A Brotherly Love [Tome 1]

Chapitre 14

Je tombe sur une photo d'elle et Émilie, lors de leur cérémonie de diplôme de fin d'année. Qu'est-ce qu'elles sont jolies... Je remarque que la photo est abîmée sur le côté, comme si elle avait été déchirée. Je suppose qu'elles étaient avec Justin et si c'est le cas, j'aurai déchiré sa tête aussi.

Soudain, une voix me fait sursauter.

- Kelly ? Qu'est-ce que tu fais dans ma chambre ?

- Oh je suis désolée, je cherchais les toilettes et en ouvrant la porte j'ai compris que c'était ta chambre... Pardon je n'aurais pas dû.

- Non ce n'est rien...

Elle pose son masque sur son lit et remarque la photo que je tiens entre mes mains.

- Ah, tu as trouvé cette photo...

- Oui... je suppose que tu l'as déchirée parce que Justin était dessus, je me trompe ?

- En effet c'est bien ça... Émilie et moi sommes beaucoup trop heureuses sur cette photo pour que je la jette, alors j'ai juste enlevé la tête de ce connard.

- J'aurais fait pareil... vous étiez vraiment belles ce jour-là.

- Merci, c'est gentil...

Elle me prend doucement la photo des mains pour fixer sa meilleure amie. Je la sens émue, elle doit vraiment être perdue depuis qu'elle a appris qu'elle était vivante.

- Elle est morte quelques semaines après qu'on ait pris cette photo...

Je vois ses yeux s'humidifier de plus en plus.

- Ça fait presque dix ans... je pensais ne jamais la revoir, dit-elle en éclatant en sanglots. Elle était comme ma soeur, on se connaissait depuis nos trois ans et on a toujours tout fait ensemble... alors quand elle est partie, je suis tombée en dépression.

- Katia, je suis désolée...

- Je ne sais pas ce qui s'est réellement passé car les enquêteurs ne retrouvaient pas son agresseur donc ils ont classé l'affaire sans suite, mais je suis sûre à cent pour cent que c'était un coup de Justin. Il est très fort pour ne laisser aucune trace, et il voulait se venger donc il a décidé de prendre ma meilleure amie pour cible.

- C'est horrible...

- Maintenant qu'elle est revenue, je compte bien lui demander ce qu'il s'est passé et faire payer ce connard.

Ses yeux sont noirs de colère, sa respiration s'accélère et ses poings sont si serrés qu'elle manque de détruire la photo. Je pose alors ma main sur son bras pour la calmer un peu puis la prends dans mes bras.

- Katia... je pense qu'il faut s'arrêter là. Tout le monde a trop souffert, ce n'est pas la peine d'en rajouter.

- Parce que tu crois vraiment que je vais le laisser s'en sortir comme ça ? Ce mec m'a fait croire pendant neuf ans que ma meilleure amie était morte putain, neuf ans ! s'énerve-t-elle.

- Je comprends Katia, mais ça ne...

- Non, tu ne comprends pas bordel ! Tu viens seulement d'arriver, comment tu pourrais comprendre ce qu'on ressent, Oscar et moi, chaque jour ? À moins que toi aussi, tu n'aies perdu ta soeur ou ta meilleure amie il y a neuf ans et qu'elle ait ressuscité comme par magie, je ne crois pas que tu puisses comprendre.

En effet elle a raison, je ne comprends pas... Mais j'ose imaginer la douleur qu'ils doivent ressentir, le vide qu'ils ont dû avoir dans leur vie pendant ces neuf longues années.

- C'est vrai, je ne peux pas comprendre... mais en tout cas j'essaye. Je ne vous connais que depuis vingt-quatre heures à peine, mais je vois déjà que vous êtes des personnes en or et que vous ne méritez pas ça. Ce n'est peut-être pas la meilleure chose à dire, mais vous avez de la chance qu'elle soit revenue, beaucoup tueraient pour être à votre place...

Elle est toujours autant en colère mais je sens qu'elle fait tout pour se calmer, parce qu'elle sait que j'ai raison.

- Excuse-moi de m'être emportée comme ça... dit-elle en s'essuyant les joues.

- Ce n'est rien...

Je lui souris et la laisse seule dans sa chambre pour qu'elle puisse se calmer un peu. Puis je me dirige, pour de vrai cette fois, vers les toilettes.

———

Quelques minutes plus tard je sors des toilettes et passe par la chambre de Katia avant de redescendre : il n'y a personne. Je suppose qu'elle est redescendue entre temps.

Je descends les escaliers et saute sur le dos d'Omar qui se trouve juste en face de moi.

- Vous avez eu peur hein ?

- Oui un peu.

- Un peu ? Tu te fous de ma gueule là ? Vous êtes carrément tombés du canapé ! dis-je en rigolant.

- Oui bon bah ça va !

Il fait semblant de bouder, alors je lui caresse la joue et lui fais un bisou. Il retrouve vite son sourire bizarrement...

Je me dépêche de descendre de son dos pour que personne ne nous voit, on ne voudrait pas que les autres nous posent trop des questions.

Nous les rejoignons dans la cuisine tandis qu'ils discutent de tout et de rien. J'en profite pour leur demander :

- Vous ne voulez pas qu'on aille dormir ? Je suis épuisée et je n'ai qu'une envie, c'est que cette journée se termine.

- Je suis totalement d'accord ! me dit Olly. On va se coucher bébé ? dit-il en s'adressant à sa copine.

- Oui ! Katia, on peut prendre la chambre d'amis...?

- Seulement si vous ne faites pas de cochonneries, dit-elle à moitié sérieuse.

- Oh non, il n'y aucun risque...

Ils échangent un regard coquin puis rigolent tous les deux avant de monter à l'étage.

- Ces deux-là alors...

Katia esquisse un sourire, elle va mieux.

- Je crois que j'ai dû dormir maximum trois heures depuis qu'on est arrivés chez Nina... je suis à deux doigts de m'écrouler de fatigue, quitte à dormir par terre, se plaint Félix.

Je regarde d'abord Omar, puis Félix. Le pauvre, il n'a personne avec qui dormir... Alors on décide de lui proposer de dormir avec nous dans le salon, on prendra un matelas et on lui laissera le canapé. Katia, quant à elle, va dormir sur le fauteuil, elle est trop mal pour rester seule dans sa chambre.

Nous étions justement en train de préparer notre lit quand le téléphone de Katia sonna.

- C'est Oscar !

- Vas-y décroche ! lui dit Félix.

Elle prend son téléphone et décroche.

- Allô ?... Oui ?... D'accord, j'arrive !

- Qu'est-ce qui se passe ? demandai-je.

- Émilie est réveillée et elle veut me voir !

- Déjà ?!

- Oui, vous voulez bien venir avec moi s'il vous plaît...?

- Bien sûr !

On jeta les couvertures sur le lit et nous préparons rapidement pour aller à l'hôpital. Nina et Olly restent ici, soit-disant « pour ne pas brusquer Émilie à son réveil », sauf qu'on sait très bien ce qu'ils vont faire pendant notre absence... beurk.

Une fois arrivés sur place, on se dirige vers l'accueil, mais Oscar arrive de nulle part et court vers Katia en pleurant. Surprise, elle le prend dans ses bras et commence à paniquer.

- Oscar qu'est-ce qu'il y a, pourquoi tu pleures ?!

- Elle...