Chapitre 17

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Angel sortit précipitamment du restaurant. Elle y était allée fort, mais elle était trop sur les nerfs pour prendre des pincettes. Ce pauvre Jeffry allait bosser comme un forcené, mais cette conférence devait avoir lieu. Elle parcourut l'application du Washington Post sur son mobile et visiblement, sa virée parisienne avait fait grand bruit. Les spéculations allaient bon train, la plupart faisait le lien entre le double meurtre et elle. Elle lut quelques commentaires, et rit à l'un d'entre eux. Le message commençait par : « Mes amis le temps est arrivé pour nous, Illuminati, de prendre le contrôle du monde » et le reste racontait comment les Illuminati, aidé par les Grands Etres allaient conquérir le monde. Du baragouinage insensé mais elle ne put s'empêcher d'y voir un lien avec son affaire. Une idée avait germé dans son esprit.

Elle leva les yeux de son téléphone au moment où un de ses hommes ouvrit la portière. Bien trop épuisée pour mimer un air étonné, elle se contenta de hausser un sourcil en surprenant Jawaad avachi sur la banquette arrière. Il se tourna vers elle, un sourire narquois aux lèvres. Elle souffla lourdement et s'engouffra dans l'auto.

— Qu'est-ce que tu fais là ?

Il fit mine d'être vexé.

— Je vais finir par croire que tu ne m'apprécies pas.

— Disons que si je pouvais te tuer je ne le ferais pas, mais si je pouvais te sauver la vie je ne le ferais pas non plus, pouffa-t-elle.

Il pouvait apercevoir la petite fossette apparaître sur la joue droite d'Angel, fait rarissime.

— C'est Kane qui m'envoie, commença-t-il, je vais veiller à ce qu'il ne t'arrive rien jusqu'à que tu nous remettes ces documents.

Une lueur d'harassement traversa ses yeux gris. Elle n'avait pas encore pris le temps de réfléchir à cette paperasse. Elle laissa rudement retomber sa tête contre le dossier.

— Je vais découvrir où sont les documents d'MCP, mais pour l'instant je n'en ai aucune idée.

Angel se questionnait. Où devait-elle chercher ? Après tout, son père semblait les avoir emportés dans sa tombe, et c'était tout à fait son genre de n'avoir laissé aucune trace derrière lui. Des gens voulaient sa peau à cause de cela, mais, étrangement, ils ne s'étaient pas manifestés avant. A croire que la NSA, les instigateurs de sa tentative d'assassinat et les meurtriers du professeur Durand – à condition qu'ils soient bien indépendants les uns des autres – en avaient eu vent en même temps. Soit il y avait une taupe, soit ils avaient découvert quelque chose qui les faisait remonter à elle.

Jawaad claqua des doigts à quelques centimètres de son visage, elle sursauta et se tourna vers lui, confuse.

— Un problème ?

Il plissa les yeux, comme s'il réfléchissait fortement.

— Non, mais je te parle et tu ne m'écoutes pas.

Elle s'humecta les lèvres, et se redressa sur son siège. Elle était plongée dans ses pensées, jouant nerveusement avec ses mains. Elle s'arrêta net, louchant sur ses doigts. Elle les éleva à hauteur de ses yeux et observa d'un air abasourdi ce qu'elle y distinguait. Jawaad suivit son regard, et crut halluciner un instant.

— Mon Dieu, que se passe-t-il, fit-elle la voix chevrotante.

Ses ongles étaient bleu-violet foncés, presque noirs à certains endroits. Cette trainée sombre se propageait à vitesse grand V dans ses doigts qui devinrent lardés de bleu. Ce tsunami interne continuait sa progression sous leurs yeux pétrifiés. Angel entendit Jawaad crier au chauffeur de l'emmener à l'hôpital le plus proche avant que son souffle s'affaiblisse et qu'elle ne tombe dans des méandres ténébreux.

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