Tout en me baladant dans les allées, j'examine le programme. Un concours de tatouages est organisé une heure plus tard. J'ai hâte de voir ça, je sais que de beaux mâles vont m'en mettre plein les yeux avec leurs corps musclés et leurs magnifiques oeuvres d'art tatoués sur la peau.
La première heure est passée rapidement et j'ai du ôter ma veste. J'avais enfilé une robe noire moulante un peu courte et une paire de rangers délassées, j'aime ce qui sort de l'ordinaire et c'est d'ailleurs pour ça que j'ai teint mes cheveux en rouge vif la semaine passée. J'avais été prise d'un soudain coup de folie lorsque j'avais dévoré le premier tome de la nouvelle saga de mon auteure favorite K.A Tucker....
Tout à coup la voix d'un des organisateurs résonne dans toute la salle et annonce le début des festivités. Enfin, de mes réjouissances personnelles. Je vais pouvoir me rincer l'oeil pendant près d'une heure.
Je m'avance rapidement vers l'estrade et admire la vue. La première partie annonce les grosses pièces, donc les gros tatouages. Une file de garçons s'approche lentement, comme ci, ces coquins, s'évertuaient à faire grimper la pression dans ma culotte. L'un d'entre eux porte une casquette qui masque presque l'intégralité de son visage. Ils se retournent tous, étant dos face à nous, puis ôtent leurs tee-shirts.

Mon regard se pose immédiatement sur le troisième participant qui a à présent du enlever son couvre-chef. J'aperçois la forme carré, prononcée, de sa mâchoire. Mais ce qui m'interpelle le plus c'est l'énorme tête de mort qui orne son dos, dans sa globalité. Nul doute qu'il a du passer de longues heures allongé sur le ventre afin que le tatoueur puisse créer ceci. Tout à coup, j'aurai bien voulu me réincarner en table de tatouages et qu'il s'allonge sur moi pendant des heures.

Alors que le présentateur s'approche de lui, il lui indique de se retourner afin de présenter l'avant de son corps. Tout à coup, c'est comme ci je ne me souvenais plus comment faire pour respirer. Ses yeux regardent loin devant, comme si il ne voulait pas être là. J'expire bruyamment quand je le vois serrer la mâchoire. Comme si rester debout, lui demandait un effort considérable. Il baisse la tête et son regard se pose sur moi. En une seconde, toute la salle s'éclipse et ses yeux sondent les miens avant que ses lèvres n'affichent un sourire espiègle. Je sais qu'il se doute parfaitement de l'effet qu'il me fait. Je laisse alors mes yeux glisser sur son corps et détailler un à un les dessins qui le recouvrent. Il est musclé, grand... Presque massif. Je l'imagine déjà me soulevant du sol et moi, entourant ses hanches larges de mes cuisses... Mais je m'égare. Je secoue violemment la tête et

détourne le regard, le rouge me montant aux joues. J'ai été prise en flagrant délit de matage intensif de beau gosse.

Tout le reste de la première manche, je tente de garder l'esprit clair mais inlassablement, mon regard retourne vers lui. Sa tête est de nouveau baissée mais de temps en temps, il se redresse comme si il me cherchait. Alors je rougis de plus belle. Puis tout à coup, une idée me frappe : Il était monté sur scène de son propre chef, il savait qu'en ôtant son tee-shirt une meute de filles enragées allaient le mater comme je le faisais. Alors je me suis mise à sourire à mon tour. Moi, je n'avais rien à me reprocher, après tout, ce n'est pas moi qui était venu montrer mes fesses à tout le monde mais bien lui.

Les participants défilent les uns après les autres et les suivants sont appelés. Je le regarde s'éloigner à regret puis tente tant bien que mal de me remettre de cette rencontre hors norme (comme son corps, il faut l'avouer!).
Plusieurs heures s'écoulent lorsque je parviens enfin à me décider par quel tatoueur sera fait le mien. J'inscris alors mon prénom sur son carnet de rendez-vous puis m'approche des sorties. Alors que je m'apprête à franchir les portes, une sensation étrange me traverse et je me retrouve à regarder autour de moi. L'homme du concours est assit un peu plus loin, à cheval sur une chaise, la joue posée contre son poing, il me lance un regard dubitatif. Ne sachant pas quoi faire, je reste plantée là bêtement et alors que je me fais bousculer violemment, le contact se rompt.

J'ai beau essayer de me rattraper à quelque chose, rien n'y fait et je me retrouve projeté au sol, à quatre pattes. Mes fesses font encore parties du salon, elles, alors que mes mains et ma tête sont déjà dehors. Du coup, mon petit spectacle n'a échappé ni aux gens présents encore à l'intérieur, ni à ceux qui attendent dehors. Les rires fusent autour de moi et je me mets à prier pour que ma robe ne soient pas trop remontée et que personne ne puisse avoir le plaisir d'admirer ma culotte.

Je me relève aussi vite que possible, remonte mon sac sur mon épaule avec toute la dignité qu'il me reste (pas grand chose, il faut l'avouer) et m'avance dans la nuit noire. Le vent est si violent que les feuilles sont soulevées en l'air et virevoltent autour de moi. Alors que je tente de me calmer un peu après cette honte monumentale, un papier m'aterris en plein visage. Je l'ôte aussi vite que possible de mes yeux et tient fermement le bas de ma robe contre mes cuisses pour éviter que mes fesses prennent un peu trop l'air, de nouveau.

Alors que je m'apprête à rouler en boule le papier qui m'a momentanément aveuglé, j'y jette tout de même un coup d'oeil. Dessus est inscrit une adresse pour une fête d'après salon. Une sorte d'after, quoi. Il ne me faut pas plus d'une seconde pour me décider à y aller! J'ai besoin d'un remontant et quoi de mieux qu'une bonne Tequilla pour se remettre de ses émotions?

On ne peut rien faire contre le destinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant