Destin Turquoise

Chapitre 30

Localisation : Inconnue

Date : Inconnue

Heure : Inconnue

Il se fait tard mais Stanley ne peut quitter son siège tellement l'agitation de la journée a accaparé toute sa curiosité : d'abord un lynchage sur la place publique puis maintenant du grabuge près de l'usine de fromage.

Don Blorton a été très clair quant à la condition vitale de la Jeunesse fugitive. Il la veut vivante. Le garçon était à deux doigts de déclencher l'alerte lorsqu'il a vu le jeune homme se faire asperger d'une substance inflammable. Il l'a ensuite vu se relever puis partir sous la menace des tortionnaires.

Le reste de la journée fut plutôt calme. Il visionna un grand nombre de vidéos, afin de surveiller l'état général des alentours géographiques, puis fut dérangé par l'un de ses collègues de la section « Mise-sur-écoute ».

- Nous avons un problème avec une rescapée dans la zone 5. Code d'accès 117.243, l'interpella son camarade.

Stanley rentra les informations sur le logiciel de recherche et aperçut la maison en cause.

- Je ne vois rien d'alarmant José. Aucune agitation suspecte.

- Viens avec moi ! Répondit-il.

Le garçon se leva avec enthousiasme. Une fois dans la salle de surveillance auditive, l'homme lui tendit un casque.

- Calme-toi ! Je t'en prie, calme-toi ! Retourne dans ta chambre ! S'époumonait un homme.

Des grésillements se mêlaient à la bande sonore.

- Claire, je t'en prie, ressaisis-toi !

Des cris, des râles et des grognements.

- Maman les petits bateaux qui vont sur l'eau ont-il des jambes ? Je l'ai vu dans ses yeux ! J'ai reconnu son regard ! Mon gros bêta ! Je l'ai vu dans ses yeux ! Criait la jeune fille.

Une symphonie d'éclats de verre retentit et brouilla la piste audio. L'homme ne semblait pas maîtriser la Rescapée.

- Ne prenons pas de risque. Élimination de la Rescapée.

- Non ! S'écria l'assistant, elle va sûrement se calmer !

Il était trop tard. L'homme enclencha les ultrasons de catégorie six et un long silence s'ensuivit.

- Claire ! Qu'est-ce qu'il t'arrive ? Claire ! Non par pitié ! Claire ! Reste avec moi, je t'en supplie !

Le garçon entendit des soupirs et des suffocations. La rescapée était en train de mourir. Ses cellules nerveuses étaient en train de dépérir. La nuit est tombée et les rancœurs de Stanley envers son collègue se sont atténuées. Le garçon suit de nouveau les actions dans la ville en quarantaine.

Il surveille la sortie du tunnel ainsi que les alentours de l'usine. Les habitants sont prêts à fuir. Ils ont eu l'information. Un premier homme franchit les frontières et s'extasie de joie pendant que la voiture qui vient de le déposer repart. En moins d'une heure, plusieurs dizaines de personnes le rejoignent et s'attroupent tout autour de lui. L'agitation qu'ils créent tous ensemble les mène à leur perte.

Un affolement général se répand. Une foule d'assaillants nocturnes les attaque et ne les épargne pas. Les habitants sont disloqués, déchiquetés, écartelés sous la violence de leurs agresseurs.

Stanley s'affale sur son siège. Il ne faut qu'une minute avant que l'assemblée ne soit décimée, ne laissant que chair et os, sang et organes sur un sol qui rougit à la lumière céleste.