Destin Turquoise

Chapitre 27

Localisation : Inconnue

Date : Inconnue 

Heure : Inconnue

Stanley ne saurait retracer son ascension jusqu'au Destin mais le travail qui lui est actuellement attribué lui permet de s'immuniser contre les Turquoises. Le poste d'assistant qu'il occupe ne lui permet pas de partager le secret professionnel sur les origines et le but des lettres. Il se forge une idée à partir des attitudes et des recommandations de ses collègues de travail et plus particulièrement, Don Blorton.

Lorsqu'une information intéressante se présente à lui, il n'hésite pas à en faire part au président afin de discuter d'une possible solution et de l'éclairer un peu plus sur toute cette affaire. Le jeune homme sait qu'il flirte avec le mal mais ne peut retomber dans l'anonymat et le danger. Il est au cœur du projet. Le problème avec ce genre de proximité est qu'il se doit d'intervenir sur des cas qui ne l'enchantent pas. Ce jeune chrétien ne prie que pour une seule chose... ne faire de mal à personne. Il redoute le moment où l'un de ses supérieurs lui ordonnera de blesser gravement un être humain. Il a entendu parler de la Rescapée-messagère qui a reçu une balle dans la tête après avoir rempli son rôle et ne peut se détacher de cette image de barbarie.

La surveillance est souvent ennuyeuse, comme un film qui défile en boucle et qui perd de son intérêt. Le jeune homme passe des heures à vérifier les frontières et les villes. Il ne s'occupe pas des mises sur écoute mais seulement des activités suspectes. Le temps défile et le sommeil gagne Stanley. Il ne cesse de vérifier les environs puis les diverses zones. Tout à coup, il stoppe et agrandit l'image. Il saute de son siège et s'avance si près de l'écran qu'il louche. C'est elle, la voiture qu'il a repérée la veille... La voiture fugitive.

Il la suit du regard et se demande comment elle a pu se retrouver dans cette ville aussi rapidement. La détermination de cette Jeunesse semble parée à toute épreuve. Il hésite à avertir Don Blorton car il ne souhaite mettre personne en danger. Pourtant, l'endroit où évolue le véhicule est l'un des plus miséreux depuis la mise en place du système. La morale n'y existe plus. Après quelques minutes de réflexion, il décide d'avertir le président... encore une fois. Il ne veut pas être accusé de laxisme ou de complicité avec n'importe quel hors-la-loi.

Il sort du bureau et traverse un long couloir en bois laqué.

- Monsieur, lance-t-il après avoir été invité à rentrer dans la pièce.

- Encore vous ! Que se passe-t-il cette fois ? Des poules ont aussi dépassé les frontières ?

Le rire de l'homme glace le sang de Stanley. Il ne sait jamais quoi faire lorsque cela arrive. Doit-il rire avec l'homme et risquer de le refroidir ? Il sourit, simplement.

- La Jeunesse a atteint la ville sous quarantaine.

- Quelle progression fulgurante ! Répond-il.

- Souhaitez-vous intercepter cette course ?

- Pas pour le moment. Mais gardez l'œil bien ouvert. Je veux qu'aucun mal ne soit fait.

Le jeune garçon expire, soulagé. Il ne veut pas plus de souffrance qu'il n'y en a déjà. Pourtant, le vieil homme reprend son air destructeur et change la donne.

- Je veux m'en occuper moi-même.