Chapitre 12 : La confiance est une arme dangereuse

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28 septembre 1995
Forêt Interdite - 10h21
Lucy Beckett venait de hurler, hurler toute sa souffrance, toute la déchirure de son coeur. Un hurlement de son mal-être, de sa peine. Un hurlement de peine et de larmes. Lorsqu'elle eut fini, elle redevint humaine contre son gré et fut étonnée de voir qu'une personne l'observait depuis le début.

Un homme aux cheveux noirs, avec des pointes de poivre et sel ainsi que des yeux verts ténébreux, lui sourit tout en tenant son bras pour l'aider à se relever. Chose qu'elle ne prit pas, il rigola et commença, tout en regardant la forêt, à- «Cette forêt m'a toujours plu » commenta cet inconnu. « Ses feuilles qui jouent avec tes pieds, le vent te fouettant le visage, mais une liberté qui, à chaque mouvement, est magique, malgré le danger qu'il peut avoir. Fermer les yeux est risqué dans cette forêt, mais le danger m'a toujours plu, toi aussi, non ? »

Lucy regarda l'inconnu qui lui semblait si familier, malgré son âge se rapprochant surement de la soixantaine, pour être plus précis, il avait 56 ans. Certains traits sur ses joues pouvaient être le signe d'une angoisse et d'une souffrance, chose qu'elle pouvait retrouver chez elle. Et ses yeux, ses yeux qui ressemblaient tant à ceux de sa mère. " Non, c'est impossible " pensa-t-elle. Elle voulut prendre sa baguette pour se défendre, mais remarqua vite que dans la précipitation des choses, elle l'avait oubliée dans le dortoir de Cormac. Elle était donc sans défense.

- « Je ne vais pas te faire de mal, Lucy » continua l'individu ayant compris le silence de la jeune fille
- « Qui êtes-vous ? Et comment connaissez-vous mon prénom ? » demanda-t-elle à moitié paniquée
- « Je suis un ancien ami de ta grand-mère, je suis un loup-garou. Et j'ai pu admirer ton talent d'animagus » rigola celui-ci.
- « Qu'est-ce qui me prouve que vous connaissez bien ma grand-mère? Des mangemorts ont déjà voulu m'attaquer, alors pourquoi pas vous ? »
- « Oui, on me l'a raconté. Je dois avouer que j'ai adoré le sort du bouton. Mais j'avoue que cela n'est pas dans mon intérêt de t'attaquer. »

Celui-ci rigola tout en tournant autour de la jeune Beckett. Certes, elle était peut-être à Gryffondor, mais sans sa baguette, c'était fini de son courage. Elle n'osait pas l'avouer, mais malgré la réticence qu'elle avait à utiliser de la magie, celle-ci l'avait déjà bien sauvée de plusieurs façons. Se transformer en loup ? Elle ne contrôlait pas encore assez ses transformations, surtout dans une situation de stress.

- « Tu es toujours aussi impulsive et insouciante des choses » continua-t-il. Une fois, oh, tu étais bien jeune. Je t'ai sauvé la vie. Tu courrais après un lapin, je crois, pour l'attraper et tu as traversé sans regarder la route. J'ai dû intervenir naturellement, en te poussant hors de la route. Tu m'as fait une frayeur ce jour-là ! Oh, et aussi ton premier vol sur un balai dans ton jardin avec ta soeur, tu avais quoi... dix ans ? Vous aviez piqué le balai de ton père, et vous êtes sorties dans le jardin pour vous amuser. Tu as fait une longue chute qui, sans mon aide, t'aurait été fatale. Ah, et pardon, mais ce Louis, ce satané moldu n'était pas pour toi, j'ai dû convaincre ses parents de déménager. Ton premier amour de primaire ... C'était mignon » rigola-t-il. « Cependant, une chose m'a toujours surprise chez toi, tu n'aimes pas la magie, et depuis quelque temps, ta soeur non plus, si j'ai bien compris. »

Lucy paniqua, elle avait le souffle court. Sa respiration devint de plus en plus lente, de plus en plus saccadée, elle cherchait l'air accompagné de l'oxygène, mais elle n'arrivait pas, elle avait l'impression d'étouffé sur place. Cet homme lui faisait peur, il l'avait espionnée durant toute son enfance, et il se tenait à présent devant elle. Allait-il la tuer ? La torturer ? Ou même pire ?

- « Pour le peu que j'ai pu apercevoir de toi, tu as toujours le dernier mot, quelque chose à dire de sarcastique, alors ton silence m'étonne. »

Toujours rien. Lucy le fixa, mais aucun son n'en sortit. À ce moment précis, elle n'avait envie de voir qu'une seule personne, sa soeur. Aussi stupide que cela pourrait paraitre, sa soeur l'avait toujours aidée, malgré leurs disputes, à la sortir d'affaire concernant chaque bêtise. Elle était naturellement bien plus douée qu'elle en magie, trouvant que c'était une chose merveilleuse, Lucy elle, boudait la magie. Hermione l'aidait, certes, mais comme elle n'avait aucune volonté, cela restait peu dans sa mémoire. Aliénor savait se montrer diplomate et charismatique, alors que Lucy ne savait que mordre et aboyer.

- « Je ne te veux pas de mal, j'en avais juste marre de me tapir dans l'ombre et être loin de toi. Tu es celle que je préfère, entre ta soeur et toi. »

"Finalement, il ne vaut donc mieux pas qu'Aliénor soit là " pensa Lucy, qui écoutait attentivement cet inconnu en regardant chacun de ses gestes, jusqu'au haussement de sourcil, qu'à ses doigts entre ses mains.

- « Ta soeur est trop portée sur l'égalité de la chose, elle aime trop les moldus. »
- « Je les aime aussi. C'est la magie que je n'aime pas. »

C'était sorti tout naturellement, comme si elle devait défendre sa soeur, alors que rien ne l'obligeait de le faire. Mais elle sentait que quelque chose n'allait pas.

- « Tu ne connais qu'une partie infime de la magie, tu n'as pas conscience des choses qu'on peut faire avec ce pouvoir. La magie noire n'est pas aussi mauvaise qu'on veut le croire, cela permet de guérir des souffrances, d'avoir le garçon qu'on aime, de n'être plus seule à pleurer dans les couloirs... »
- « Arrêtez » murmura Lucy. Tout ceci lui rappelez de bien trop mauvais souvenir.
- « Pleurer et être seule constamment, même en compagnie de son meilleur ami. La magie noire t'apportera tout ce que la blanche t'a retiré. Elle m'a retiré ma femme, ma fille, et mes petits enfants. Je sais ce que cela fait d'être comme toi, incomprise, seule, sans amour. »
-« Non, ce n'est pas possible ... » murmura Lucy, qui comprit alors qui était cet individu.
- « Ta grand-mère m'a dit la même chose lorsqu'elle m'a revu » rigola celui-ci.
- « Vous êtes Edward ? Vous êtes mon grand-père ? » S'offusqua Lucy qui eut un moment de recul
- « Alors, oui, mais que les choses soient claires, ne m'appelle pas papi, ou pépé » rigola celui-ci. « Viens, accompagne-moi dans la clairière plus loin, je vais t'expliquer. »

Lucy ne sut pourquoi, mais ses jambes et son cerveau étaient d'accord avec les dires de cet inconnu. Elle avait envie de croire à ses paroles, envie de croire que c'était son grand-père, et après tout, si c'était réellement Edward, elle ne risquait rien, il était de sa famille. Sa curiosité la poussa également à le suivre. Elle voulait en savoir plus. Peut-Être même qu'elle aurait d'autre réponse à tout ces mystères qui l'entour. Lorsqu'ils arrivèrent à la clairière, il l'invita à s'asseoir par terre et regarder les gouttes tombant du ciel, à regarder les nuages gris se sourire en s'entremêlant au vent.

- « Pourquoi vous êtes parti ? Pourquoi cet abandon ? »
- « Regarde le ciel, le monde n'est pas aussi noir que cela. Regarde, tu vois là » dit-il en pointant une partie du ciel, il y a de la lumière. Comme dans ce monde. »
- « Mais vous dites que la magie noire est mieux ? Pourquoi alors me dire qu'il y a de la lumière ? Je ne comprends pas »
- « Chacun a son point de vue Lucy. Pour moi qui trouve que la magie blanche n'est que dangereuse, faisant souffrir les gens, je trouverai que sa lumière n'est que ténèbres. Au contraire, la magie noire me rend fort, pour moi, c'est elle ma lumière. Elle est la raison de mon bien-être, je suis heureux. Alors cette magie noire, même si son nom est contradictoire, sera ma lumière blanche et pure. »

Étrangement, Lucy hocha la tête en comprenant ce qu'il voulait dire. Le mal et le bien sont deux choses différentes, mais chacun pense que l'autre est le mal, et qu'ils font le bien; Edward sourit en voyant sa petite-fille, destinée depuis sa naissance à rejoindre le côté du mal, approuver chacune de ses paroles, sans en avoir peur.

- « Je ne voulais pas partir, Lucy. C'est ta grand-mère qui m'a forcé à vous quitter. Je voulais te protéger d'une prophétie qui aurait pu te tuer, ta grand-mère ne m'a pas cru, elle m'a insulté et m'a jeté dehors » mentit-il.
- « Pourquoi aurait-elle fait cela ? C'est ridicule, si vous vouliez me protéger. »
- « J'ai obtenu ces informations de façon malhonnête et j'ai dû tuer quelqu'un. Elle a cru que j'étais devenu Mangemort. Mais tu comprends que je n'avais pas le choix, la protection de ma famille est toujours passée avant tout. Tu aurais fait pareil, n'est-ce pas ? Pour protéger Fred, Aliénor, ou même Cormac, jusqu'où es-tu prête à aller ? »
- « Jusqu'aux ténèbres.. »

Edward rigola de plus en plus, mais son rire, qui se voulait bienveillant, cachait au fond de lui une immense joie. Bien sûr il obéissait aux ordres de son maitre, mais il était ravi de ne pas tuer sa petite-fille; de nombreuses fois, il était venu en douce la regarder grandir, lui donner des signes d'espoir ou des signes qui pourraient la faire encore plus détester sa soeur, comme des preuves falsifiées. Il aimait sa petite-fille, et malgré que Lord Voldemort lui disait que c'était une faiblesse, le mage noir comprit vite que ce lien entre les deux lui permettrait de faire venir Lucy jusqu'à lui. Il suffisait d'un petit mensonge et d'un sourire attendrissant pour s'emparer d'une pauvre et jeune Gryffondor perdue et seule.

C'était la vérité, Lucy était perdue, et plus encore maintenant en apprenant cela. Elle savait que sa grand-mère lui mentait, mais elle ne pensait pas que c'était à ce point. Une partie d'elle même essaya de défendre sa grand-mère, lui disant de ne pas faire confiance à Edward, mais il fut le seul à lui paraitre si sincère dans ses moments de doutes et d'incompréhension.

- « Comprends que je ne t'aurai jamais abandonné, ta famille et toi, si je l'avais pu. Je suis même venu le jour de ta naissance, mais ta grand-mère m'a expulsé, me demandant de ne plus jamais revenir te voir.
- « Je ne comprends toujours pas pourquoi elle aurait fait cela ... »
- « Ta grand-mère est jalouse de ton pouvoir, si elle le pouvait, elle le prendrait pour elle-même. »
- « C'est ridicule ! » S'emporta cette fois-ci Lucy, c'était bien trop gros pour que cela soit vrai
- « Elle t'a menti toute ta vie, alors pourquoi ne pas mentir aussi sur ce sujet ? »
- « C'est faux! » Cria cette fois-ci Lucy
- « Nous sommes tous deux loups-garous, elle et moi. »
- « Vous mentez! »

Edward hocha les épaules et préféra ne pas répondre pour ne pas mettre Lucy dans une position qui ruinerait sa mission. Sa grand-mère était encore trop crédible aux yeux de la jeune fille, la brusquer à ce sujet là n'était pas encore une bonne idée. Du moins pour le moment.
Heureusement pour lui, Lucy changea d'elle-même de sujet, tout en regardant droit dans les yeux son grand-père. Elle n'avait plus peur de cet inconnu, malgré que toutes ses tripes lui disent de courir. C'était le seul membre de sa famille à ne pas prendre de gants avec elle, à lui dire la vérité, malgré certains risques. Lui faire confiance ? C'était bien trop tôt encore pour le dire. Seulement, elle croyait en ses dires, pourquoi mentirait-il ? Il avait pris le risque de se montrer devant elle, Lucy se dit donc qu'elle devait lui accorder une chance malgré tout.

- « Parlez-moi de la prophétie. »
- « Un autre jour, peut-être. Les centaures arrivent, il me faut te laisser. »
- « S'il vous plait ! Supplia Lucy.
- « Choisis ton camp, et je te raconterai tout. »
- « Quoi ? Je ne comprends pas ... »
- « Si, tu le sais bien. Mais en entendant, si tu veux me contacter, tu n'as qu'à m'envoyer une lettre à cette adresse. »

Edward lui tendit un papier qu'elle prit dans un petit sourire. Il lui murmura qu'ils se reverraient et qu'elle ne devait parler à personne de cette discussion, et dans un plop, il partit, laissant à nouveau seule Lucy, actuellement en conflit avec ses pensées.

Lorsqu'elle revint dans la salle commune, toute trempée, elle attisa la curiosité des autres élèves. Elle repoussa même Fred qui, ayant vu dans lequel état se trouvait Lucy, il avait voulu l'aider.
Mais elle s'en fichait, trop de questions se baladaient dans sa tête : était-il dangereux ? Était-ce un mangemort, ou un simple sorcier qui disait la vérité sur la magie noire et la blanche ? Grand-père ou usurpateur ? En parler ou se taire ?

Lucy était perdue, mais une chose était sûre, elle voulait connaitre la vérité et elle ferait tout pour. Elle prit du papier et une plume, et écrivit une lettre à sa grand-mère. Une lettre qui mêlait mensonges et vérités, « après tout », se dit-elle, « elle joue ce jeu avec moi depuis longtemps, à moi de faire pareil ».

" Bonjour,

J'ai trouvé un livre prouvant que tu es un loup-garou, grand-mère. Je ne sais pas pourquoi tu m'as menti au niveau de ta condition, mais je suis sûre qu'on peut en parler calmement, car tu es la seule en qui je peux faire confiance ... J'aimerais qu'on parle de grand-père également, que tu me racontes comment il est mort exactement. Mais surtout de la prophétie, si un danger plane sur moi ou sur Aliénor, tu dois me le dire.

Je t'aime,
Ta petite-fille, Lucy "


*****Dimanche septembre 1995
Près de Londres - 14h42


Edward se trouvait dans son appartement en train de regarder de vieilles photos de famille. Le temps où il était heureux avec sa femme, avec sa fille qu'il ne peut regarder que de loin à présent. S'il s'en voulait de les avoir laissés ? Bien sûr. Mais sa famille était en vie, et lui vivait une vie qui lui convenait. Malheureusement, sa famille et ses convictions n'étant pas compatibles, il devait s'en séparer. Il n'avait rien contre les sangs de bourbe ou autre type de sorciers, il aimait le pouvoir et en avait marre d'occuper un poste aussi peu important au ministère. Son ambition l'avait mené à sa perte, mais une chose le rassurait. Il aurait bientôt sa petite fille avec lui, il ne serait plus totalement seul.

Deux coups se firent entendre et une mine de dégout apparut sur son visage lorsqu'il aperçut son visiteur. Un visiteur qu'il n'appréciait pas du tout, la trouvant trop folle, qui arborait un amour dévastateur pour leur maitre.

- « Bellatrix, que me vaut cette désagréable surprise ? »
- « Le maitre veut savoir comment la mission avance. »
- « Doucement.»
- « Il n'est pas très patient ! » Hurla-t-elle, baguette en main.
- « Lucy n'est pas si manipulable que cela, et calme toi, tu n'es pas chez toi, ici. »

Bellatrix sourit de façon sarcastique, elle ne l'appréciait pas non plus, pensant qu'il allait un jour ou l'autre trahir son maitre pour sa famille. Elle avait demandé à son maitre de mener une enquête sur ses véritables attentions, mais il n'avait pas voulu l'écouter. Lord Voldemort accordait toute sa confiance à Edward, pour les informations qu'il lui avait données, ainsi que sa motivation dans cette guerre. De plus, étant loup-garou, Edward lui était très précieux.

- « Ramène-la dans notre camp, ou tu la verras mourir de tes propres yeux, ainsi que ta famille. Je les tuerai un à un, s'il le faut. Cette fille est notre arme secrète dans la guerre, si on veut contrer la prophétie. Alors, bouge-toi un peu, idiot ! »
- « Parle-moi sur un autre ton, je te prie. »
- « Un jour, il comprendra que tu n'es qu'un traitre, et ce jour-là, je t'écraserai, telle une fourmi ! »

Edward rigola, mais promit de faire de son mieux dans l'avancement de sa mission. De toute façon, il n'avait pas le choix, le sort de sa famille était donc scellé par le biais de sa petite-fille, Lucy Beckett..

The Hogwarts ' MoonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant