Eléna show !

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Lorsque j'ouvre les yeux, au secours ! Je suis d'une part seule, d'autre part, étalée sur le tapis de la salle de bain. Je suis encore vêtue de mes habits de la veille. Une odeur nauséabonde imprègne la pièce. Je prends appui sur le bord de la baignoire pour me redresser.

 Oh la vache ! Un affreux boum résonne dans mon crâne. Ce que je visualise me donne la nausée. La cuvette des toilettes est inondée de ce que j'ai ingurgité hier. Il y en a partout ! Une vraie cochonne la Éléna. La main sur la bouche pour éviter de rendre ce que je n'ai plus, je tire la chasse d'eau. Trop tard. Je suis trop sensible à certaines odeurs et je vomis dans le lavabo. Les stations d'épuration sont propres comparées à ce que j'ai sous les yeux. 

Quelle heure est-il ? Aucun bruit dans la maisonnée. Avant de sortir de la salle de bain, je me démaquille et me brosse énergiquement les dents. Je cherche mon téléphone. Je l'aperçois sur la console de la chambre. Je l'allume. Onze heures trente. Il vibre à maintes reprises pour accuser la réception de messages. Purée ! Douze messages. Je m'apprête à les lire quand un étrange soupir venant du lit m'interpelle. Je m'approche à tâtons, sans faire de bruit. Il y a quelqu'un dans mon lit. Qui cela peut-il être ? Je me penche et du bout des doigts, j'essaie de deviner qui se dissimule sous la couette. J'attrape le coin du drap. Je le tire lentement.

L'inconnu grogne et se tourne sur le ventre. Je reconnais ce profil. Cela me rappelle quelqu'un. Non, ce n'est pas possible. Je laisse échapper un cri de surprise qui le réveille en sursaut.

— Éléna ? Que se passe-t-il ? demande-t-il inquiet.

— Que fais-tu là ?

— Tu vois bien. J'ai dormi. Pourquoi ?

— Dis-moi la vérité. Est-ce qu'il y a eu un truc entre nous ?

— Un truc ? Oh oui, un truc de malade !

J'étais tellement saoule que je ne me souviens même pas de ce que j'ai fait de mon corps. Je ne sais plus où me mettre. Il renifle et me demande d'où vient cette horrible odeur. Mes affaires sont marquées par les effluves de ma nuit passée au-dessus du bidet.

Mon Dieu ! Ne reste pas plantée là Éléna. File te doucher. La honte. Je saisis mon sac de voyage et m'enferme dans la salle de bain. Une fois lavée, je revêts un bas de jogging gris et un pull chaussette noir. Je me sens mieux, plus fraîche. Je peux retourner voir Étienne et comprendre ce qui s'est passé cette nuit. Mince, il n'est plus là. J'entends des gens parler au rez-de-chaussée.

Je descends les rejoindre. Lorsque je pénètre dans la cuisine, j'ai l'impression d'être une bête curieuse. Cathy me regarde comme si j'étais la surprise du jour. 

— Bonjour la compagnie !

Pas de réponse à ma question. Qu'ont-ils tous à faire une tête d'enterrement ? Se serait-il passé quelque chose dont je ne me souviens pas ? Je vais prendre mon café tranquillement et attendre que les langues se délient. Nous avons très peu dormi, d'où peut-être la raison de ce silence. Lorsque je m'assieds pour petit déjeuner, Charles se lève, suivi de Marie et Arielle. Je ne peux retenir mes paroles.

— Je vous dérange ? Si tel est le cas, prenez place. Je boirais mon café au salon.

Aucune réplique. Bizarre. Ils quittent tous trois la cuisine. Je me retrouve attablée avec Étienne et Cathy. Le comportement de mes amis d'un soir m'intrigue. La journée s'annonce bien entre le réveil au pied des toilettes et le petit-déjeuner. J'ai horreur des sous-entendus, des situations tordues. J'interroge Cathy.

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— Dis-moi, il s'est passé quelque chose de grave que j'ignore ?

— À qui le dis-tu ! Arielle n'a pas passé la nuit avec Charles, mais avec Marie.

Eléna MarOù les histoires vivent. Découvrez maintenant