Quand Eléna se lâche...

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— Prenez place. Je vais mettre un fond de musique.

Un air de jazz s'échappe de la chaine hifi. Plaisant, mais pas de quoi faire la nouba avec ça. Il faut absolument que je change de répertoire si je ne veux pas que cette soirée se termine à minuit ! Je jette un coup d'oeil sur ma montre. Minuit moins deux minutes.  Pas un seul d'entre eux ne semble avoir remarqué l'heure.

Qui dit minuit, dit "bonne année" et, bises à tout le monde. Voyons qui se trouve le plus près de moi. Mince, il s'agit de Charles. Oh non, je n'ai pas envie d'embrasser cet homme en premier. Où est Étienne ? Je m'imagine déjà me jeter dans ses bras, le prendre par le cou, poser mes lèvres sur les siennes et lui souhaiter une bonne année.

Que c'est bon de rêver ! Le hic, c'est qu'il est en face de moi et Érika se l'accapare. Il me reste quelques secondes pour trouver un moyen de l'approcher. Entre lui et moi, la table basse. Non, Éléna, tu ne vas pas faire ça ! C'est stupide ! Retire immédiatement cette idée farfelue de tes pensées. Je commence à voix haute le compte à rebours.

— Dix, neuf, huit, sept, six, cinq, quatre, trois, deux, un...

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Et pour quelle raison étrange, je perds le contrôle de mon corps (et de mon esprit) un bref instant. J'enjambe la table de salon et me rue sur Étienne comme une folle. Le pauvre, il est tellement surpris qu'il s'écarte d'un pas sur le côté et je me retrouve les quatre fers en l'air au beau milieu de la pièce. Éléna, la cruche dans toute sa splendeur ! Plus grotesque que moi, cela n'existe pas. Le côté positif c'est que Tinou me tend la main pour m'aider à me relever. Un véritable gentleman. Me voici face à lui.

 Je le regarde droit dans les yeux et lui murmure " bonne année !". Il lève sa coupe et me souhaite à son tour ses meilleurs voeux. Ouf ! tout le monde est heureux de célébrer la nouvelle année et personne ne me demande ce qui s'est passé dans ma petite cervelle, ni si je me suis blessée au passage. Je trinque avec eux et je profite de cet instant joyeux pour changer la musique et augmenter les décibels.

Un tube qui ressemble à "vis, sous le soleil du Brésil, entre Cuba et Manille..." Le rythme chaud de cette chanson entraîne chacun de nous dans la danse. Charles et Arielle se collent naturellement l'un à l'autre. Érika nous offre une danse du ventre. Marc et Christophe la regardent, amusés. Cathy se dandine avec Tinou. Et moi, je m'éclate toute seule en reprenant le refrain en hurlant "viens danser ! viens danser ! viens danser !".

Je me sens bien, gaie et un peu pompette aussi. La musique qui suit "You can leave your hat on" de Joe Cocker me donne une idée. Je fais signe à Érika de s'approcher et l'invite à nous faire une danse sexy. Évidemment, elle ne refuse pas. Elle attrape un tabouret et commence son show. Et quel spectacle ! Sans aucun complexe, elle use de ses charmes et fait tirer la langue de ces messieurs.

Applaudie, elle descend de son promontoire, attrape Marc par la hanche et l'entraîne sur un zouk. La crise de rire. Pour un mec qui tient une boite, ce n'est pas jojo. Il piétine, butte et marche sur les pieds de sa partenaire. Une main sur la fesse de Marc, l'autre sur son épaule, Érika est très concentrée sur sa prestation. Cathy baisse le son. Elle nous informe que nos chambres sont prêtes, et que chacun dort où bon lui semble. Merci ma chérie, mais ça, on avait compris. Je lui dis :

— Fatiguée ma Cathy ? Un petit coup de champagne pour te rebooster ?

— Oh non merci Éléna. Je pense avoir assez bu comme ça.

— Allez, un petit effort. Je t'ai connu plus compétitive que ça !

— Bon, une dernière coupette, et au lit !

Eléna MarOù les histoires vivent. Découvrez maintenant