partie 3

9.3K 1.5K 37
                                    

         Zahra

 
            Quand le jour du deuil arriva, je ne voulais qu'une seule chose, partir avec papa dans sa dernière demeure. Je savais pertinemment que je ne pourrais pas vivre sans lui. Jamais n'avais-je pensé à perdre l'un de mes parents. En effet, je m'étais faite à l'idée de vivre éternellement avec eux à mes côtés.

Aujourd'hui je sais que j'étais cette fille naïve qui ne se souciait que de sa beauté, de son apparence et gaspillait l'argent de son père.

"Qui payera mes études?............ Où allons nous habiter?...........
Qui s'occupera de nous?"........
étaient les questions qui me hantaient.

C'est évident que ce ne serait pas la famille de mon père qui nous prendrait en charge. Elle avait enfin l'occasion de se débarrasser de nous. Pour rien au monde sa famille ne laisseraient cette chance leur filer entre les doigts. Leur souhait le plus cher allait enfin se réaliser.  Bref je disais que le jour arriva, on allait enterrer mon père. Beaucoup de ses amis étaient présents de même que son hypocrite de famille.

Mes jambes étaient en coton lorsque j'ai vu les hommes revenir des cimetières. Je vous avoue qu'au fond de moi, il restait un petit espoir de voir mon père franchir cette porte et de dire que tout ce qui c'était passé n'était qu'un rêve.  Hélas j'avais écarté tout espoir de le revoir lorsque j'ai vu les hommes revenir des cimetières et de prononcer le fameux " siguill ndigualé" qui veut dire en français je vous présente mes condoléances. A partir de cet instant, je ne parvenais plus à contenir mes émotions, mes larmes vierges de toute trace de maquillage venaient s'écraser sur mon châle jaune. Autour de moi, une multitude de sons plaintifs, de sanglots, de reniflements venaient accompagner mes larmes silencieuses. J'eus l'impression qu'une partie de moi était morte avec lui. Je pris une inspiration saccadée afin de refouler la crise de larmes imminente qui menaçait d'exploser.

Je crois que papa connaissait tout Dakar vu le monde fou qui était à la maison et à l'enterrement. La venue de mes camarades de classe m'a profondément touchée.  Je n'étais pas tendre avec eux, je leur montrais tout le temps que j'étais supérieure. En classe, je les saluais à peine et voilà qu'ils viennent me présenter leurs condoléances. Vous n'imaginez même pas la honte que j'avais quand ils sont venus. Je ne connaissais pas toutes les personnes présentes mais j'entendais les gens parler de moi. Une femme qui à peu près a l'âge de ma mère disait à un homme sûrement son mari " ki moy domam bi. Ki rek la ame. Ndeysane".  Elle disait que j'étais la fille unique de mon père.  Cette phrase, je l'avais entendue plusieurs fois durant la journée.

Un peu plus tard, la nuit faisait son apparition. Les gens prenaient congés à tour de rôle.   J'étais vraiment épuisé. Mon estomac gargoullait, c'est vrai que je n'avais rien mangé. Seul l'eau que je buvais me faisais tenir sur pied.

J'allais prendre mon bain quand on frappa à la porte de ma chambre.  C'était ma mère elle me donna un sandwich pour que je le mange.  Cette femme me connaît trop bien, même avec tout ce qui nous arrive, elle trouve la force de penser au ventre de sa fille. Elle avait un pagne sur sa tête ce qui est une obligation de la religion. Je pense qu'elle doit se couvrir avec durant 4mois. Avant de sortir de ma chambre, elle me prit dans ses bras et me proposa de venir dormir avec elle si je le souhaitais. Je déclina gentillement son offre. Je n'étais pas prête à dormir dans le lit de mon défunt père.

☆☆☆☆☆☆☆☆☆☆☆☆☆☆☆☆

Deux mois s'étaient écroulés depuis le décès de mon père. Je sortais de moins en moins de la maison. En classe, j'avais toujours l'esprit ailleurs et mes amis ne m'aidaient pas du tout. Ils me regardaient avec pitié. C'est un peu normal vu que j'avais beaucoup changé. Quand j'allais en classe je m'habillais comme si j'allais à un défilé, je me maquillais comme si on me demandais en mariage. Avec tout mon accoutrement, je ne passais jamais inaperçue.  Avec le décès de papa, je suis restée moi même: une fille simple. Je n'avais même plus ma voiture. Je l'avais vendu pour pouvoir payer mon année scolaire et couvrir les dépenses quotidiennes.... 

Mon père avait perdu tout ses biens parce qu'il avait fait un grand et mauvais investissement.  Ma mère et moi nous étions dans l'obligation de quitter cette magnifique villa. La maison où j'ai grandi ne serait plus qu'un souvenir. Je n'arrivais pas à croire que je ne me reveillerai plus dans cette belle demeure.  Cette décoration sublime était  l'incarnation de la richesse. Cette richesse n'est à présent que verbale. Financièrement, nous n'avons plus rien.

  J'allais oublier un détail... Les meubles qui étaient à la maison sont maintenant pour mon oncle Karim. Il disais qu'il allait les prendre jusqu'à ce que nous ayons une maison descente où habiter. On savait très bien que sa femme était derrière tout ça et c'est sur qu'il n'allait pas nous les rendre même si on possédait un château. Je voulais contester mais ma mère me l'avais formellement interdit. J'étais en feu sachant que je pouvais rien dire ou faire.

      Ma mère avait épuisé toutes ses économies pour les funérailles. Il ne lui restait qu'une bague en or. Elle allait la vendre pour la somme de 300000francs. J'ai oublié de vous dire... nous avions trouvé une chambre dans la banlieue dakaroise. Les 300000 avaient servis à payer quelques mois de loyer et le reste de l'argent, on se nourrissait avec. Mes premiers jours dans ce quartier étaient un vrai calvaire. L'insécurité, l'insalubrité et la pauvreté me choquait.  Une telle situation, ne faisais pas partie de mon vécu quotidien quand j'habitais aux almadies. Mais comme on dit, nul n'échappe à son destin. La boule tourne et la pauvreté me sourit.😞

                  Hier n'est plus...
          Demain n'est pas encore...
      Nous n'avons qu'aujourd'hui..
       Mettons-nous à l'oeuvre.

C'est grâce à cette pensée que j'avais décidé moi Zahra Kébé à aller chercher du travail. Qui l'aurait crue?? Je me devais de subvenir aux besoins de ma seule famille, ma mère. J'étais en terminale et malheureusement mon examen devenait le cadet de mes soucis. Vu tout ce qui m'étais arrivé ses derniers temps, je ne savais même plus où donner de la tête. Je voulais un travail à mi-temps pour l'alterner avec mes cours.

Merci à vous mes chers lecteurs. Je me tue pour vous satisfaire alors faites moi le plaisir de voter🌟⭐. Ça me permettra aussi de vous connaitre.
Prochain chapitre bientôt. 🌟🌟

Les Tourments De Ma VieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant