The Hogwarts ' Moon

Chapitre 15 : Un simple jeu d'échec

Samedi 5 octobre
La Grande Salle - 20h04

Le soleil n'allait pas tarder à se coucher lorsque les élèves arrivèrent à la Grande Salle pour manger les divers mets que les elfes de cuisine préparèrent généreusement pour eux. Néanmoins, malgré une bonne ambiance qui régnait dans la Grande Salle via les bougies au-dessus de leurs têtes, deux élèves n'avaient pas la tête à manger : Harry Potter et Lucy Beckett.
Certes, Harry était plus que content que tant d'élèves se soient inscrits pour le cours, que certains commençaient à revoir leurs positions sur le retour de Lord Voldemort. Mais plusieurs problèmes le préoccupaient : ces humeurs qui étaient contradictoires, autant de colère que de ressenti, mais aussi le danger autour des soeurs Beckett. Il fallait avouer cela lui faisait tout drôle que, pour une fois, il n'était pas le centre d'intention des ténèbres - du moins, c'est ce qu'il pensait.

- « Qu'est-ce qu'il se passe, Harry ? »
Celui-ci sursauta et releva la tête, ses pensées furent coupées par son meilleur ami. Il fit un petit sourire à celui-ci et tourna la tête vers le professeur Albus Dumbledore qui se faisait absent.

- « Je suis sûr qu'on va trouver un endroit où s'entrainer » continua Ron, la bouche à moitié pleine de bacon.
- « Ce n'est pas cela, Trelawney a encore vu le sinistros dans le verre de Lucy hier. »
- « Commence pas avec ça » dit Hermione en levant les yeux au ciel. « Vous n'avez rien trouvé à ce que tu m'as dit dans les livres de divination. Alors oublie cette histoire. C'est surement rien. »
- « Tu fais pas confiance à ce professeur, je te comprends, mais quelque chose ne va pas, Hermione. Lucy m'a dit certaines choses que je dois prendre en considération. »
- « Quoi donc ? » demanda Ron, tout en s'engouffrant une autre bouchée.
- « Quelque chose sur sa famille, les origines de sa famille, enfin, leurs conditions. » répondit Harry tout en méditant
- « Crache le morceau » continua Ron, qui avait envie de quelques ragots à se mettre sous la dent en plus de sa nourriture.
- « Quelque chose qui serait lié au sinistros. »
- « Mais allez, dit !» s'impatienta Ron.
- « Réfléchis un peu, Ronald Weasley » sourit Hermione. « Elle a des membres de sa famille qui sont loups-garous, c'est ça ? »

Harry et Ron regardèrent Hermione, à moitié surpris. En effet, la logique d'Hermione les avait toujours impressionnés, et aujourd'hui encore ses capacités avaient vu juste. Pour Hermione, c'était évident, la dernière fois que Trelawney avait parlé de sinistros, il y avait un loup-garou : Remus. De plus, lors d'un de ses cours avec Lucy, cette dernière lui avait demandé des renseignements sur les loups-garous : comment ils mangent, mais surtout comment ils peuvent se reproduire. À cela, Hermione lui avait sorti son cours de troisième année, mais rien sur la reproduction, ce qui avait froissé la jeune Beckett.

- « C'est vrai ? » Demanda Ron.
- « Oui » conclut Harry. « Elle me l'a dit il y a plusieurs jours, cela concerne sûrement ses grands-parents. Mais elle ne m'en a pas dit plus, c'est un sujet sensible pour elle. »
- « Tu penses qu'Aliénor ou Lucy sont aussi des loups-garous ? » continua Ron. « Cela expliquerait pourquoi Lucy est amie avec Remus, alors qu'avant elle le détestait. »
- « On le saurait si c'était le cas » répondit Hermione.
- « Animagus ? »
- « Non, il faut beaucoup de pratique pour cela » continua Hermione.
- « Remus est peut-être son professeur ? » Poursuivit Ron.
- « Non, je ne pense pas. En tout cas Harry, ne t'inquiète pas pour ça, on a d'autres choses à faire, comme s'occuper d'Ombrage. »

Ce dernier hocha la tête tout en engouffrant tant bien que mal une fourchette de poulet dans sa bouche.
Toutefois, le passé de la famille Beckett n'était qu'un pion sur un jeu d'échecs : Lucy était la reine, la pièce la plus puissante du jeu. Vu son rapprochement avec Fred, il en conclut qu'il était le roi, la pièce clé du jeu, ou alors était-ce une autre personne de sa famille ? Harry savait aussi qu'Aliénor devait jouer un rôle dans tout cela, ainsi que Cormac, alors ils devaient être l'un et l'autre le fou et le cavalier. Quant aux autres pions de couleurs, c'est un jeu simple pour deviner les occupants. D'après ce que Lucy avait pu lui dire, Harry pensait qu'il s'agissait sûrement de Voldemort, Bellatrix. Mais Harry sentait que quelque chose se tramait et qu'un membre de la famille Beckett jouerait dans les noirs également.
Oui, un jeu d'échecs était en place, mais le survivant ne savait pas encore si c'était les pions blancs ou noirs qui allaient faire échec et mat. C'est alors qu'il eut un déclic.

- « Elle m'a parlé d'une prophétie aussi, qui l'entourait. C'est peut-être elle ou sa soeur l'arme que Voldemort cherche » murmura Harry.

Hermione et Ron arrêtèrent leur conversation sur Ombrage, lorsqu'Harry prononça sa phrase. Ron fit mine de s'étouffer. Quant à Hermione, elle prit un air pensif, réfléchi plusieurs secondes et finit par conclure que sa capacité de Miss-Je-Sais-Tout avait un point faible en la présence des Beckett.

- « Je ne sais pas ... » Souffla Hermione. « Je n'ai rien contre Lucy, je l'adore, mais je lui donne des cours, et croyez-moi, Neville et elle sont en concurrence pour qui échouera le mieux les BUSES. Alors elle, une arme ... »
- « Alors Aliénor ? » Demanda Harry.
- « Je ne pense pas non plus, elle te ressemble beaucoup » rougit Ron en parlant d'Hermione. « Enfin, oui, les elfes, l'égalité et tous les tralalas de la vie qui sont importants hein » balbutia Ron, « Mais enfin, ce n'est pas une critique non. C'est bien, oui, vraiment. Alors je ne pense pas que ce taré de mage noir veuille d'une sainte à ses côtés. »

Harry et Hermione rigolèrent devant le discours un peu flou et chaotique de Ron. Ce qui fit encore plus rougir Ronald, mi-amusé, mi-honteux.

Quant à Lucy Beckett, sa préoccupation était la même que celle d'Harry en rajoutant un certain rouquin. Celui-ci n'avait pas écouté une fois encore son frère lorsque cela concerne Lucy, et avait emmené Anna dans un petit rendez-vous dans la tête du Sanglier. Ce qui avait déjà énervé Lucy, et elle devait maintenant assister à un repas entre les Weasley et elle. Anna avec lui en rigolant, essayant de lui toucher la main, de rire a chacune de ses blagues avec un rire aigu, voulant qu'on la remarque.

- « Oh, Fred, qu'est-ce que tu es drôle! »

" Lamentable " pensa Lucy qui bouillonna à l'intérieur d'elle. " Arrête de penser à cela, c'est ridicule. N'oublie pas ta promesse avec Aliénor " continua-t-elle dans ses pensées. Elle expédia son repas qui se résuma à un verre d'eau et un yaourt, puis se dirigea vers l'infirmerie pour prendre des nouvelles de Cormac, avant que Madame Pomfresh n'interdise les visites. Lorsqu'elle arriva, l'infirmière l'informa qu'il pourrait sortir demain, s'il arrête de vomir.

- « Merci madame.»
- « Oh, il vous a réclamée d'ailleurs, Lucy. Plusieurs fois. »

Lucy se dirigea vers le lit de Cormac, honteuse de l'avoir abandonné. Celui-ci dormait, mais elle tenait à rester près de lui quand même un petit moment. Le regarder dormir avait le don d'apaiser les nerfs et les angoisses de la jeune fille. Malgré une grande culpabilité qui était en elle, elle ne put s'empêcher de penser à Fred qui devait surement être avec Anna. « Si tu savais à quoi je pense Cormac, tu me tuerais sur place », pensa-t-elle tout en souriant.

Une heure après, Pomfresh lui demanda de quitter les lieux, elle fit un bisou sur le front de Cormac et décida donc de partir. Toutefois, son ventre n'ayant pas eu assez de nourriture, il se mit à gargouiller dans le silence des couloirs qui se faisaient oppressants pour la jeune Gryffondor. Elle devait se l'avouer, elle avait faim : d'une envie de chocolat, de brownies, de gâteau fondant avec une petite glace de vanille. " Un petit tour en cuisine ne me ferait pas de mal ", pensa-t-elle. Une fois arrivée à destination, elle se souvint du mot de passe et entra.
Une bonne odeur de nourriture arriva à ses narines, et son ventre ne fit qu'un tour ainsi que ses papilles. Elle reconnut Winky, une bouteille d'alcool dans sa petite main, qui était en train de ranger de son autre main diverses casseroles. Casseroles qu'elle faisait tomber tour à tour à cause de ses mains tremblantes.

- « Oh, mademoiselle Lucy, quel bonheur de vous revoir ! Vous venez de manquer maitre Weasley. »
- « Ce n'est pas grave, tant mieux même, » sourit Lucy.
- « Pourquoi donc ? Il est gentil, je trouve. »
- « Oui oui, aurais-tu un peu de chocolat ? »
- « Bien sûr miss, bien sûr ! Je reviens. »

Winky montra à Lucy une table ou s'installer tout en fouillant un peu dans la cuisine pour trouver quelque chose à donner à Lucy. Elle revint les bras remplis de nourriture au chocolat en tout genre, mais surtout de brownies, se souvenant de la dernière fois.

- « Merci Winky, tu es adorable. »
- « Je ne suis pas adorable, je suis juste à votre service. »
- « Je t'apprécie » rigola Lucy.
- « C'est gentil, mademoiselle. »
- « Dis... Est-ce que, enfin.. C'est une question sans sous-entendu bien sûr, mais est-ce que Fred est venu avec quelqu'un d'autre ? »
- « Non, jamais, ou alors avec son sosie. Mais je ne l'ai vu qu'une fois avec quelqu'un d'autre de sexe opposé : vous.»
- « Je n'ai pas parlé de fille. »
- « Oui mademoiselle, je n'ai jamais dit le contraire. »

Lucy commença à manger tranquillement ses brownies tout en souriant. Fred n'avait jamais emmené quelqu'un d'autre qu'elle dans son antre de la nourriture. Oh oui, cela faisait plaisir à la jeune fille, mais de l'autre côté, elle se demandait dans ce cas pourquoi Fred jouait à ce jeu avec Anna ? En avait-il eu marre ? S'était-il ennuyé ? Mais surtout, la jeune Beckett se demandait s'il l'appréciait réellement. À vrai dire, même si Fred n'avait pas choisi Aliénor, rien ne lui disait qu'il l'avait choisi elle. Lucy n'avait jamais fait la demande explicitement. Au contraire, elle s'était éloignée à une grande vitesse, aussi vite que Ron voyant des araignées. Alors peut-être, en avait-il eu marre de jouer à un jeu sans adversaire ?

- « Je ne pense pas, mademoiselle » interrompit Winky, dans les pensées de Lucy.
- « Que voulez-vous- « Il vous apprécie, il suffit de le montrer, dit-elle en hoquetant.
- « Comment vous ...
- « J'ai des oreilles, vous savez » rigola-t-elle à moitié bourrée, tout en coupant Lucy. « Je devrai surement me punir après, mais maitre Weasley m'a dit qu'il vous appréciait et m'a demandé si vous étiez revenue depuis la dernière fois.»
- « Vraiment ? »
- « Oui, miss. »
- « J'ai du mal à le croire, je ne suis pas le genre de fille à aimer, à ressentir des choses. » répondu cette dernière un peu gêné
- « Peut-être parce que vous cachez cela, comme moi je cache ma peine dans l'alcool... »- « Surement ... Mais je ne suis pas le genre de fille que Fred Weasley peut apprécier. Je ne suis qu'un jeu pour lui, un simple intérêt pour provoquer ma soeur ou passer le temps entre deux retenues.
- « Vous êtes à Gryffondor, non ? Pourquoi n'allez pas le voir et lui demander tout simplement ?
- « C'est plus compliqué que cela malheureusement.
- « Si c'est un jeu pour lui, jouez avec lui.
- « J'en souffrirai et je ne veux pas, soupira Lucy.
- « C'est à votre tour de jouer, abattez votre premier pion, et choisissez de souffrir ou non.
- « Mon premier pion ?
- « La jalousie, miss, la jalousie est la plus dangereuse des armes, avec la confiance. Pour se rendre compte qu'un homme vous aime ou non, rendez-le jaloux. Il parait que cela a marché avec vous aujourd'hui ? Ah, ma bouteille est vide, je reviens. »

Lucy partit peu de temps après des cuisines, un peu frustrée. En effet, Dobby était venue interrompre la conversation entre l'elfe et la jeune Gryffondor, pour essayer de retirer la bouteille d'alcool de Winky qui commençait à en proposer à Lucy. S'en suit une conversation des plus houleuses entre les deux elfes. Lucy appréciait Dobby, il voulait aider autant l'elfe qu'elle-même. Mais de l'autre côté, Winky l'aidait à y voir plus clair sur ses propres sentiments, mais également à rentrer dans le jeu de Fred. Pour cela, elle devait avouer que niveau séduction, elle était peu experte. En soi, Lucy était douée que dans le domaine du mensonge, le reste : les cours, les garçons, montrer ses sentiments..Cela n'avait jamais été son truc. Loin de là. Rendre jaloux Fred, elle rigola à cette pensée. Comment ? Avec qui ? Hormis Cormac, elle ne voyait pas qui. Bien sûr, elle préviendrait Cormac de son petit jeu, mais détestant les jumeaux, elle doutait de son acceptation vis-à-vis de cela. Surtout qu'elle l'avait abandonné aujourd'hui pour justement être avec Fred.

C'est dans un long soupir qu'elle commença sa marche vers la salle commune des Gryffondor. Cependant, le conflit qui régnait avec elle-même s'arrêta lorsqu'elle rencontra un de ses professeurs. « Quelle idiote », pensa-t-elle. Tellement préoccupée par ses pensées elle ne vit pas la lumière qui émergeait de la baguette de son professeur dans les couloirs.

- « Lucy, que faites-vous ici ? » Commença celui-ci.
- « Professeur, je me sentais pas bien, alors je suis allée à l'infirmerie. Elle m'a donné un cachet, et je venais à l'instant de repartir. »
- « Ce n'est pas prudent de vous balader dans les couloirs, votre affection pour Harry Potter déteint sur vos agissements » continua Severus Rogue sur un ton qui se voulait rempli de dégout.
- « Professeur, je ne me balade pas, je suis allé à l'infirmerie, je viens de vous le dire. »
- « Votre grand-mère m'a demandé de prendre soin de vous. Vous ne me facilitez pas la tâche. »
- « Merci de le faire, mais je suis fatiguée alors je vais ... »
- « Arrêter vos enfantillages, miss. »
- « Ma grand-mère et vous me mentez depuis bien trop longtemps. Alors, excusez-moi de ne pas vous sauter au cou pour vous faire un gros câlin. »
- « Je ... »
- « Tiens, tiens, tiens, coupa un autre professeur qui venait d'arriver. « Regardez qui voilà ? Mademoiselle Beckett, que faites-vous dans les couloirs, à cette heure tardive ? »

Rogue et Lucy ne purent s'empêcher de lever les yeux au ciel en voyant Ombrage arriver derrière eux. Son parfum nauséabond avait failli faire vomir Lucy.

- « Je promenais mes chats, lorsque j'ai perdu tous mes habits roses. Vous ne les aurez pas vus par hasard ?» Souris Lucy.
- « Humour, humour. Rogue ? »
- « Elle revenait de l'infirmerie, je la raccompagnais justement vers sa salle... »
- « Rogue, je déteste le mensonge ! » Commença à s'énerver Ombrage.
- « Oh, ça oui, demandez à Harry » rigola Lucy.
- « Je n'apprécie pas votre ton, jeune fille ! Le couvre-feu est dépassé d'une minute, vous rejoindrez donc demain matin les jumeaux Weasley en retenue. Vous avez la même faculté en ce qui concerne l'humour, vous devriez bien vous entendre. »
- « Mais c'est dimanche demain ? » S'offusqua Lucy.
- « Comme c'est malheureux. Cela vous fera lever tôt pour une fois. Rendez-vous à neuf heures dans mon bureau. Rogue, je vous laisse la raccompagner, vous devrez croiser les jumeaux Weasley que je viens également de surprendre. »

Rogue hocha la tête, pris le bras de la jeune Gryffondor et la dirigea vers la salle commune. Ils purent d'ailleurs entendre « je déteste les enfants, tous des incapables et irrespectueux » provenant de la bouche d'Ombrage. Lucy ne put s'empêcher de sourire, tout comme Rogue, ne pouvant l'apprécier.

Tout le long du chemin, ni l'un ni l'autre ne parlèrent. Rogue savait que Lucy avait raison. Néanmoins, tant que sa grand-mère ne lui disait rien, il ne voyait pas pourquoi il aurait le rôle de bouc émissaire.

- « Bonne nuit, Lucy. »

Celle-ci ne prit pas la peine de répondre qu'elle rentra dans sa salle commune, telle une furie. Elle croisa les jumeaux Weasley au pied du feu, ils voulurent lui parler, mais elle monta plus vite qu'eux. Lucy avait déjà passé une mauvaise journée, alors se confronter à Fred, elle n'en avait pas envie. Elle savait qu'elle aurait dit des choses qu'elle regretterait. Elle se dépêcha de se mettre au lit tout en discrétion, ses camarades de dortoir dormant déjà, et s'endormit en étant toujours énervée.

Quant à Fred Weasley, il se rassit sur le canapé en soupirant. Tandis que George rigola à ses côtés.

- « Pourquoi rigoles-tu ? »
- « Tu n'as toujours pas compris ? Votre relation est comme un jeu d'échecs, et là tu viens de perdre un pion. Lucy a repris l'avantage. Comment comptes-tu jouer ton prochain tour ? Toucher la reine, le fou, le cavalier ? Ou déclarer forfait ? »
- « Toucher la reine. »