PARTIE TROIS

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Il est 9h quand je passe la porte du salon pour la seconde fois. Cette fois, j'ai opté pour un jean et un tee-shirt large qui dévoile une épaule. La Tequila d'hier soir résonne en moi. Bien sûr dès que j'ai ouvert les yeux et que j'ai retrouvé ma gueule de bois, je me suis promis de ne plus jamais boire. Jusqu'à la prochaine fois. C'est le tatoueur qui m'a réveillée il y a une heure me disant que si je pouvais arriver assez vite il pouvait commencer à me tatouer. J'ai donc fait aussi vite que possible pour rejoindre l'entrepôt. 


Je salue rapidement mon tatoueur et lui explique directement ce que je veux et les endroits où je ne sais pas quoi ajouter. On en discute pendant plusieurs minutes puis après l'avoir dessiner sur une feuille, il me demande de m'installer pour pouvoir commencer. J'enlève mon tee-shirt et mon soutien gorge aussi discrètement que possible et m'assoit à califourchon sur le siège. Immédiatement un frisson d'adrénaline me parcours lorsqu'il enclenche la machine. Les premières minutes sont les plus douloureuses, puis, rapidement je me plonge dans mon monde pour occulter la douleur.

Je sais que plusieurs heures se sont écoulées lorsque je rouvre les yeux. Je cligne plusieurs fois des paupières pour me réhabituer à la lumière et mon coeur loupe un battement. Appuyé nonchalamment contre une table, bras croisés contre la poitrine, le brun d'hier soir est là à discuter avec le tatoueur qui s'affaire sur mon dos. Je tente de replonger le visage contre le fauteuil pour qu'il ne me reconnaisse pas mais peine perdue, son regard a déjà croisé le mien. Son visage se ferme immédiatement et un éclat de colère brille dans ses yeux.

Tout à coup, il se déplace et saisit une chaise avant de la placer face à moi et de s'y installer à califourchon. C'est la voix du tatoueur qui me sort de ma contemplation de ce beau spécimen :

"On va faire une pause ma jolie, ça fait déjà cinq heures que tu es avachie sur ce fauteuil. Je vais boire un coup." Me dit il avant de m'abandonner avec le tatoué énervé.

Je me crispe alors violemment et me redresse alors qu'il me lance un regard amusé. Ce n'est que lorsque je me retrouve debout, les seins à l'air devant ses yeux que je me rappelle l'absence de mon soutien-gorge. Immédiatement, son sourire disparaît.

"Et bien! T'es pas pudique! Aujourd'hui, les seins à l'air, hier limite à baiser sur la piste avec ton mec..." Me lance t'il hargneusement.

Je me fige et abaisse mon tee-shirt avant de remettre rapidement mon soutien-gorge.

"C'est quoi ton putain de problème? Je suis en train de me faire tatouer et toi, tu viens, tu t'installes. Je reste en sous-vêtement si j'en ai envie, non? Si ça ne te plaît pas, je ne te force pas à rester." Je ne crie pas, mais ce n'est pas loin.

Mon coeur bat à tout rompre et alors que je devrais certainement le trouver tout sauf sexy, une légère chaleur inonde mon bas ventre. Il crispe la mâchoire à nouveau.

"A force de serrer les dents comme ça, tu vas finir par te casser quelques chose! Une molaire ou...
-Bordel, remets un tee-shirt!" Conclût il.

Instinctivement, je fais ce qu'il me dit et rabats le tissu contre ma peau. Il se lève alors, me faisant face de toute sa hauteur. Son souffle est rapide et je vois son torse musclé se soulever rapidement.

" C'était qui ce mec hier? Ton mec?
-C'est une question sérieuse? Parce que si c'est le cas, tu ne manques pas d'air! Je ne te connais même pas et...
-Et ça ne t'as pas empêché de le laisser te toucher devant moi hier, alors tu es quoi? Une exhibitionniste?!"

