Troisième jour. Neuf heures. J'ai dormi comme un bébé. Je baille et m'étire longuement. Je file à la douche, enfile une robe en coton bleu ciel, tout ce qu'il y a de plus simple, avec mes espadrilles blanches. Je frappe à la porte de Sydney. Personne ne me répond. Je tape à sa fenêtre. Rien. Serait-elle déjà parti déjeuner ? Cela me surprend. Elle tenait à ce que l'on soit ensemble. C'est étrange. Cela ne lui ressemble pas. Un peu déçue, je me rends à la salle de restaurant. Je balaie du regard la pièce, à l'affut de ma petite foldingue. Toujours pas de Sydney. Je me sers un café, des toasts de pain de mie avec de la confiture. Je m'assieds à une table. J'observe les gens qui entrent. Je soupire. Ce petit-déjeuner est triste. Je n'ai pas faim. Je m'apprête à quitter la salle, lorsque des éclats de rire m'interpellent.
Je tourne la tête et aperçois miss cool avec mister Ricardo ! Elle est radieuse. Je ne veux pas jouer les trouble-fêtes, ni tenir la chandelle. Je rase les murs pour éviter de les croiser. Malheureusement, Sydney a des yeux de chat. Elle voit tout, même l'invisible, d'après ce qu'elle m'a raconté.
— Hi ! Éléna ! hurle-t-elle.
Je lui fais coucou de la main, mais cela ne suffit pas. Elle s'approche et me serre fort dans ses bras, comme si nous nous étions perdues de vue depuis des lustres.
— Moins fort, tu me fais mal ! lui dis-je.
— Oh, sorry ma belle. Te joindrais-tu à nous ? me propose-t-elle.
— J'ai déjà mangé. Je vais me préparer pour le cours de relaxation.
— Un petit noir avec nous, allez...
— Ok.
Ricardo s'absente pour saluer les clients, cela fait partie du travail du gentil animateur. J'en profite pour jouer l'enquêtrice.
— Alors, as-tu conclu cette nuit ?
— Grave ! Je kiffe trop ce mec. Il a un corps, mais un corps... répond Sydney.
— Un corps de quoi ?
— De rêve... Il a ce qu'il faut, là où il faut. Des pectoraux de ouf, des abdos bétons, et un de ces petits culs... Rien que d'y penser...
— Arête, c'est bon. Tu aurais pu me prévenir, je t'ai attendu ce matin.
— Ma chérie, je ne pouvais pas savoir que j'allais au septième ciel, quand tu es partie te coucher à minuit. Ce n'était pas dans mon timing.
— J'hallucine. Comment tu causes ! Tu es grave ouf !
— Ah, ah ah !
— Qu'est-ce qui te fait rire ?
— Toi ! as-tu entendu ? Tu as prononcé les mots que tu détestes. Tu déteins sur moi, attention. Ça craint du boudin ma chérie.
Ricardo, le bel étalon de miss cool, prend place avec nous. J'avale mon café. Je me lève.
— Bon, à tout à l'heure pour le cours.
— À toute ma belle, répond Sydney.
Je fais un détour par les toilettes. Je ne m'en étais pas rendu compte jusque-là, mais j'ai pris de sacrées belles couleurs. Allez, go. Relaxation, puis une séance de bronzette sur la plage pour changer d'environnement. Caro, la prof de ce cours, m'invite à prendre place sur un tapis. Un groupe de jeunes femmes, plutôt de petites pétasses, s'invitent au cours. Certes, elles sont jolies, bien roulées, mais ces manières de se toucher les cheveux, de se reluquer sans cesse, de mâchouiller leur chewing-gum en ouvrant la bouche, moi, je ne peux pas. Cela a le don de me gonfler. Le hic, c'est que je suis là pour me relaxer, et non pas pour me défouler.
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Eléna Mar
ChickLitUne pincée d'amis, un zeste de champagne, une mesure de musique, le tout mélangé dans un cadre festif. Seraient-ce les ingrédients nécessaires à la recette d'Éléna Mar pour oublier l'échec de son mariage ? Humour et délires à gogo, servis sur un p...