Elle en a marre !

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Enfin, une lueur au loin. Je l'adore ma copine, mais aller chez elle relève du parcours du combattant ce soir. J'atteins le portail. Génial, il s'ouvre tout seul. Pas besoin de me geler pour sonner à l'interphone. Je me gare. Je jette un coup d'oeil vers la porte d'entrée.

 Cathy me fait signe rapidement et referme la porte. Je me hâte de la rejoindre, non sans mal car les talons de mes escarpins s'enfoncent dans l'épaisse couche de neige. Je frappe.

— Entre ma chérie !

Cathy m'accueille les bras grands ouverts.

— Comme je suis contente de te voir. Tu es toujours aussi belle. Un rayon de soleil !

Je l'adore ma copine, elle trouve les mots qui te mettent tout de suite en confiance. Elle me serre contre elle et me colle deux grosses bises, bien sonnantes sur les joues. Je suis glacée. Mes mains sont bleues, mes pieds gelés et le bas de mon jean est mouillé par la neige. Je grelotte.

— Excuse-moi du retard, mais avec cette foutue neige.

— Ne t'en fais pas. Les invités ne seront pas là avant vingt-et-une heures. Cela nous laisse une marge pour discuter toutes les deux. Tu as froid ?

— Oui, un peu.

— Retire tes vêtements, je vais les mettre à sécher.

Cathy s'absente et revient quelques minutes plus tard avec un peignoir en polaire gris, à la main.

— Enfile ça. Tu te rhabilleras tout à l'heure.

— Merci Cathy.

— Installons-nous dans le salon près de la cheminée.

Je me sens bien chez elle, dans sa grande maison qui sent bon la campagne. Je m'assieds sur le club en cuir au coin du feu.

— Que veux-tu boire ? me demande-t-elle.

— Ce que tu as.

— Champagne, ça te dit pour trinquer à nos retrouvailles ?

— Champagne !

Elle nous sert deux coupes et m'interroge.

— Alors, raconte-moi tout ce qui s'est passé depuis notre dernière rencontre. J'ai probablement raté de grands événements. Cela fait combien de temps que nous nous sommes vues ? Un an ou plus ?

— Environ un an.

— Pour commencer, peux-tu m'expliquer pourquoi tu es seule, sans ton mari, sans tes enfants, ce soir? Ce n'est pas dans tes habitudes et cela m'interpelle.

— J'ai rompu avec Julien.

— Tu plaisantes ! Si c'est une farce, elle est de mauvais goût.

— Non, c'est sérieux. Cela fait environ six mois.

— C'est tout frais. Et pour quelle raison ? Vous sembliez former un couple uni et heureux.

— Oui, tu as trouvé le mot juste « sembler ». L'apparence, rien que de l'apparence. L'habit ne fait pas le moine ma chérie.

— Et cela t'a pris comme ça, excuse-moi, mais chez moi nous disons « comme une envie de pisser ».

— Exactement ! Tu connais la petite goutte d'eau qui fait déborder le vase ?

— Oui.

— Ben voilà, ce n'est pas plus compliqué que ça. Il a poussé le bouchon un peu trop loin, et ça a pété.

— Sans aucun doute, mais cela ne m'éclaire en rien sur ce qui t'a poussé à tout quitter, surtout tes gosses. Là, tu me surprends. Une maman comme toi, prête à tout pour ses mômes.

Eléna MarOù les histoires vivent. Découvrez maintenant