Chapitre 15

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Après ses aveux en demi-teintes, Kane avait quitté les lieux en leur annonçant qu'une voiture les attendait pour les conduire à l'aéroport. Ils avaient embarqué à trois heures du matin de Paris à bord d'un jet de la NSA.

Le personnel de bord y était deux fois plus important que la normale. Cela permettrait apparemment de réduire les risques d'attentats suicides. Le jet avait atterri à New-York à cinq heures du matin et Angel se questionnait toujours. Quand devait-t-elle dormir ? Il y avait six heures de décalage horaire entre Paris et the big apple, et elle avait l'impression d'avoir atteint le point de fatigue critique, celui où il est devenu impossible de trouver le sommeil.

Jawaad et elle étaient de nouveau dans une suite luxueuse, dans un autre de ces palaces à plusieurs salaires la nuit.

Angel se demandait si privatiser un hôtel complet et poster des agents armés à chaque couloir était le plus efficace. Elle attirait toute l'attention de cette manière. Ne valait-t-il pas mieux s'isoler dans une contrée lointaine où personne ne viendrait la chercher ? Et puis les paroles de Kane lui revinrent en tête : « La menace vient de nous. Elle est en nous. ». Ils la retrouveraient toujours. Mais qui étaient-t-ils justement ? Une institution ou juste une bande de sociopathes. Tout était possible.

Angel avait mitraillé de questions Kane, mais il semblait ne pas détenir d'informations. Qui questionner si même le puissant directeur de la NSA ne savait rien ?

Angel attrapa un paquet de feuilles et un stylo. Elle aurait préféré un crayon à papier mais seul un stylo était à sa disposition sur le bureau de la chambre. Elle se mit à gribouiller un paysage, le premier qui lui vint en mémoire et celui qui l'apaisait. La vue depuis sa chambre au manoir.

Toute sa vie, elle avait été habituée à changer tous les ans de lieu de résidence, de parfois passer par sept hôtels différents en une semaine. Le manoir familial était le seul repère qu'elle avait car malgré tous ces déménagements, elle finissait toujours par y retourner. Elle dessina jusqu'au lever du soleil, mais finit par tomber de fatigue vers les huit heures du matin.

Angel fut tirée de son sommeil par sa secrétaire personnelle, Liana ainsi qu'une autre jeune femme qu'elle connaissait bien.

Sarah Presley était consultante en image, son boulot consistait à habiller ses clients suivant le message qu'ils souhaitaient faire passer. Elle n'était pas une simple conseillère en image, son travail était précis. Les habits devaient être choisis avec un soin, en fonction de l'envergure des bras ou de la structure du visage. Sarah prenait en compte un grand nombre de paramètres qu'elle calculait à l'aide d'algorithmes. L'image était probablement l'une des choses les plus importantes en affaire mais elle était particulièrement compliquée à doser seule, c'est pourquoi cette professionnelle s'occupait du choix de la totalité de sa garde –robe.

— Mademoiselle, Monsieur Tiang-Min vous attend en salle de réunion pour onze heures, commença Liana.

— Vos vêtements vous seront apportés par le service de blanchisserie de l'Hôtel dans une petite dizaine de minutes, poursuivit Sarah.

Angel se redressa, ses yeux la piquaient tant elle était fatiguée mais elle ne pouvait pas manquer une réunion avec le secrétaire général de l'ONU.

— Quelle heure est-t-il ?

— Dix heures vingt-trois, répondirent-t-elles parfaitement synchrones. Angel souffla avant de se lever rapidement.

— Il va falloir faire vite, se dit-elle. Liana, préparez-moi un café serré, s'il-vous-plait.

Liana hocha la tête.

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