Crêpage de chignon !

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Le lendemain matin, huit heures.

— Maman, maman ! Réveille-toi !

Louis me secoue comme un prunier. Il est surexcité, pire que lorsqu'il découvre ses cadeaux à Noël.

— Doucement mon ange. Que se passe-t-il ?

— Mamie est là.

— Oui et ?

— Tu dois être impatiente de la voir. Dépêche-toi.

— Louis, mamie et moi, nous sommes en froid.

— Vous avez froid ? Pourtant, il y a du chauffage dans la maison.

— Non, non. Je t'explique. Depuis que papa et moi nous sommes séparés, mamie me fait la tête. Tu comprends ?

— Je suis sûr qu'elle va être contente de te voir. Tu nous rejoins ?

— Dans quelques minutes.

— Je vais prévenir mamie. C'est trop chouette !

— Tu n'es pas obligé de lui dire que je suis là.

— Vous êtes grave bizarre les grands. Allez maman, à toute.

— J'arrive mon ange.

Louis descend à toute vitesse les escaliers. J'entends « Mamie, j'ai une surprise pour toi ! ». Oh punaise, je vais devoir me farcir la belle-doche. Je me prépare à l'affronter. Elle est du style Tatie Danielle, puissance dix. Décidément, cette nouvelle année démarre mal. Cathy dort encore. Je quitte la chambre sur la pointe des pieds. Lorsque j'entre dans le salon, la belle-mère me fusille du regard. Je l'ignore. Je ne la salue pas. Louis nous dévisage.

— Ce n'est pas froid, c'est gelé entre vous, dit-il.

— Louis, occupe-toi de tes affaires, lui répond sèchement sa grand-mère. Et vous, qu'est-ce que vous faîtes ici ?

— C'est à moi que vous vous adressez ?

— Non, au pape ! De quel droit êtes-vous dans la maison de mon fils ?

— Par obligation. Si vous aviez daigné bouger votre popotin hier soir, je ne serais pas là.

— Je suis venue pour prendre des nouvelles de mon fils et de mes petits-enfants.

— Oh, comme c'est touchant. Une vraie mamie gâteau. Julien, je gère. Quant à Louis et Victor, je vous rappelle que je suis leur mère.

— Une mère volage, incapable de garder son mari.

— Vous voulez vider votre sac ? Allez-y, mais vérifiez que votre pacemaker fonctionne bien, sinon, c'est la syncope assurée. Et comptez sur moi pour ne pas vous relever.

— Vous vous prenez pour qui, pour me parler sur ce ton ?

— L'ex de votre gros bébé Julien.

— C'est à cause de vous tout ça. Les enfants sont perturbés, Julien aussi.

— Mes fils vont très bien. Votre Juju aussi. La preuve, il a trouvé chaussure à son pied, si je puis dire.

— Quelle menteuse ! Mon Julien est un garçon fidèle, dévoué, travailleur et un père modèle.

— C'est vrai. Pourquoi l'avoir quitté ? Je dois être sotte. Votre fils est un mec bordélique et assisté. Vous l'avez trop couvé, et voilà le résultat.

— C'en est trop ! Sortez immédiatement !

— La porte est sur votre droite. Je vous en prie, les vieilles dames d'abord.

— Je ne bougerais pas d'ici.

— Mon Dieu, quel courage. Dire que je vous ai supporté durant des années. Je me demande comment ai-je pu tenir.

Mamie appelle Julien à la rescousse. Il arrive et pige tout de suite ce qui se trame.

— Vous me faites chier toutes les deux. J'en ai marre de vos querelles. Cela fait un quart d'heure que je vous entends vous chamailler. Cela suffit.

Julien est très fâché. Toujours aussi chiante, je réplique.

— Il ne faut pas t'énerver Juju. Ta petite maman et moi nous discutons de ce qui ne va pas.

— Reste calme Julien. Éléna a raison, ce sont des histoires entre nous. Va te reposer.

— Deux pies en train de se plumer. Voilà à quoi vous ressemblez.

Il lève les yeux au ciel, complètement dépassé par la situation. Au même instant, quelqu'un frappe à la porte. Julien ouvre.


Eléna MarOù les histoires vivent. Découvrez maintenant