Tout cavalier qui se respecte a déjà entendu cette phrase « si tu tombes de cheval, la meilleure chose à faire est de remonter ». Ce qu'on oublie, c'est que c'est parfois impossible. Certaines chutes sont bien trop éprouvantes, trop douloureuses, tant et si bien qu'on s'abstient de retrouver sa selle et qu'on finit même par en avoir peur. Était-ce ma faute dans le fond ? Ai-je surestimé mes capacités ? Personne ne m'avait averti qu'il était trop sauvage, trop imprévisible pour moi, que je risquais d'être blessée. Je me suis acharnée, j'ai repris les rênes tant bien que mal à de multiples reprises, me suis raccrochée à la crinière... Le souffle coupé, les jambes mutilées, le crâne fracassé, j'ai l'impression d'avoir plus souvent mordu la poussière que récolté des rubans. Le sable entre les lèvres me laisse un goût amer, celui de la défaite. Et pire encore j'angoisse à présent, tremblante comme une feuille dès qu'il se campe à mes côtés comme pour constater l'ampleur des dégâts. Mais je l'aime ce cheval, aussi difficile soit-il, je refuse de le vendre, de le partager... Il est mien. Il est mien dans l'idée, il est libre sur papier, mais semble accordé à une autre pour l'éternité.
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Beautiful Pain
PoetryFaut-il souffrir pour créer ? Je ne le crois pas, néanmoins je ne suis jamais plus inspirée que dans mes instants mélancoliques. Réfractaire aux larmes et longues conversations autour d'un verre, je m'épanche sur ma feuille rédigeant sans honte cita...