Chapitre 12

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L'aéroport Roissy-Charles de Gaulle était immanquable vu des airs – comme tous les aéroports d'ailleurs. Une structure colossale de verre et d'acier plantée au milieu de terres agricoles.

Au fur et à mesure que le jet amorçait sa courbe ascendante, Angel devenait un peu plus nerveuse. Elle gardait toujours son expression nonchalante et désintéressée, mais les signes physiologiques ne trompaient pas. Ses mains devinrent moites, et elle avait la désagréable sensation que ses intestins tentaient de faire un triple looping dans son ventre.

Elle voulait désespérément savoir si ses doutes étaient fondés, mais, même dans l'affirmative, l'avenir semblait incertain. Pouvait-on retirer ces choses de son corps ? Etait-on juste capable de les détecter ? D'après Kyler et Jawaad, c'était impossible, mais il fallait tenter. L'avion réduisit considérablement sa vitesse et sortit son train d'atterrissage.

La jeune hôtesse avait les mains crispées sur ses accoudoirs, elle détestait ce brouillard auditif inhérent au changement brutal de pression atmosphérique lors de l'atterrissage.

L'aéronef toucha finalement terre et elle se dirigea vers la porte avant. La fraîcheur parisienne de ce mois de Janvier vint mordre son visage.

Elle ferma un instant les yeux, elle adorait son métier car il lui permettait, au delà d'un salaire confortable, d'apprécier la diversité des espaces terrestres.

Elle rouvrit les yeux en vitesse en sentant du mouvement en bas de l'escalier qui menait directement à la piste atterrissage. C'était une particularité des avions privés, il n'empruntait pas le tunnel d'acheminement qui reliait l'avion au terminal. Une voiture les attendait directement sur le tarmac.

Ses épais sourcils bruns se rapprochèrent jusqu'à former une ligne ininterrompue.

Une multitude d'hommes, telle une fourmilière géante avait entouré l'avion. Elle baissait lentement les yeux sur son uniforme impeccable et étouffa un cri en voyant les dizaines de points rouges tacheter son blazer.

Ils la visaient avec les lasers de leurs armes.

Elle tenta de lever ses mains tremblantes vers les airs, mais à peine eut-elle fait un mouvement qu'une balle transperça sa cage thoracique. Un liquide épais et sombre jaillit de la plaie et elle s'écroula en avant, sa tête percuta les marches suivi par tout son corps qui dévala le petit escalier, désarticulé.

Les deux passagers accoururent à l'entente du coup de feu et Angel retint du mieux qu'elle put son dégoût à la vue du corps sans vie de la jeune femme. Elle crut un instant qu'ils seraient les prochains abattus mais au lieu de cela, ceux qu'elle prenait pour des tueurs se positionnèrent en deux lignes parallèles afin d'assurer leur protection.

Elle se tourna vers Jawaad qui observait la scène le visage grave, il plaqua sa main droite sur son omoplate et émit une légère pression l'incitant à descendre. Elle prit une profonde inspiration, et évacua tous ces sentiments pendant son expiration.

Surtout ne jamais montrer ses émotions, aussi puissantes soient-elles.

Elle put laisser place à son sentiment d'effroi une fois seule.

Ses mains se frottaient énergiquement l'une contre l'autre, éclaboussant les toilettes de la mousse que créait cette friction.

Cela devait faire trois minutes qu'elle se lavait les mains, non pas que les toilettes de la Pitié-Salpêtrière étaient sales, elles semblaient au contraire plus propre qu'une table d'opération, mais enjamber le cadavre de cette pauvre femme l'avait profondément répugnée, ébranlée.

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