Il m'avait toujours interdit de le qualifier de simple jardinier, ses termes étaient plus nobles quand il parlait de lui même. Dans le fond je ne mentionnais pas réellement sa profession, je le considérais simplement comme un jardinier. Il m'avait choisi parmi tant d'autres comme on cueillerait la plus belle rose sur un arbuste épineux, et ce malgré les risques évidents. Une rose d'une pureté et d'une blancheur sans égale, au doux parfum et au toucher soyeux.
J'avais alors reçu quantité d'attentions et de soins, je trônais paisiblement dans mon vase en attente de son ravissement perpétuel. Égoïste, il me gardait cachée des autres dans son petit jardin secret à l'abri de la lumière et nul n'aurait pu se douter que j'étais sur le point de suffoquer.Puis le temps avait passé et avec lui son intérêt à mon égard.
Je fanais dans un monde où le paraître compte plus que tout. Et tandis que je mourrais à petit feu, lui en soignait une autre. Une simple plante verte aux feuilles encore grossières, rien qui puisse me faire de l'ombre si ce n'est qu'il ne l'avait pas choisi sur un coup de tête sans réfléchir... elle n'était pas un caprice au même titre que moi : un désir irrépressible certes mais passager... non il l'avait prise jusqu'à la racine et placée dans un petit pot avec tout le confort nécessaire. Elle me survivrait, elle me remplacerait et je ne songeais même plus à demeurer un agréable souvenir.Quand enfin il finira par me jeter, je tomberai dans l'oubli, il ne restera que des épines. Cinq malheureuses épines.
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Beautiful Pain
PoetryFaut-il souffrir pour créer ? Je ne le crois pas, néanmoins je ne suis jamais plus inspirée que dans mes instants mélancoliques. Réfractaire aux larmes et longues conversations autour d'un verre, je m'épanche sur ma feuille rédigeant sans honte cita...