Les culs-coincés

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Quelqu'un frappe à la porte. Cathy ouvre et de sa voix chantante, elle s'exclame :

— Tinou, comment vas-tu ?

— Bien et toi ma belle ?

— Très bien. La route s'est bien passée avec ce mauvais temps ?

— J'ai pris l'autoroute et ensuite j'ai roulé doucement jusqu'ici vu l'épaisse couche de neige qui tapisse le sol.

— Viens par ici. Je vais te présenter une amie.

Debout contre la cheminée, les bras derrière le dos, j'admire le jeune homme qui vient vers moi.

Il se présente.

— Bonsoir. Étienne ou Tinou pour les intimes.

— Éléna ou Nana pour les intimes.

Nous échangeons un sourire complice. Cathy, à qui cet échange n'est pas passé inaperçu, me dit en me lançant un clin d'oeil :

— Éléna chérie, je te laisse prendre soin de mon ami en attendant les retardataires. Le champagne est au frais. 

Je demande à Étienne s'il veut boire quelque chose. Il me répond qu'il préfère attendre que tout le monde soit présent. Ok, no souci. Par contre, il va falloir que  j'entame la conversation pour éviter de faire cruche. Je me lance.

— J'ai cru entendre que vous aviez emprunté l'autoroute pour venir. Vous habitez loin ?

— Au-dessus de Paris. Et vous ?

— Une demi-heure de trajet, mais une heure ce soir, à cause de la météo.

— Tranquille ! Vous connaissez Cathy depuis longtemps ?

— Un bail ! Nous nous sommes connues sur les bancs du Lycée.

— En effet, c'était la belle époque. Cela ne nous rajeunit pas.

— Pardon ?

— Je veux dire par là que ça remonte.

— Et vous, vous êtes amis de longue date ?

— Deux ans. J'ai rencontré Cathy lors d'un vernissage.

— Vous êtes peintre ?

— Non, juste marchand d'oeuvres d'art.

Cet homme pique ma curiosité bien qu'il soit trop jeune à mon goût. Au moment où je m'apprête à lui poser une autre question, les phares de plusieurs voitures inondent de lumière le salon.

— Éléna chérie, veux-tu ouvrir la porte et accueillir nos amis s'il te plaît. Je termine la présentation des amuse-bouches, me propose Cathy.

— J'y vais !

Je ne connais ni d'Ève ni d'Adam les personnes qui vont franchir le seuil dans quelques minutes. Je fais comme si j'étais chez moi et ouvre la porte en grand, place mes bras en avant et m'écrie :

— Bonsoir les amis, venez, entrez. Soyez les bienvenus.

L'un d'entre eux me dévisage et me demande :

— Enchanté, vous êtes ?

— Oh pardon. Je ne me suis pas présentée. Éléna, la gouvernante des lieux.

Je les salue d'une courbette aussi parfaite que celle de Jacques-Henri Jacquard alias Jacquouille dans Les Visiteurs !

— Parfait. Dans ce cas vous voudrez bien nous débarrasser de nos affaires, ainsi que de nos bagages.

Eléna MarOù les histoires vivent. Découvrez maintenant