C'est à mon tour de serrer les mâchoires. Je ne sais pas quoi répondre à cela. Ma tête tourne violemment et je manque de tomber en avant. Ses bras me rattrape avant que je ne bascule vraiment. Je rouvre les yeux alors qu'il me tient contre lui. Il me rassoit sur le fauteuil et disparaît me laissant totalement seule. Je tente de m'apaiser un peu quand il réapparaît en me lançant presque une canette de soda.

"Bois ça, t'en a besoin. Je suppose que tu n'as rien mangé avant de venir?" Demande t'il.

Je baisse les yeux incapable de répondre quoi que ce soit et avale plusieurs gorgées.

"Écoutes, je suis désolé. Je ne voulais pas dire tout ça mais...
-Mais tu es un connard, alors c'est plus fort que toi, c'est ça?"

Il me regarde bouche-bée puis sourit.

"Si je suis un connard, je te laisse imaginer ce que tu es à mes yeux..." me lance t'il avec un regard éloquant.
Soudain, il secoue la tête et s'écrit :

"Mais remets moi ce tee-shirt bon sang! On voit tout la !"

Je sursaute et balance le tee-shirt au sol, une bonne fois pour toute.

"Où est ton mec hein? Bordel, on ne laisse pas sa nana toute seule dans ce genre d'endroit surtout après qu'elle ait passé plusieurs heures les seins à l'air devant tous ces obsédés!" Lance-t-il à la cantonnade.

J'explose de rire, ne sachant vraiment pas quoi faire d'autre. Le son résonne dans ma tête et accentue mon mal de crâne.

"Ce n'était pas... Hans n'est pas... " J'arrête de rire devant son regard sombre. "Hans n'est pas mon mec, comme tu le dis si bien. Je n'ai de compte à rendre à personne et surtout pas à toi.
-Ce n'était pas ton...mec?
-Non!
- Et tu laisses souvent les mecs te tripoter comme ça?!"

Je me redresse doucement et m'approche de lui, me collant presque contre son torse.

"Me tripoter? Non. Me caresser, pourquoi pas? En passant, c'est toi qu'il aurait préféré caresser si tu vois ce que je veux dire!" Je lui lance un sourire satisfait. Le fait que je ne le laisse apparemment pas indiffèrent me réjouit au plus haut point.

Ses yeux glissent de mes lèvres à ma poitrine inlassablement. Je sens l'électricité courir entre nous.

"Gay hein? Et il t'embrasse souvent comme ça?
- Il s'est dit que vu les regards insistants que tu me lançait, il se devait de t'offrir du spectacle! C'était juste pour te provoquer!" Je le dépasse pour me réinstaller sur mon siège, en le frôlant de mon épaule dénudée.

Tout à coup, sa main saisi ma nuque et ses lèvres s'écrasent sur les miennes. Le baiser est passionné, possessif et me coupe le souffle. J'attrape son visage entre mes mains et colle mon corps contre le sien. Mon coeur chavire. Ses mains glissent le long de mes bras et me rapproche encore. Je sens chacun de ses muscles contre moi tandis qu'il presse son bassin contre le mien. Sa bouche étouffe un de mes gémissements. Je le sens sourire contre mon visage et rouvre les yeux. Alors qu'il se détache de moi, le tatoueur refait son apparition et brise notre moment. D'un coup, tout s'écroule. Mon tatoué se recule violemment souffle bruyamment et s'enfuit, littéralement. Le tatoueur se retourne vers moi, un sourire amusé sur le visage et me dit :

"Et bien... Mettre le grappin sur le célèbre Stephen Jamison, c'est pas donné à tout le monde!" Rit il.

Bien trop perturbée par le baiser torride que je viens de recevoir, je ne percute pas tout de suite sur le nom que le barbu vient de prononcer. Ce n'est que lorsque l'aiguille recommence à gratter ma peau que je réalise :


"Attendez, vous avez dit, Stephen Jamison? Comme le mannequin?" Je comprends enfin.

Celui avec qui je viens littéralement d'échanger le meilleur baiser de toute mon existence n'est autre que le mannequin que mon agence rêve de dégoter depuis des mois....  

On ne peut rien faire contre le destinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant